La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Bluebird", un rêve éveillé… ou plutôt comme l'éveil rêvé d'un autre monde - 19/01/2018

Noctambules. Insomniaques. Travailleurs aux horaires décalés. Nomades de la nuit. Tous pris en charge par Jimmy le chauffeur de taxi au volant de sa Nissan Blue Bird. Les personnages de "Bluebird" pièce écrite par l'auteur anglais Simon Stephens sont des isolés de Londres. Des atomes qui surgissent au fil du temps, au défilement des réverbères, au surgissement des ombres, à la fragmentation des...  

Le tableau d'un exécution… bataille autour d'une bataille ! - 18/01/2018

Dans une très belle mise en scène de Claudia Stavisky, le dessous des cartes d'une composition picturale est montré avec réalisme et crudité dans un jeu d'acteur où la parole et le corps sont les deux étendards de combat. C'est un face à face entre le pouvoir et l'Art. Vieille complicité que ce couple infernal qui a donné lieu à des mariages heureux, avec entre autres David (1748-1825), et des...  

Festival Traits d'Union #2 : "Une bouteille à la mer" - 17/01/2018

Une bouteille à la mer c'est l'histoire de Tal, une jeune Israélienne qui se questionne sur le monde, sur son pays et sur le conflit qui l'oppose à la Palestine. Comment peut-on autant détester un peuple sur lequel on ne sait rien, qu'on ne connaît absolument pas ? Elle s'imagine correspondre avec une jeune fille de son âge qui lui expliquerait comment est-ce que c'est la vie à Gaza, car...  

Un théâtre conçu comme le temps d'une plaidoirie ultime, au-delà des apparences - 16/01/2018

Dans "Toute ma vie j'ai fait des choses que je savais pas faire" de Rémi De Vos, le protagoniste d'un fait divers banal et violent (et fatal pour lui) propose sa lecture intime des événements à rebours de l’enchaînement des faits objectifs. Comme une seconde chance offerte de comprendre de l'intérieur une histoire par définition impossible à appréhender puisque le personnage est décédé et que...  

Dans "Nénesse", il est question des effets délétères de la crise, et des vertus du théâtre - 12/01/2018

"Nénesse" vitupère, tonitrue, menace, enfile les insultes, éructe. Avec ses deux sous-locataires clandestins et son épouse soumise, il vit d'expédients. "Nénesse" s'adapte mal à la crise. C'est un sanguin en bordure d'accident vasculaire cérébral que l'alcool n'arrange pas ."Nénesse" (Olivier Marchal) est un cas en limite. La pièce d'Aziz Chouaki réunit un carré de personnages hauts en couleurs....  

"Rendez-vous"... Se créer de nouveaux souvenirs et imaginer une vie à venir - 11/01/2018

Aborder la perte de mémoire - qui plus est dans un milieu artistique où celle-ci est un instrument de travail - et la maladie qui en est souvent, de nos jours, la responsable, cela n'est ni évident ni habituel. La délicatesse, la subtile dose d'humour et de dérision du texte de Bruno Fougniès et la mise en scène inventive de Rubia Matignon, en désamorcent tous les écueils prévisibles et donne à...  

"Cherchez la faute !"… La genèse qui décrit la création ne serait-elle que l'histoire d'une liberté à construire ? - 18/12/2017

Dans "Cherchez la faute !", François Rancillac et ses comédiens essaient de comprendre le mythe du jardin d'Éden et de la faute originelle. En auscultant les trois premiers chapitres de la Genèse et des textes de Marie Balmary, ils avancent de surprises en surprises et avec eux le spectateur. Le dispositif est composé d'un rectangle fermé formé par des tables sur lesquelles des livres et des...  

"Dementia Praecox" : une œuvre d'art aussi fascinante que dérangeante - 13/12/2017

Sur scène s'opère une représentation de la vie. Et qu'est-ce donc qu'une représentation de la vie sinon l'art ? "Dementia Praecox" questionne la relation qui existe entre une œuvre et son public. Le spectateur est nécessaire pour que l'art ait une existence. Sans personne pour l'appréhender, alors il ne signifie plus rien. Le spectateur fait partie intégrante de l’œuvre. Le spectacle envahit tout...  

Caubère et Ferdinand… ou la magie du temps retrouvé… - 06/12/2017

Dans "Adieu Ferdinand", Philippe Caubère donne encore chair (pour la dernière fois, dit-il) à un jeune homme né littérairement et à l'impromptu il y a 37 ans. Il a pour nom Ferdinand Faure. Qui est devenu comédien au tout début des années soixante-dix et a pris son indépendance. Sa personnalité avance de manière chaotique. Sa sexualité en bandoulière, ses livres dans sa besace. Pris en flagrant...  

La démocratie a besoin d'acteurs… Un peu de désir, un peu d'humour… En public ! - 01/12/2017

C'est dans une Amérique prospère et paisible. Un jeune homme qui fait un voyage d'études. Cinquante ans environ après l'indépendance, Alexis de Tocqueville relate comme un fait prodigieux sa découverte de la démocratie. C'est cet auteur que tout le monde cite (et peu ont lu) que Laurent Gutmann entreprend de passer au gril… du théâtre. Son spectacle se présente comme le travail en cours d'un...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024