La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2021

•Off 2021• Une Goutte d'eau dans un nuage Hô Chi Minh mon amour… - 05/08/2021

Il est des contrées qui bruissent pour longtemps des fictions fixant leurs destinées. Ainsi Marguerite Duras en écrivant "Hiroshima mon amour" a-t-elle associé à jamais l'horreur de la bombe atomique larguée sur cette ville martyre et la rencontre sensuelle entre deux amants luttant contre un passé qui ne passe pas en chacun. La jeune femme bien réelle, elle, de la "Goutte d'eau dans un nuage"...  

•Off 2021• Requiem pour Pessoa Balade musicale et poétique au bout de l'intranquillité… - 04/08/2021

"J'aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages" laissait entendre l'énigmatique étranger de Charles Baudelaire dans le "Spleen de Paris". Bernardo Soares, le narrateur du "Livre de l'Intranquillité", sorti de l'imaginaire d'un autre poète de renom(s), Fernando Pessoa, a élu lui la ville natale de son auteur, Lisbonne et ses ciels chargés, comme lieu d'un voyage...  

•Off 2021• Pièce en plastique Rififi chez les bobos, du plastic qui fait long feu… - 30/07/2021

Et pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour créer une comédie grinçante, voire explosive fustigeant les travers d'une catégorie dont on ne se lasse pas de voir - au théâtre ou au cinéma - épingler les ridicules… Plaisir de voir moquer les travers du voisin, projetés sur scène, pour s'en sentir soi-même dans la vraie vie en partie dédouanée… C'est, depuis Molière, le bénéfice attendu de...  

•Off 2021• Guérillères ordinaires Trois femmes puissantes, voyage poétique et sans retour au pays des violences ordinaires - 30/07/2021

Trois silhouettes immergées dans la nuit du plateau, trois femmes fragiles et fortes qui, tour à tour, trouent la pénombre pour dire l'impensable vécu. Les inflexions de leurs voix, leurs silences, les mouvements de leur corps en tension, nous les donnent à voir, nous, leurs confidents anonymes protégés par l'obscurité des travées. Résonnent leur impérieux désir d'exister en dehors des...  

•In 2021• Sonoma Du cri primal aux tambours de Calanda, du folklore au contemporain, le charme indiscret d'un monde fragmenté - 29/07/2021

Dire les neuf danseuses vêtues des costumes traditionnels espagnols, robes-paniers et coiffes de dentelle, glissant et virevoltant tels des derviches tourneurs, ou bien les troquant pour des tenues blanches et noires sorties de l'imaginaire contemporain. Dire la croix monumentale occupant une place de choix dans la Cour d'Honneur et ses cordes auxquelles sont reliées les danseuses avant qu'elles...  

•In 2021• Le Musée Autopsie in vivo d'une mort annoncée… - 28/07/2021

Pour le moins déstabilisante l'expérience d'être immergé - sans possibilités de fuite, si ce n'est une sortie improbable de la salle - dans la scène d'un crime odieux et d'assister avec lui aux tout autant odieuses dernières heures du condamné à mort. Sur un plateau où caméras et micros omniprésents filment et projettent en direct l'affrontement de deux hommes - le criminel et l'inspecteur de...  

•In 2021• Misericordia Trois femmes pour un enfant, l'amour à l'état brut - 27/07/2021

Il y a là, alignées sur leur chaise faisant face au public, trois femmes sans âge mais pas sans caractère. On les dirait sorties d'un tableau de Brueghel l'Ancien. Elles tricotent, les femmes, de longues écharpes de couleurs vives, peut-être destinées à ce grand enfant "pas comme les autres" se balançant avec la régularité d'un métronome, d'avant en arrière, inlassablement, sur sa chaise placée...  

•Off 2021• L'Aérien Le fabuleux défi de l'insoupçonnable légèreté de l'être… - 26/07/2021

Solliciter ressources du corps et de l'esprit unis dans la même entité afin d'affranchir l'humaine condition aux semelles de plomb de la pesanteur la clouant au sol, c'est le prodige réalisé par Mélissa Von Vépy "à l'apogée" de son art. À partir d'une vraie-fausse conférence sur les rapports entre l'Homme et les airs depuis que la Terre est Terre - écrite avec légèreté par Pascale Henry, complice...  

•Off 2021• Rachel, Danser avec nos morts Ouah ! Un concentré de tout ce qui fait théâtre - 25/07/2021

Mistral gagnant… Faire danser les mo(r)ts et les corps en multipliant les points de vue narratifs et scénographiques, convoquer la vidéo pour précéder ou prolonger la réalité-illusion vécue au plateau, insuffler une énergie de nature à pulvériser le quatrième mur rendu transparent par les adresses constantes d'un personnage-narrateur partie prenante du drame, autant de précieux ingrédients pour...  

•Off 2021• Comment Virginie D. a sauvé ma vie Un uppercut salvateur pour rappel d'une lutte toujours à poursuivre - 24/07/2021

Depuis plusieurs années, Corinne Merle, autrice, comédienne et performeuse, nous fait part, avec une énergique passion, de ses convictions féministes et de la légitimité du combat mené par des femmes célèbres ou pas… De leurs histoires, de leurs souffrances, des violences subies et du harcèlement, entre autres. Et dans "Comment Virginie D. a sauvé ma vie", pour nous parler aussi d'une rencontre...  
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À découvrir

"Salle des Fêtes" Des territoires aux terroirs, Baptiste Amann arpente la nature humaine

Après le choc de sa trilogie "Des Territoires", dont les trois volets furent présentés en un seul bloc de sept heures à Avignon lors du Festival In de 2021, le metteur en scène se tourne vers un autre habitat. Abandonnant le pavillon de banlieue où vivait la fratrie de ses créations précédentes, il dirige sa recherche d'humanités dans une salle des fêtes, lieu protéiforme où se retrouvent les habitants d'un village. Toujours convaincu que seul ce qui fait communauté peut servir de viatique à la traversée de l'existence.

© Pierre Planchenault.
Si, dans "La vie mode d'emploi", Georges Perec avait imaginé l'existence des habitants d'un bâtiment haussmannien dont il aurait retiré la façade à un instant T, Baptiste Amann nous immerge dans la réalité auto-fictionnelle d'une communauté villageoise réunie à l'occasion de quatre événements rythmant les quatre saisons d'une année. Au fil de ces rendez-vous, ce sont les aspirations de chacun qui se confrontent à la réalité - la leur et celle des autres - révélant, au sens argentique d'une pellicule que l'on développe, des aspérités insoupçonnées.

Tout commence à l'automne avec l'exaltation d'un couple de jeunes femmes s'établissant à la campagne. Avec le montant de la vente de l'appartement parisien de l'une d'elles, écrivaine - appartement acquis grâce au roman relatant la maladie psychiatrique du frère qui les accompagne dans leur transhumance rurale -, elles viennent de s'installer dans une usine désaffectée flanquée de ses anciennes écluses toujours en service. Organisée par le jeune maire survient la réunion du conseil consultatif concernant la loi engagement et proximité, l'occasion de faire connaissance avec leur nouvelle communauté.

Yves Kafka
17/10/2022
Spectacle à la Une

"Qui a cru Kenneth Arnold ?" Une histoire à dormir… éveillé

Levant la tête vers le ciel, qui pourrait soutenir encore que le monde s'organise autour de la Terre centrale et immobile… depuis que Copernic et Galilée ont renversé magistralement la hiérarchie du système solaire, rejetant notre planète Terre - actrice décatie et déchue - au rang d'accessoire de l'étoile Soleil ? De même qui, de nos jours, pourrait être assez obtus pour affirmer que d'autres formes d'intelligences ne puissent exister dans l'univers… depuis que le GEIPAN (Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés) a été scientifiquement créé pour démêler le vrai des infox entourant ces phénomènes ? Le collectif OS'O, la tête dans les étoiles (cf. "X", sa précédente création), s'empare de ce sujet ultrasensible pour apporter sa contribution… "hautement" artistique.

© Frédéric Desmesure.
Dans l'écrin du Studio de création du TnBA, une table avec, pour arrière-plan, un écran tendu plantent le décor de cette vraie fausse conférence sur les P.A.N. Mobilisant les ressources de la haute technologie - bricolée frénétiquement - un (vrai) acteur (faux) conférencier de haut vol, assisté d'une (vraie) actrice (fausse) scientifique coincée dans ses notes, et accompagné d'un (vrai) acteur complice, (faux) journaliste critique, incrusté dans les rangs du public, le maître ufologue va compiler les témoignages venus d'ici et d'ailleurs.

Sur le ton amusé des confidences, le conférencier introduit la session en livrant son étrange vision d'une nuit d'été où, à l'aube de ses quinze ans, à 23 h 23 précises, il fut témoin d'une apparition fulgurante alors qu'il promenait son chien sur une plage… Et, encore plus étranges, les deux heures qui suivirent et leur absence de souvenirs, comme s'il avait été "ravi à lui-même", enlevé par les passagers des soucoupes orange…

Suivent d'autres témoignages reposant eux sur des archives projetées. Ainsi, dans l'état du New Hampshire, du couple Betty et Barney Hill, témoignant "en gros plan" avoir été enlevé par des extraterrestres dans la nuit du 19 au 20 septembre 1961. Ainsi, au sud du Pérou, des géoglyphes de Nazca, photographies à l'appui montrant un système complexe de lignes géométriques seulement visibles du ciel… et ne pouvant avoir été tracées que par des extraterrestres…

Yves Kafka
09/02/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022