La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Gaviota" (d'après "La Mouette" de Tchekhov) Les âmes fantômes incarnées par la grâce de cinq belles interprétations - 26/06/2024

Le dispositif mêle les interprètes aux spectateurs dans cette petite cabane de toile, la cabane Napo, montée au bord de la pinède du Domaine d'O, lors de ce Printemps des Comédiens 2024. Ici pas de scène, pas d'entrées et de sorties des personnages, pas de décors évolutifs, ni de changements de costumes, ni de projections vidéos, à part le texte en français projeté aux quatre horizons (le...  

Maria Casarès et Albert Camus se retrouvent pour une heure dans un nouveau théâtre de Poitiers - 18/06/2024

Ouverte en septembre 2023, cette nouvelle salle finit sa saison en rendant hommage à celle qui lui a donné son nom : Maria Casarès. Une salle citadine née de la volonté des deux codirecteurs de la Maison Maria Casarès, Matthieu Roy et Johanna Silberstein. C'est dans les anciennes écuries de la caserne de Poitiers que deux grandes salles voûtées abritent maintenant ce nouveau lieu destiné à...  

Avec "Villa", l'héritage des exactions de Pinochet deviennent corps - 17/06/2024

Il y a des théâtres qui ont la mémoire à vif, des spectacles où les acteurs ne sont jamais très loin, sous la carapace des textes à dire, de puiser dans leurs propres réminiscences, dans les propres traumatismes de leurs familles, dans l'histoire proche et cuisante du pays. "Villa", toujours hanté par les fantômes de la dictature, est de ceux-là. C'est une simple réunion comme il en existe dans...  

"Carbone" Sept méditations sylvestres à la recherche de nos origines - 14/06/2024

Dieu, selon une légende urbaine couchée sur du papier bible, aurait naguère créé la Terre, les Animaux, l'Homme (et accessoirement la femme) en six jours ouvrés, le septième étant réservé comme il se doit au repos du guerrier… Sur ses pas, la Cie du Syndicat d'initiative de Julien Duval et Carlos Martins se propose de retourner en forêt, à la nuit tombante, au cœur de la création (artistique)...  

Après "Fuck me" et "Love me", "Kill me" poursuit spectaculairement la création infinie de Marina Otero - 13/06/2024

Danse, danse et mots, images, chorégraphies et chants, accessoires et nudité, et aussi une folie assumée, sont autant de fers chauffés à blanc qui risquent de marquer définitivement la mémoire des spectateurs de "Kill me". Une fête débridée, orchestrée par une Marina Otero qui plonge au fond d'elle-même pour y repêcher des émotions dangereuses, mais d'autant plus fascinantes et les offrir corps...  

"Les Paravents" Une opposition entre immobilité et mouvement aux frontières de notre actualité migratoire - 10/06/2024

Dans une scénographie qui mêle des éléments de grandes dimensions à la blancheur de leurs couleurs, le metteur en scène Arthur Nauzyciel décline symboliquement "Les Paravents" dans un contexte dramaturgique où se mouvoir et trouver sa place, dans un rapport asymétrique de violence et de pouvoir, reste à chaque instant problématique. La scène découvre un très grand escalier blanc, pentu et haut de...  

"Sur l'autre rive" Une émanation libre et contemporaine de "Platonov" - 10/06/2024

La particularité des mises en scène de Cyril Teste tient à l'usage intense de la vidéo. Une vidéo qu'il utilise "comme le peintre utilise un pinceau". "Sur l'autre rive" ne déroge pas à cette habitude. La vidéo est bien présente, elle est même la dynamique du spectacle. Captée et diffusée en direct pour choisir et focaliser l'action, elle est le médian qui donne à chaque représentation un côté...  

"Madame l'Aventure" Pas seulement une promesse de dépaysement, mais un cadeau coloré, musical et clownesque - 06/06/2024

D'abord, il y a l'esprit. L'esprit de l'Aventure. Avec un grand "A". L'aventure comme une évidence de vie, comme la vie même que chacun découvre à chaque jour qu'il franchit au travers des déserts, des montagnes, des jungles ou des "salons salles-à-manger", c'est selon… Mais elle est là, c'est ce que nous dit sans préambule le personnage incarné par Lionel Dray, tout équipé qu'il est d'une armure...  

"Arrête avec tes mensonges" Barbezieux c'est fini, et dire que c'était la ville de mon premier amour… - 05/06/2024

Quand, citant Marguerite Duras – citant elle-même la chanson à succès d'Hervé Vilard "Capri c'est fini" –, l'acteur jouant P.B. adolescent chantera la détresse d'être quitté par son jeune amant, on se dit que certaines amours marquent à la vie, à la mort… Adaptant au plateau le roman éponyme de Philippe Besson mettant au jour sa propre histoire, Angélique Clairand et Éric Massé offrent une...  

"Liliom", des lumières de la fête aux ténèbres de la misère… spectacle ! - 04/06/2024

Liliom, pièce plus que centenaire de Ferenc Molnár, continue de distiller ses images, son ambiance et son ton qui oscille sans cesse entre la farce du ridicule de la vie et le drame qui en est la pulsation. Si l'on s'amuse à voir cette pièce comme une représentation du monde, eh bien alors, le monde est une fête foraine qui brille de ses mille lumières et de ses musiques entraînantes. Mais...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024