La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Libre arbitre" La jeune femme, la testostérone et ses juges… une fable "olympique" - 16/02/2023

En faisant résonner en nous cette expression à double entrée, le titre à lui seul cristallise les enjeux de cette performance théâtrale menée à la vitesse du 800 mètres "canonique" de 2009, couru à Berlin par Caster Semenya lors des Championnats du Monde… D'abord, du côté de la jeune athlète spoliée de sa médaille, il affirme sa revendication au "libre arbitre", celui d'échapper au déterminisme...  

Sixième et dernier chapitre de l'album de voyage dans notre monde d'une artiste : "MADAM#6" - 14/02/2023

Et donc le sixième spectacle du Manuel d'Auto Défense À Méditer (MADAM) d'Hélène Soulié qui, plus qu'un manuel, est un manifeste créatif, inventif, poétique et politique de la place laissée ou non aux femmes de notre civilisation si avancée. Un projet qu'Hélène Soulié porte depuis bientôt cinq ans : cinq ans de voyage à travers le pays, de rencontres, de témoignages, de collaborations avec des...  

"Flames to dust" du collectif berlinois Henrike Iglesias à Vienne utilise le smartphone pour réfléchir sur la finitude - 14/02/2023

Quel meilleur moyen permet de sonder l'intimité mieux que le smartphone qui nous est constamment proche ? Le spectacle interactif du collectif queer féministe berlinois Henrike Iglesias invite les spectatrices et spectateurs à se confronter à leur mortalité… en regardant les écrans de leurs smartphones. Une soirée originale et intimiste, d'un format captivant. "Why do all good things come to an...  

"3 annonciations" Poétique et politique ! - 13/02/2023

Dans un très beau texte de Pascal Rambert, l'auteur use de poésie pour montrer, au travers de trois archétypes féminins, le monde avec ses mystères et ses évolutions. Se basant sur une picturalité propre à l'époque vénitienne, nos trois protagonistes se situent à différents moments, religieux ou laïcs, où leurs voix se font entendre autant dans leurs tessitures que dans leurs propos politiques....  

"Derrière le hublot se cache parfois du linge" Et si les difficultés dans le fait de vivre en couple étaient aux antipodes de la bien-pensance ! - 10/02/2023

On voudrait mieux s'aimer. Mais comment faire quand les "mandats" se cumulent : le couple hétérosexuel, le couple cohabitant, le couple avec enfant ou celui qui n'en veut pas ? Le tout, bien entendu, submergé par les eaux troubles du patriarcat. Ce petit système hétéro-normé de longue date est bien loin de rimer encore avec égalité et il est pertinent d'en secouer le cocotier. Deux femmes et un...  

"Qui a cru Kenneth Arnold ?" Une histoire à dormir… éveillé - 09/02/2023

Levant la tête vers le ciel, qui pourrait soutenir encore que le monde s'organise autour de la Terre centrale et immobile… depuis que Copernic et Galilée ont renversé magistralement la hiérarchie du système solaire, rejetant notre planète Terre - actrice décatie et déchue - au rang d'accessoire de l'étoile Soleil ? De même qui, de nos jours, pourrait être assez obtus pour affirmer que d'autres...  

"Le Journal intime d'Adam et Eve" Homme Femme… éternellement uniques et définitivement particuliers - 07/02/2023

Dans cette pièce-pamphlet américaine très étonnante inspirée de la Bible, Mark Twain parle des relations hommes-femmes, l'auteur étant passionné par l'humanité, laquelle est au centre de toute son œuvre. Il s'agit d'un texte subtilement féministe qui dénonce à la fois les relations entre hommes et femmes et le patriarcat, mais qui parle aussi de nous. Et pourtant, nous sommes respectivement en...  

Fuir loin du présent avec la pièce suédoise de Rasmus Lindberg, "Dan Då Dan Dog" - 31/01/2023

Programmée lors des Rencontres d'Hiver qui ont eu lieu du 24 au 29 janvier 23, cette pièce est la première mise en scène que Pascale Daniel-Lacombe réalise en tant que directrice du CDN de Poitiers. Un CDN unique en son genre puisqu'il ne possède pas de lieu propre mais doit proposer ses actions et ses spectacles dans diverses structures de la ville et de la région. C'est pourquoi cette création...  

"Le pied de Rimbaud" Rimbaud, l'homme aux semelles de vent vu de l'intérieur - 27/01/2023

Rimbaud donne à voir, à entendre, à ressentir dans ses poèmes en vers et ses textes en prose. Jean-Quentin Châtelain a su donner corps et flammes à son recueil "Une saison en enfer". L'idée de Laurent Fréchuret n'est pas ici de faire sonner uniquement le verbe du poète, mais surtout de frôler du bout des lèvres Rimbaud dans toute l'innocence de sa jeunesse. Rimbaud a quinze ans lorsqu'il écrit...  

"Fin de partie" Le rire cinglant de Samuel Beckett traverse le silence dans la salle du théâtre de l'Atelier - 24/01/2023

On est comme au bord d'un gouffre. Pourtant, il n'y a pas grand-chose de vertigineux sur le plateau. Une pièce fermée avec deux fenêtres tout en haut des murs grisâtres comme dans une cave, comme deux écoutilles, et puis deux poubelles immenses rouillées, et deux hommes immobiles, l'un debout, l'autre assis sous un drap, cloué dans un fauteuil roulant, archaïque. Le gouffre ne saute pas aux yeux...  
1 ... « 2 3 4 5 6 7 8 » ... 109

Brèves & Com


Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023