La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2024

•Off 2024• "Le monde selon Albert Einstein" Découverte de l'enfance d'un génie où est questionnée l'acceptation de la différence et l'importance du savoir et de la curiosité - 02/09/2024

Avec une renommée qui dépasse largement les domaines de la physique et des mathématiques, Albert Einstein occupe, dans l'imaginaire collectif, une place particulière où se trouvent rassemblées les notions d'intelligence, de savoir et de génie. Difficile alors d'imaginer que ce grand physicien théoricien – qui révolutionna certains aspects et certains systèmes de la pensée scientifique – fut aussi...  

•Off 2024• "Sur le cœur" Au commencement était le verbe phallocrate… vu la cacophonie qui s'ensuivit, le silence advint, et avec lui une illumination… peu encline à nous illuminer - 09/08/2024

Pièce chorale convoquant allégrement musiques éclectiques, danses et mots dits, "Sur le cœur" a quelques raisons de dé-concer-ter. En effet, la profusion des propositions artistiques aurait tendance à faire passer au second plan le propos plus qu'à ne le servir… Cette comédie musicale, au ton se voulant léger, se proposait de questionner la libération tous azimuts de la parole des femmes (un seul...  

•Off 2024• "Le repas des gens" Le théâtre présenté sur un plateau, à déguster sans modération… - 08/08/2024

De création en création, François Cervantes creuse inlassablement la même veine. En fin explorateur qui n'en aurait jamais fini avec le sujet lui tenant à cœur, il a élu l'existence – celle des vivants dits ordinaires – comme "terrain de jeu"… Déjà dans "Le cabaret des absents" (2021), il avait poussé grand les portes d'un théâtre pour y faire vivre des êtres simples, se révélant...  

•Off 2024• "Tendre carcasse" À corps perdus, devenir soi… les pas de danse d'une quête identitaire menée à plusieurs - 30/07/2024

On se souvient non sans émotion de "Nos corps vivants", en 2021, où Arthur Perole mettait en je(u) avec grande sincérité son propre cheminement sur la voie d'une réalisation de soi. Parcours solitaire passant par, comme un oignon que l'on pèlerait, l'abandon des assignations sociétales collant à la peau. Cette extension du domaine de soi, cette lutte ô combien essentielle et à jamais inachevée,...  

•Off 2024• "Roméo et Juliette" Entre traditions et futurisme, l'insoupçonnable beauté d'une "re-présentation" - 29/07/2024

Un spectacle mis en jeu par Alain Timar n'est pas un spectacle… c'est une œuvre d'art. On connaissait le goût de l'homme de théâtre, artiste peintre, plasticien, pour l'Asie et la Corée tout particulièrement. Sa mise en scène et scénographie en 2010 du "Rhinocéros" d'Eugène Ionesco, ou encore en 2016 de "Tous contre Tous" d'Arthur Adamov, interprétés l'un et l'autre en coréen par une troupe de...  

•In 2024• "Terminal (L'État du Monde)" Quand tout est fini… tout recommence, une histoire encore et toujours à inventer - 24/07/2024

Shéhérazade, la conteuse des "Mille et Une Nuits", échappa, dit-on, à la mort promise grâce à son pouvoir fabuleux (!) de raconter des histoires si palpitantes que le sultan des Indes, voulant connaître la suite, renonça à son projet de l'occire… Et si, dans ce monde de début du troisième millénaire, le nôtre, croulant sous les signes d'une mort annoncée de la planète bleue, notre capacité à nous...  

•In 2024• "Història d'un senglar (o alguna cosa de Ricard)" La vraie fausse histoire d'un acteur… qui se prenait pour Richard III… qui se prenait lui pour un roi - 23/07/2024

"Un roi qui se prend pour un roi est un fou". Ainsi le psychanalyste Jacques Lacan, connu pour ses saillies verbales – "ça" travaillait beaucoup dans sa tête – cristallise-t-il sa représentation de la folie. Sans lui faire aucunement concurrence, on serait tenté de dire que ce qui arrive à cet acteur (pas celui qui joue… mais celui qui est joué par lui) qui, ayant végété toute sa vie dans des...  

•In 2024• "Léviathan" Justice et théâtre, deux mondes de représentation où les fêlures de l'âme deviennent enjeux "dramatiques" - 23/07/2024

Dénommer "Léviathan" une fiction théâtrale ayant pour sujet les comparutions immédiates devant la 23ᵉ chambre de justice est, à plus d'un titre, pourvoyeur de sens. En effet, convoquer la créature biblique monstrueuse surgie des zones obscures de la psyché pour éclairer les rapports conflictuels qu'entretiennent la justice et le justiciable n'est en rien innocent. Les donner à voir au travers...  

•In 2024• "Quichotte" Le chevalier à la triste figure, égaré là dans des bouffonneries un tantinet ahanantes - 22/07/2024

Pourtant, cette forme cochait sur le papier toutes les cases… "Le" roman picaresque par excellence, celui de Cervantes, terreau de l'adaptation ; la fougue généreuse de son metteur en scène, Gwenaël Morin, adepte expert en théâtre de tréteaux (sans tréteaux) ; l'interprète du héroïssime hidalgo Alonso, la truculente Jeanne Balibar ; son écuyer en la personne de Thierry Dupont, musicien...  

•In 2024• "Forever" (Immersion dans "Café Müller" de Pina Bausch) Archéologie d'une chorégraphie mythique - 21/07/2024

Vous en reprendrez bien un, Café ? Comme une photographie détachée d'un album de famille, au seul nom de "Café Müller" la mémoire se met à vibrer, libérant des notes hors d'âge… Cette pièce de Pina Bausch, créée en 1978 sur une musique ensorceleuse d'Henry Purcell, cristallise "pour toujours" l'essence d'une nouvelle chorégraphie contemporaine où danse et théâtre fusionnent jusqu'à s'y confondre....  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024