La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Trib'Une

"La Veuve Rusée" Il n'y a pas de plus grand plaisir au monde que d'être en agréable compagnie* - 19/09/2024

La compagnie était en effet bien agréable face au casting de luxe de cette comédie signée Goldoni, mise en scène avec habileté et fantaisie par Giancarlo Marinelli. Cette joyeuse troupe, aux costumes brillantissimes, nous balade pendant plus d'une heure et demie dans une sorte de "Tinder" moderne où une femme – Rosaura –, la veuve, se retrouve face à quatre prétendants d'origine différente qui...  

"Hold-up et bras cassés" Ambiance rétro pour une comédie aux accents cinématographiques - 16/09/2024

C'est devant une salle bondée, au théâtre des Enfants du Paradis, que j'ai assisté à la toute dernière de la saison de cette franche comédie : "Hold-up et bras cassés" de et avec Arsène Mosca. Connaissez-vous Arsène Mosca ? La voix masculine de "Un gars, une fille", ami du couple joué par Alexandre Lamy et Jean Dujardin, des rôles au cinéma, notamment dans "OSS 117" ou l'impeccable...  

"La bonne hauteur" Tu verras, sur les hauteurs, on est toujours seul* - 03/09/2024

Seul, en effet, est le comédien – Frédéric Fische – sur la scène. Il a une belle voix. De celle qui pourrait doubler un film américain, genre western moderne. C'est l'effet chemise à carreaux et bretelles ! Son timbre résonne sur le plateau, vif, émouvant et, parfois, perturbant. Non pas qu'il n'embarque pas, au contraire, il y va "de tout son pouvoir" pour soigner ses maux. Sur scène, il est cet...  

"La Divine"… Quand même ! Sarah Bernhardt, "l'impératrice" et éternellement grande comédienne - 07/06/2024

Il faut de l'expérience pour incarner sur scène, celle que Cocteau a baptisée : "le monstre sacré" du théâtre : Sarah Bernhardt. À une comédienne débutante qui lui avait été imposée, elle lui a adressé ceci alors que cette jeune actrice lui expliquait qu'elle n'avait pas le trac : "ça viendra, avec le talent". Il faut une sacrée confiance en soi pour balancer cela. Sarah Bernhardt n'avait peur de...  

"Naïs" Nous voulons de la vie au théâtre et du théâtre dans la vie - 23/05/2024

C'est avec cette magnifique citation de Jules Renard que j'ouvre les festivités, pour féliciter la joyeuse et talentueuse troupe très applaudie, hier soir, au théâtre du Lucernaire, à Paris. Paris, ville de lumière, de travaux à la pelle et lieu de naissance de Molière. Molière, justement. Peu avant la remise de prix portant le nom de ce grand monsieur, un bilan peu réjouissant est tombé...  

"Single Mother" Solo fantasque d'une mère célibataire. - 13/05/2024

Muriel Habrard est une bombe à retardement. Une personnalité douce et apaisée qui, soudain, par un geste, un son ou un éclat de rire, surprend, comme la pluie qui, malgré le soleil de la journée, vient encore frapper sur les toits solides du Studio Hébertot ! Muriel Habrard est une femme à la sympathie palpable. Celle qui parle sur scène avec un naturel impeccable est la même dans la vie quand,...  

"Liés" L'amour est une folie de l'échange* - 12/04/2024

Au son d'une guitare accompagnée de plages "électro", s'approche devant nous un charmant duo. Deux comédiens, Comédie des Trois Bornes – voilà qui tombe bien ! – se présentent à nous et expliquent l'heure qui va défiler sous nos yeux. Nos yeux plus ou moins endormis, d'un dimanche pluvieux de cette météo incertaine qui dure depuis des semaines. "Liés", c'est un spectacle de mots donnés en amont...  

"Le Malade Imaginaire" Une version réparatrice de l'ultime pièce de Molière à usage olympien ou autre ! - 20/03/2024

Oyez, oyez ! Les gens. Tendez les oreilles, ouvrez vos tympans. Je vous apporte cette nouvelle. Bonne ou mauvaise, c'est vous qui décidez ! Non loin des Bouffes du Nord, hier soir, une idée, soudain, a germé. Proposer un remède, pour soigner ce "bobo" qui contamine les ondes depuis deux semaines. Diantre ! De partout, résonnent de bien puériles polémiques. Les mots fusent telle une dynamite....  

"Les Caroline" Caroline(s) étaient des amies, des superbes filles… Je repense à elles, à leur gouaille et tout leur charme qui brille… - 28/02/2024

Dimanche pluvieux, dimanche heureux ! Bien qu'il faille se motiver pour quitter son nid douillet un dimanche de février quand, de surcroît, la météo ne sourit pas, il y a des décisions prises qu'on ne regrette pas. C'est donc muni d'un parapluie que j'ai rejoint ce joli théâtre des enfants du paradis. Quel joli nom ! Le paradis, dimanche, c'était donc ici. Le spectacle s'appelle : "Les Caroline",...  

"Au nom du père, du fils, et de Jackie Chan" Ne laissez pas les circonstances vous contrôler Changez les circonstances - 28/11/2023

N'est-ce pas là un bon présage que de porter comme nom de famille "Fortune" ? Un prénom de bon augure pour ce comédien qui se lance dans une nouvelle aventure. Celle d'un seul en scène où il vient raconter et se livrer pendant une heure et demie. Avant d'assister à ce qu'appelle sa très "smart" metteuse en scène – Anne-Sophie Liban – une mise en espace, j'ai d'abord entendu le texte lors du...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024