La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2022

•Off 2022• "Le Champ de bataille" Roi réfugié sur son trône, mari et père en disgrâce… un cocktail détonant en milieu familial ordinaire - 02/08/2022

Entrée en matière pour le moins surprenante que cette cuvette de WC trônant majestueusement sur le plateau nu. Elle accueille son occupant principal, héros sans héroïsme, trouvant là refuge contre "les bruits" de la maisonnée. Une histoire familiale tout compte fait assez ordinaire… Un couple au virage de la quarantaine, à la sexualité à la recherche d'un second souffle pour ne pas dire...  

•Off 2022• "Et me voici soudain roi d'un pays quelconque" Les mille et une vies du voyage immobile d'un clochard céleste - 01/08/2022

Si Arthur Rimbaud a révélé les frontières mouvantes entre identité et altérité dans son fulgurant "Je est un autre", l'écrivain intranquille Fernando Pessoa, voyageur immobile de Lisbonne, s'est lui inventé des hétéronymes. Au travers de ses autres lui-même, chacun étant le porte-parole d'une part secrète lovée en lui, il a pu transcender une existence jugée trop étriquée pour son imaginaire...  

•Off 2022• "Surexpositions (Patrick Dewaere)", une vie (d'artiste) en pente douce… - 31/07/2022

Il est des noms qui cristallisent à eux seuls les affects et jugements les plus passionnés, comme si les surexpositions qui furent les leurs irradiaient bien après leur disparition. Patrick Deweare a vécu comme il a joué, confondant sa vie personnelle et sa vie d'artiste dans les mêmes exigences de liberté portées jusqu'à leur incandescence. Les rôles de paumés, losers, rebelles, qu'il endossait...  

•Off 2022• "Cartable" Cahier journal d'une maîtresse-femme-orchestre… - 30/07/2022

On connaissait le petit Nicolas et sa bande de joyeux copains, Alceste le gros qui mange tout le temps, Clotaire le dernier de la classe, Agnan le chouchou de la maîtresse, Joachim le rêveur, Marie-Edwige qui est très chouette même si c'est une fille… Goscinny et Sempé les ont immortalisés dans les années soixante. Mais on ne connaissait pas encore Mme Tapis, professeure des écoles et sa nouvelle...  

•In 2022• "The Line is a curve" Kae Tempest, la voix ensorceleuse d'un aède contemporain - 29/07/2022

Écho vivant des poètes épiques de la Grèce mythique, Kae Tempest emporte le public de La Cour dans un tourbillon de mots déclamés ou chantés, l'enveloppe de leurs sonorités charmeuses pour séduire jusqu'au bout de la nuit. Une petite musique de mots frappés du sceau de la sincérité à vif qui, à elle seule, au-delà du sens - iel chante en anglais, le plus souvent non traduit -, distille un parfum...  

•In 2022• "Le cas Lucia J." Petite fille blessée du monde, te voilà détruite par un monde qui ne peut saisir l'infini de ce qui se passe dans ta tête… - 28/07/2022

C'est par ces mots résonnant d'amour que James Joyce parle de sa fille Lucia, lui qui entretenait avec elle une relation symbiotique fondant, dans le même tout, leurs perceptions. Fusion, confusion jusqu'à ce que Lucia devienne Anna Livia Plurabella, l'héroïne de papier de son roman "Finnegans Wake". Eugène Durif s'est immergé dans leur histoire, non pour la raconter de l'extérieur, mais pour en...  

•Off 2022• "Mademoiselle Gazole" Dans un avenir proche, l'enfance… comme un manque à combler - 27/07/2022

Dans un futur proche ou peut-être dans un autre monde… quoi qu'il en soit, dans un temps et un univers où les enfants n'appartiennent plus aux parents pour la vie, ceux-ci sont devenus des agents un peu spéciaux que des entreprises spécialisées louent à l'heure, à la journée ou à la semaine pour partager quelques moments de pseudo vie familiale, un anniversaire, une histoire avant de se coucher,...  

•In 2022• "Flesh" Grandeur et servitude du moi-peau, un corps à corps sans tabou avec le vif du sujet - 26/07/2022

Quatre saynètes sans paroles, mais non sans souffle, pour entrer sans détours inutiles dans le vif du sujet, la chair humaine et ses fantastiques réactions. En effet, la chair et la peau qui la recouvre en surface sont à vivre comme les écrans sensibles du maelström agitant en permanence notre carcasse. Deux Belges à l'humour bien trempé dans l'anatomie de l'être suprême que nous prétendons être...  

•Off 2022• "Le Cas Lucia J." Performance bouleversante d'une comédienne habitée par le destin d'une martyre de la psychiatrie - 25/07/2022

Inspiré du livre éponyme d'Eugène Durif, ce spectacle-performance interprété par Karelle Prugnaud retrace la vie de Lucia Anna Joyce, fille et muse du célèbre écrivain irlandais James Joyce, romancier, poète et figure emblématique du XXe siècle. C'est l'angle complexe et ambigu de la relation "père fille" - ou plutôt "fille père" - qui a été choisi pour cette création relatant le destin de cette...  

•In 2022• "Là où je croyais être, il n'y avait personne"… sauf Ange et Bert, avatars d'Anaïs et Bertrand, eux-mêmes disciples de Marguerite Duras… - 25/07/2022

Si rien de ce qui est, n'est, tout ce qui naît donc dans l'imaginaire de deux électrons du théâtre émergent, existe vraiment… Avec un humour décalé et un brin mélancolique (écho de celui de Fabcaro), la troublante Anaïs Müller et l'inénarrable Bertrand Poncet se lancent corps et âme dans une entreprise aux dimensions carrément durassiennes. En effet, en panne d'inspiration, ils saisissent au vol...  
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À découvrir

"Salle des Fêtes" Des territoires aux terroirs, Baptiste Amann arpente la nature humaine

Après le choc de sa trilogie "Des Territoires", dont les trois volets furent présentés en un seul bloc de sept heures à Avignon lors du Festival In de 2021, le metteur en scène se tourne vers un autre habitat. Abandonnant le pavillon de banlieue où vivait la fratrie de ses créations précédentes, il dirige sa recherche d'humanités dans une salle des fêtes, lieu protéiforme où se retrouvent les habitants d'un village. Toujours convaincu que seul ce qui fait communauté peut servir de viatique à la traversée de l'existence.

© Pierre Planchenault.
Si, dans "La vie mode d'emploi", Georges Perec avait imaginé l'existence des habitants d'un bâtiment haussmannien dont il aurait retiré la façade à un instant T, Baptiste Amann nous immerge dans la réalité auto-fictionnelle d'une communauté villageoise réunie à l'occasion de quatre événements rythmant les quatre saisons d'une année. Au fil de ces rendez-vous, ce sont les aspirations de chacun qui se confrontent à la réalité - la leur et celle des autres - révélant, au sens argentique d'une pellicule que l'on développe, des aspérités insoupçonnées.

Tout commence à l'automne avec l'exaltation d'un couple de jeunes femmes s'établissant à la campagne. Avec le montant de la vente de l'appartement parisien de l'une d'elles, écrivaine - appartement acquis grâce au roman relatant la maladie psychiatrique du frère qui les accompagne dans leur transhumance rurale -, elles viennent de s'installer dans une usine désaffectée flanquée de ses anciennes écluses toujours en service. Organisée par le jeune maire survient la réunion du conseil consultatif concernant la loi engagement et proximité, l'occasion de faire connaissance avec leur nouvelle communauté.

Yves Kafka
17/10/2022
Spectacle à la Une

"Qui a cru Kenneth Arnold ?" Une histoire à dormir… éveillé

Levant la tête vers le ciel, qui pourrait soutenir encore que le monde s'organise autour de la Terre centrale et immobile… depuis que Copernic et Galilée ont renversé magistralement la hiérarchie du système solaire, rejetant notre planète Terre - actrice décatie et déchue - au rang d'accessoire de l'étoile Soleil ? De même qui, de nos jours, pourrait être assez obtus pour affirmer que d'autres formes d'intelligences ne puissent exister dans l'univers… depuis que le GEIPAN (Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés) a été scientifiquement créé pour démêler le vrai des infox entourant ces phénomènes ? Le collectif OS'O, la tête dans les étoiles (cf. "X", sa précédente création), s'empare de ce sujet ultrasensible pour apporter sa contribution… "hautement" artistique.

© Frédéric Desmesure.
Dans l'écrin du Studio de création du TnBA, une table avec, pour arrière-plan, un écran tendu plantent le décor de cette vraie fausse conférence sur les P.A.N. Mobilisant les ressources de la haute technologie - bricolée frénétiquement - un (vrai) acteur (faux) conférencier de haut vol, assisté d'une (vraie) actrice (fausse) scientifique coincée dans ses notes, et accompagné d'un (vrai) acteur complice, (faux) journaliste critique, incrusté dans les rangs du public, le maître ufologue va compiler les témoignages venus d'ici et d'ailleurs.

Sur le ton amusé des confidences, le conférencier introduit la session en livrant son étrange vision d'une nuit d'été où, à l'aube de ses quinze ans, à 23 h 23 précises, il fut témoin d'une apparition fulgurante alors qu'il promenait son chien sur une plage… Et, encore plus étranges, les deux heures qui suivirent et leur absence de souvenirs, comme s'il avait été "ravi à lui-même", enlevé par les passagers des soucoupes orange…

Suivent d'autres témoignages reposant eux sur des archives projetées. Ainsi, dans l'état du New Hampshire, du couple Betty et Barney Hill, témoignant "en gros plan" avoir été enlevé par des extraterrestres dans la nuit du 19 au 20 septembre 1961. Ainsi, au sud du Pérou, des géoglyphes de Nazca, photographies à l'appui montrant un système complexe de lignes géométriques seulement visibles du ciel… et ne pouvant avoir été tracées que par des extraterrestres…

Yves Kafka
09/02/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022