La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

La 7e fonction du langage... Qui a tué Roland Barthes ? - 30/11/2017

Avec le roman de Laurent Binet, Sylvain Maurice nous emmène dans un univers où les protagonistes sont des intellectuels phares qui ont marqué leur époque dans une course-poursuite à la recherche d'une vérité qui n'en est peut-être pas une. Mais quelle est donc cette septième fonction ? Pour nous éclairer, les six fonctions du langage du linguiste Roman Jakobson (1896-1982) sont convoquées dès le...  

Ils ne vécurent pas heureux et n'eurent pas beaucoup d'enfants - 29/11/2017

C'est l'histoire d'un homme et d'une femme et d'un homme. C'est une histoire d'amour. Ou plutôt d'amours. Lise, Adam et Paul vivent tous les trois ensemble et ils s'aiment. D'un amour différent chacun, ça ils le comprennent bien, personne n'aime de la même façon ; mais ils s'aiment et c'est bien tout ce qui compte. Peu importe les regards extérieurs, les jugements des autres. Ils sont tous les...  

"Margot" par Laurent Brethome… Une approche caravagesque, une mise en scène d'un authentique peintre ! - 27/11/2017

Christopher Marlowe aurait pu être le jumeau de Shakespeare s‘il n'avait disparu, mystérieusement, prématurément. Témoin fougueux d'un temps tumultueux, qui voit la Renaissance et son humanisme s'effondrer dans le crime et le sang, dans les guerres de religion. C'est sous le titre "Margot" que Laurent Brethome met en scène "Massacre à Paris" de Christopher Marlowe, mettant en valeur un personnage...  

Une partition pour acteurs joliment réalisée : la pièce de Marcel Aymé dans tout son lustre - 27/11/2017

Il est vrai qu'il y a un aspect suranné dans cette pièce. Ne serait-ce que la distribution de rôles et la situation : une ville de province, un aristocrate, un curé, une prostituée, un fils retardé sexuellement, l'apparition d'un saint, une famille de commerçants enrichis, avides de dorer le nom de leur famille en payant par dot le droit de porter le nom de comte de Clérambard. Cela transpire la...  

"Les monstrueuses", un hymne à la vitalité, une confidence faite au public - 22/11/2017

Dans "Les monstrueuses" de Leïla Anis (et joué par elle-même), une jeune femme décrit le choc qui est le sien à l'annonce de sa grossesse. Son état de confusion. Un chaos des souvenirs qui fondent sa lignée. En butte à une malédiction venue de la nuit des temps. Ces enfantements qui l'ont précédé… Enfantements qui, de la mère à la mère, transmettent l'épreuve du mauvais sort, du mal amour. Don de...  

Le soir, lorsque la nuit tombe et que les souvenirs se réveillent… - 21/11/2017

Dans sa pièce "Les bonnes", Jean Genet met en scène deux sœurs qui sont, toutes deux, bonnes au service de Madame. L'action dégénère et les deux femmes se retrouvent rapidement à orchestrer le meurtre de Madame. Le roman "Le journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau serait comme un avant-propos qui aurait été édifié une cinquantaine d'années plus tôt. Une sorte d'introduction pointant du...  

"Les Trois Sœurs"... Extraverties, résolument contemporaines mais dans une impossibilité du présent - 17/11/2017

C'est une maison d'architecte avec ses larges baies d'où jaillissent les mots clic, les mots tics du jour, hashtag Trump et compagnie sur fond de fête, biture et coup de blues. Simon Stone, en réécrivant "Les Trois Sœurs" de Tchekhov, ne fait pas dans la dentelle. Les comédiens vivent au temps présent, le temps béni de la fratrie et des amis réunis, bien à l'abri des murs. Du seuil à la chambre...  

"Dévaste-moi"… Persuasion et précision artistique… Pour une nouvelle façon de percevoir un spectacle - 20/09/2018

Airs célèbres d'opéra, chansons rock, romances populaires. Dans son dernier spectacle "Dévaste moi"*, Emmanuelle Laborit chante et danse, livre des confidences à son public, elle fait le show. Avec ses musicos, (ses boys), tout le tralala et ses effets, les surtitrages qui ponctuent avec humour le tour de chant. Elle met en place avec le soutien de Johanny Bert (qui met en scène) une forme...  

"Dévaste-moi"… Persuasion et précision artistique… Pour une nouvelle façon de percevoir un spectacle - 15/11/2017

Airs célèbres d'opéra, chansons rock, romances populaires. Dans son dernier spectacle "Dévaste moi"*, Emmanuelle Laborit chante et danse, livre des confidences à son public, elle fait le show. Avec ses musicos, (ses boys), tout le tralala et ses effets, les surtitrages qui ponctuent avec humour le tour de chant. Elle met en place avec le soutien de Johanny Bert (qui met en scène) une forme...  

Quand une marionnette énamourée impose son intimité, sa puissance et sa pudeur - 13/11/2017

Comme on le sait, ou ne le sait pas, depuis la découverte sensationnelle de la galette vinyle de Carmen, d'un certain Georges Bizet*, la recherche avance à grand pas en Turakie. Intensive depuis que l'on a déchiffré que l'amour y est enfant de poème. Dans son laboratoire d'éthologie comportementale, Michel Laubu consacre son énergie à la recherche des parades nuptiales en Turakie. Et face à sa...  
1 ... « 58 59 60 61 62 63 64 » ... 117






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024