La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Lyrique

"Tristan et Isolde" au Liceu, un poème saturnien rêvé - 07/12/2017

Jusqu'au 15 décembre, le Grand Théâtre du Liceu présente "Tristan und Isolde", la première production wagnérienne de La Fura dels Baus. Un spectacle magistralement réussi grâce à la vision onirique d'Alex Ollé, la direction inspirée de Josep Pons et à une distribution vocale de haut lignage emmenée par les fabuleux Irène Theorin et Albert Dohmen. Il est de rares œuvres qui nous tiennent...  

"De la Maison des Morts", une humanité offensée et bouleversante vue par Patrice Chéreau - 23/11/2017

Temps fort de la saison de l'Opéra de Paris, la magnifique et bouleversante production du dernier opéra de Leos Janàcek, imaginée par le metteur en scène disparu en 2013, est à l'affiche pour six représentations. Un spectacle à voir absolument. Aller voir ou revoir cette production de l'opéra de Janàcek, la perfection scénique de ses tableaux, son humanité bouleversante, son intelligence...  

"La flûte enchantée", opéra et film muet en chantant - 11/11/2017

Première française à l'Opéra Comique de "La Flûte enchantée" dans la production de Barrie Kosky et du Collectif 1927, créée à la Komische Oper. L'ultime chef-d'œuvre de Mozart, revisité à la mode du cinématographe farceur et poétique d'un Méliès ou d'un Tim Burton et du cabaret expressionniste berlinois, redonne à sa façon iconoclaste les natives couleurs du grand spectacle populaire créé en...  

La Ronde de nuit - 07/11/2017

L'Opéra national de Paris programme "La Ronde" de Philippe Boesmans à l'Amphithéâtre Bastille avec les jeunes artistes lyriques et les musiciens de l'Académie. L'occasion de découvrir de merveilleux talents dans cet opéra en version chambriste à la partition obsédante, hallucinée, ironique, et qui nous parle comme jamais grâce à une mise en scène ingénieuse. Commande de Gerard Mortier, alors...  

"Don Carlos", un opéra français hors normes de Verdi à Bastille - 19/10/2017

Oui, à considérer les partis pris originaux de cette proposition - malgré la longueur du spectacle. Voilà un opéra qui défie les limites du genre dans l'œuvre de Verdi. Dans la lignée du grand opéra français de la première partie du XIXe siècle, il compose pour l'Opéra de Paris (alors Salle Le...  

Une mariée et un enterrement, "Miranda" à l'Opéra Comique - 29/09/2017

Du 25 septembre au 5 octobre 2017, le flamboyant Opéra Comique (après sa rénovation) met à l'affiche un des opéras les plus originaux du moment, à la fois baroque et contemporain. C'est "Miranda", fruit d'une deuxième collaboration entre la metteure en scène Katie Mitchell et Raphaël Pichon à la tête de son ensemble Pygmalion. Tout est parti d'une envie de Raphaël Pichon de faire connaître des...  

"Cosi fan Tutte" à Garnier ou la douce danse des désillusions - 17/09/2017

L'Opéra national de Paris remet à l'affiche la production de Anne Teresa de Keersmaeker pour quatorze représentations avec une distribution vocale en grande partie renouvelée. Dirigé avec une acuité brillante par Philippe Jordan à la tête d'un orchestre magnifique, l'opéra de W.A. Mozart retrouve ici une superbe vitalité. "Cosi fan Tutte", ainsi font-elles toutes, affirme Don Alfonso dans une des...  

"Roméo et Juliette, West Side Story", un mix-opéra déjanté au Festival Midsummer d'Hardelot - 17/07/2017

L'Ensemble Contraste et la Compagnie Deracinemoa ont offert un spectacle savoureux et désopilant dans le cadre charmant du Théâtre élisabéthain du Château d'Hardelot avec leur vison déjantée du chef-d'œuvre de William Shakespeare associé aux chansons de la célèbre comédie musicale de Leonard Bernstein. Une conclusion pleine de panache pour cette édition 2017 du Festival Midsummer, un des moments...  

"Don Giovanni" à Aix, l'ivresse et la jeunesse en partage - 12/07/2017

Jean-François Sivadier retrouve la scène du Palais de l'Archevêché en cette 69e édition du festival et nous offre un superbe "Don Giovanni" plein de feu et de finesse, revivifié à l'énergie du théâtre de tréteaux. Dirigé par le fougueux Jérémie Rhorer, le chef-d'œuvre de Mozart, défendu par une troupe de jeunes chanteurs brillants et charismatiques, retrouve spontanéité et fraîcheur. À voir...  

Un ingénieux "Rake's Progress" au Festival d'Aix - 10/07/2017

L'opéra d'Igor Stravinski, chef-d'œuvre de la vieillesse qu'il crée en 1951, est programmé au Festival lyrique d'Aix-en-Provence jusqu'au 18 juillet. Cette production du metteur en scène Simon Mc Burney actualise avec humour et ingéniosité cette fable morale cruelle sur "le désir et la conscience" malheureuse du "Libertin". Exilé aux États-Unis depuis 1939 et fait citoyen américain en 1945, Igor...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024