La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"L'enfant brûlé" L'amour transgressif… Comme pour mieux atteindre l'émancipation ! - 05/03/2024

En adaptant sur scène un roman de l'auteur suédois Stig Dagerman ayant connu une carrière littéraire rapide et célèbre dans les années 1945-1949, Noëmie Ksicova, dans une mise en scène qui fait de la parole un média lisse et froid pour exprimer la violence des sentiments, donne à "L'enfant brûlé" une résonance particulière, entre membres d'une même famille, nourrie de transgressions et de rejets....  

"Artaud-Passion" Le Théâtre et son double, Antonin A. et William M. (ou l'inverse) - 03/03/2024

Regard halluciné, crâne planté de filins, corps tétanisé secoué de minuscules soubresauts - autant de traces erratiques des électrochocs de neuf ans d'internement - Artaud-Mesguich "apparaît" et fait voler en éclats la bien-pensance molle, fût-ce celle de ceux qui auraient voulu l'idéaliser "à bon compte". La voix d'outre-tombe de "l'interprète" (jamais ce mot ne fut plus approprié tant l'acteur...  

"Pauvre Bitos - Le dîner de têtes" Une pièce grinçante entre règlement de comptes et sentiment de vengeance - 01/03/2024

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une vague d'épuration des collaborateurs s'abattait sur l'Hexagone. En écho à cette période, Anouilh a écrit un drame d'un comique et d'une truculence dont, en 1973, il disait : "Dans mon théâtre, il n'y a qu'une pièce où je me suis vraiment amusé, c'est une pièce qui a fait scandale à l'époque, c'est Pauvre Bitos. Là, j'étais très content !". Le metteur...  

"Mon père (pour en finir avec)" Reçu pour solde de tout compte… - 27/02/2024

La famille, nid de prédilection de toutes les névroses, constitue une source inépuisable d'inspiration pour les dramaturges avides d'explorer la veine des joutes intrafamiliales. Pierre Notte, dont le goût pour le cabaret, le boulevard et les comédies est (re)connu, signe ici une comédie aux parfums entêtants sur un clan au bord de l'implosion lorsque, à l'initiative de leur mère, les deux frères...  

"Chœur des amants" Avec le temps… tout recommence, toute caresse toute confiance se survit - 19/02/2024

Comme on parlerait d'un roman des origines, le "Chœur des amants" de Tiago Rodrigues marque en 2007 l'entrée sur la scène théâtrale de celui qui, depuis, ne cesse de la faire vibrer, multipliant les propositions reliées par le même fil rouge : un amour inconditionnel pour l'humain. C'est là en effet la force vive qui pousse l'actuel directeur du Festival d'Avignon à raconter encore et encore des...  

"Passeport" Sous un angle théâtral virtuose, plongée au cœur de la problématique de l'immigration - 16/02/2024

Issa, jeune Érythréen, laissé pour mort dans la "jungle" de Calais, mâchoire fracturée, a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d'embûches afin d'obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d'infortune, Ali et Arun, un Tunisien, ancien professeur d'anglais en Syrie, et un Indien tamoul, mais surtout pour...  

"Mine de rien" L'indien, le fils et la mère : l'équation à un inconnu - 15/02/2024

Dur dur quand on est un peu "gogol" (pas au sens des mathématiques, mais de l'argot) de résoudre une équation familiale dont l'inconnu, la figure du père, tonitrue par son absence… Alors le fils attardé demande fiévreusement à la mère excédée – végétant dans un fauteuil roulant après s'être esquinté le dos à briquer les parquets des autres – de lui raconter encore et encore "l'histoire de...  

"Jean Zay, l'homme complet" Le destin tragique d'un grand homme, visionnaire et hors du commun - 14/02/2024

1940. Après un simulacre de procès, Jean Zay, ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts du Front Populaire, radical de gauche, franc-maçon et cible des antisémites, est condamné par le gouvernement de Pétain à la déportation. Finalement incarcéré à la prison de Riom, il sera assassiné par la milice française, le 20 juin 1944. Précieux éclairage sur les années trente en France, sur son...  

"Débris" Oh le beau nom pour un bébé né sur un tas d'ordures… - 09/02/2024

Si dans "Oh les beaux jours", Samuel Beckett mettait en jeu un monde évidé de son humanité où la voix de Winnie, à moitié enterrée dans un gros mamelon, résonnait dans le désert sans rencontrer le moindre écho (y compris celui de Willie, son compagnon), les paroles entremêlées de Michael et Michelle de Dennis Kelly tonitruent dans "Débris" pour remplir le vide sidéral de leur existence dévastée…...  

"L'Aquoiboniste" Une immersion transcendante dans le pouvoir de la vie après la mort - 08/02/2024

À la suite d'un choc tant physique qu'émotionnel provoqué par une crise de catalepsie, un homme n'arrive plus à être présent à sa propre vie. Il se réveille et entend sa jeune épouse vaquer autour de lui… Soudain, elle s'approche et le déclare mort ! Il va être enterré vivant, mais il continue à percevoir les voix et l'agitation qui l'entourent. Son corps est peut-être mort, mais sa tête, elle,...  
1 ... « 2 3 4 5 6 7 8 » ... 119



Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024