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Nomination de Sophie Mugnier à la direction du Channel, scène nationale de Calais  26/03/2025

© Emma Guizot.
Rachida Dati, ministre de la Culture, en plein accord avec Natacha Bouchart, maire de Calais, Jean-Claude Leroy, président du Département du Pas-de-Calais, Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, et Marie-Claire Pleros, présidente de l'Association Le Channel - Scène nationale de Calais, donne son agrément à la nomination de Sophie Mugnier à la direction du Channel - Scène nationale de Calais, sur la proposition unanime du jury réuni le 10 mars 2025.

Sophie Mugnier est directrice du Théâtre - Scène conventionnée d'intérêt national Art et création à Brétigny-sur-Orge depuis 2012 où elle a auparavant assuré la direction administrative et financière. Elle a administré la scène conventionnée et le cinéma arts et essai de Châtillon de 2005 à 2007, contribué à la création d'un événement paysager au Parvis - Scène nationale Tarbes Pyrénées en 2004, et assuré la programmation danse, arts de la rue et cirque pour la ville de Cergy de 1999 à 2003.

Pour le Channel, elle propose un projet foisonnant, fondé sur le dialogue, l'émotion et la joie, où les paysages calaisiens, aussi bien géographiques que patrimoniaux, artisanaux ou sportifs, offriront des espaces d'invention, de ressources et de rayonnement.

La programmation multidisciplinaire située, joyeuse et fédératrice, mettra l'accent sur les arts en espaces publics, les œuvres de cocréation et les écritures jeunesse.

Deux nouveaux rituels rythmeront la saison : "360° au Channel" le temps d'un week-end, chaque trimestre, pour découvrir la création d'aujourd'hui autour de spectacles, d'expériences à vivre, de débats, et "Les heures joyeuses", programmation nomade dans des lieux non dédiés au spectacle, pour favoriser des expériences humaines fortes.

La saison se clôturera par une Biennale des paysages, événement festif et participatif explorant la relation aux paysages exceptionnels du Calaisis et du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d'Opale, en alternance avec le Ping Pong Festival, biennale des arts réciproques avec des œuvres cocréées entre habitant et artistes.

Les artistes seront accompagnés dans le cadre de résidences paysages pour valoriser le territoire, de résidences d'accompagnement pour les artistes émergents des Hauts-de-France et de résidences média, par la création d'une webradio et la participation des habitants et des jeunes des quartiers prioritaires, pour les familiariser à la pratique journalistique et la prise de parole.

Enfin, le projet privilégiera la plus large coopération des habitants à la vie artistique et culturelle du Channel, dans le cadre d’une attention spécifique à la jeunesse, aux femmes et aux habitants des quartiers prioritaires. L'école du cirque se déploiera dans un objectif d'inclusion des personnes en difficulté. Les adolescents seront invités à se mettre dans la peau d'un programmateur pour proposer un spectacle dans la saison dont ils assureront la communication. La fabrique des mots favorisera des expériences ludiques d'écriture pour une meilleure insertion.

Sophie Mugnier succède à Francis Peduzzi dont la Ministre tient à saluer l'action qu'il a menée à la tête du Channel - Scène nationale de Calais depuis sa création.

Photo : "La révolution au cœur", concert littéraire de Christian Olivier, le 4 avril 2025 au Channel © Emma Guizot.
La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024