La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Romancero queer"… Lope de Vega en surprenante et originale version queer ! - 28/05/2025

"Romancero queer" est la deuxième pièce de théâtre de Virginie Despentes, écrivaine dont les romans font souvent date et dont certains ont traversé le monde de l'édition pour rejoindre celui de la dramaturgie. Dans une écriture à la fois directe, sans fioritures et humoristique, le cadre dramaturgique est inspiré d'un roman de Lope de Vega et l'auteure propose une mise en scène haute en couleurs...  

"Grand ReporTERRE #11 : Radio Lapin, Histoires de luttes" Une radio pirate éphémère qui révèle les luttes environnementales et l'omerta qui leur est faite - 23/05/2025

Voici la 11ᵉ édition de GrandreporTERRE, série de spectacles performances qui parcourent les thématiques fortes de l'actualité en donnant les manettes des projets à un binôme formé d'un journaliste et d'un ou plusieurs artistes. Leurs regards croisés sur ce qui agite nos sociétés parviennent ainsi, après une petite semaine de répétition, à créer ces spectacles impromptus qui sont sortis du four à...  

"Journée de noces chez les Cromagnons", un retour aux sources pour Wajdi Mouawad qui ainsi boucle la boucle et clôt en beauté 30 ans de création - 19/05/2025

Pour la première fois mise en scène par le dramaturge lui-même, cette pièce de jeunesse, écrite en français à l'âge de 23 ans, alors que son auteur est exilé au Québec, voit aujourd'hui le jour en libanais. Les thèmes récurrents des pièces à venir sont déjà là : la famille, la guerre civile libanaise, la douleur de l'exil, la nostalgie d'un monde perdu… Une pièce qui annonce avec brio les...  

"Larzac !" Un cri de ralliement autour d'une utopie qui vit et fait vivre toute une communauté sous des lois différentes - 07/05/2025

Il serait vain de vouloir résumer, raconter, ici, la trame et les personnages qui font vivre ce spectacle. Une page ne suffirait pas à en contenir une infime partie qui, donnée ainsi hors de son contexte, hors de sa forme, hors de l'univers et de l'histoire dont elle dépend, serait incompréhensible. Un univers parfaitement concret, historique avec un grand H même. Le Larzac. Un bout de terre au...  

"Odile lave le linge des autres" Seule en scène émouvante dans laquelle beaucoup de femmes des années cinquante se reconnaîtront - 29/04/2025

Odile, née en 1920, vit dans un petit village avec sa maman qui travaille dans un lavoir. Celle-ci est fille-mère, Odile n'ayant jamais connu son père. Quand Odile a 14 ans, sa maman tombe malade. Il faut gagner des sous, alors elle va se faire embaucher au lavoir du village. Dès lors, elle ne pourra plus continuer à aller à l'école, alors qu'elle venait pourtant d'obtenir brillamment son...  

"La Sœur de Shakespeare", une création originale, corrosive et lumineuse d'après Virginia Woolf - 23/04/2025

Shakespeare, s'il a existé (puisque la question sur son identité – est-il ou n'a-t-il pas été ? – demeure), Shakespeare donc n'avait a priori pas de sœur. Que des frères. C'est Virginia Woolf qui lui en inventa une lors d'une conférence qu'elle donna en 1928 devant les étudiants de Cambridge, sur le thème Les Femmes et le roman. Un texte publié ensuite sous le titre Avoir une chambre à soi. Inès...  

"Hécube, pas Hécube" L'artiste et son double, une histoire flamboyante de mères douleurs… - 25/04/2025

Quand Tiago Rodrigues s'empare de monuments de la littérature (cf. son "Antoine et Cléopâtre", "Bovary", "La Cerisaie", "By Heart", etc.), c'est dans l'intention de faire résonner leur matière vivante avec notre contemporanéité. En effet, loin d'"adapter" Shakespeare, Flaubert, ou encore Tchekhov, il considère ces histoires mythiques comme la cristallisation dans notre mémoire vive de questions...  

Dans "Les Plaines de la calamité", les maltraitances du passé finissent par s'écrouler en ruine - 21/04/2025

Un rêve qui devient cauchemar, quelque chose d'étrange, d'un peu surnaturel flotte, dès les premières secondes, sur la scène de la Reine Blanche. Des personnages passent dans une étroite bande de brume au lointain, les éléments du décor, un bar, une table de ferme, une lampe en suspension, se dessinent à contre-jour. Temps suspendu. Puis l'histoire commence. Et c'est le naturel, le...  

"La Ménagerie de verre" Une adaptation théâtrale au réalisme affiché où l'ironie du vivant perce largement - 10/04/2025

Chez les Wingfield, à Saint-Louis, dans l'Amérique des années trente, Amanda élève seule ses deux enfants, Tom et Laura. Le père s'est volatilisé. Elle est dépassée par leur éducation, connaît des difficultés financières et une sorte de crise existentielle. Tom, aussi narrateur, travaille dans un magasin de chaussures pour entretenir sa famille, mais il rêve de cinéma, de littérature et...  

"Une Ombre vorace" Ceci n'est pas une ascension de l'Annapurna, c'en est une vraie fausse représentation… - 09/04/2025

Une forme itinérante qui nous mène loin, très loin dans un espace-temps où fiction et réalité culminent jusqu'à se confondre. Tissant, entre elles, des liens si troublants que le registre de la vérité fantasmée et de la fabulation vécue procure le vertige propre aux hautes altitudes… Vertige du protagoniste, un montagnard qui, sur le point de raccrocher, part résolument à l'assaut des pas de son...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024