La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2023

•Off 2023• "À cheval sur le dos des oiseaux" Le jeune enfant et la mère, une histoire de la violence sociale ordinaire - 22/08/2023

Être née quelque part et ne plus le savoir, avoir perdu tout repère, dessaisie de soi pour n'être plus qu'un cas social géré comme ils peuvent par les travailleurs du social. Telle est Carine Bielen, un dossier avant d'être une femme, un être sans âge mais pas sans âme, qui se raccroche à son enfant comme à une bouée de sauvetage. Ce fils qu'elle a enfanté, suite à l'un des accidents de la vie...  

•Off 2023• "Douchka" Ainsi font, font, font, les petites vies de Douchka, trois petites années et puis elle s'en va… - 11/08/2023

Douchka, un beau prénom donné par une mère russe, aimante, "douce et sucrée", à son dernier né quand il décide de devenir fille. Avant, la mère, elle n'avait que des garçons, sept comme les péchés qui l'ont engrossée. À la fin de cette fable réaliste (s'inspirant d'un fait divers, la fin tragique d'une jeune prostituée bulgare), elle n'aura plus que six enfants. Entre ces deux temps, on suivra...  

•Off 2023• "Soliloque" Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve* - 09/08/2023

Il arrive sur scène comme un homme qui erre sur un chemin. Il observe de gauche à droite, avec une allure de "Chaplin", le sourire en coin et les yeux rieurs d'un enfant qui, soudain, découvre le monde. Il est seul, mais ne semble pas en souffrir. Il s'installe lentement et avec fantaisie. Le spectre de la poésie l'accompagne alors qu'il prend place sur son bureau, rangeant méticuleusement ses...  

•Off 2023• "Lalalangue" Famille je vous "(h)ai-me"… surtout ma maman très moignon, moignon ! - 07/08/2023

Éduquer, disait Freud, est l'un des trois métiers impossibles, certes… mais être éduqué n'est-ce pas là, à coup sûr, la pire des épreuves ? Surtout lorsque l'on est livré à une famille hyper névrosée, catho de plus, et, pour agrémenter le tableau, bénéficiant à sa tête d'une mère captatrice haïssant ses enfants, une ribambelle de filles alors qu'elle voulait des garçons… Si on ajoute au profit de...  

•Off 2023• "Sur le banc d'Avignon" Nous asseoir sur un banc soixante-cinq minutes avec elles, et regarder la vie tant qu'il y en a… - 04/08/2023

La vie, il y a. Oui, avec Marta, Christine et Nathalie. Cette belle chanson de Renaud, du moins ces quelques mots, leur siéent à merveille. Elles. Trois femmes, à la fois chanteuses, comédiennes et généreuses. Plus qu'une pièce, c'est un road trio "théâtro-poético-lyrico-zen". Elles nous embarquent dans un voyage alors que leur seul moyen de transport est un banc, posé au centre de la scène. Banc...  

•Off 2023• "Œdipe/Enquête" Œdipe et son double, une quête sans âge… et sans fin - 01/08/2023

Si "le rêve est à la mythologie privée du dormeur, ce que le mythe est au rêve éveillé des peuples" (Paul Ricœur), la toute nouvelle création de Jean-François Matignon, en projetant sur l'avant-scène du Théâtre Transversal son Œdipe revisité, nous emporte très loin dans les sphères oniriques à la rencontre du mythe fondateur. Reliant la version de Sénèque le Tragique à celle du roman noir de...  

•Off 2023• "L'écriture ou la vie" Cette odeur étrange qui flottait sur la colline de l'Ettersberg fallait-il l'étouffer, ou libérer ses miasmes ? - 31/07/2023

Jorge Semprun, prisonnier au camp de Buchenwald édifié sur la colline de l'Ettersberg, sera libéré par les Américains, le 11 avril 1945. Il lui faudra attendre de nombreuses années pour qu'un événement de nature traumatique enclenche en lui l'urgence d'écrire l'impensable. Jusque-là, sa mémoire clivée avait abréagi les monstruosités auxquelles il avait été exposé, en faisant en sorte que ses...  

•Off 2023• "Dos" Un duo dos à dos, côte à côte, confondu l'un dans l'autre… enfin à géométrie variable. Mais, point constant, toujours délicieusement drôle - 30/07/2023

D'emblée, le titre "Dos", à double entrée (est-ce le chiffre espagnol ou une partie de l'anatomie française ?), entretient une ambigüité qui, au final – on vous rassure –, ne sera pas éclaircie… ou plus exactement le sera dans le sens… où les deux sens se cumulent, au même titre que leurs deux corps distincts finissent (parfois) par n'en faire qu'un se donnant à voir, de profil, de face, ou… de...  

•In 2023• "By Heart" Tiago Rodrigues de tout cœur avec le public qui, en retour, lui fait la Cour… - 28/07/2023

Même le mistral, hier au soir, à la nuit tombée, entendait être de la fête en ajoutant une fantaisie exquise à son puissant souffle, feuilletant passionnément les ouvrages posés en bordure de plateau. Comme si un oracle avait voulu là, inspiré par Dionysos, dieu du Théâtre et de l'Ivresse, saluer "bien bas" le tout nouveau directeur du Festival. Une 77ᵉ édition qui fera sans nul doute date par...  

•Off 2023• "Dos" Une pièce chorégraphique à nulle autre pareille, entre pitreries et naïveté très très apparentes - 27/07/2023

"Dos", pièce chorégraphique du collectif suisse Delgado-Fuchs aurait très bien pu s'appeler "Lovebirds" ou encore "Los dos fantasticos". Pour la troisième fois à Avignon, après " Manteau long" à l'Atelier en 2009 et "Nirvana" à la Collection Lambert en 2019, cette compagnie a pour objectif de jouer sur les registres de l'équivoque, avec un goût très affirmé pour les transformations et, plus...  
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À découvrir

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023