La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Danse

"Royaume" Un corps à soi… Femmes libres, vous écrirez votre nom en lettres de feu - 01/12/2022

"Une chambre à soi" (1929, Virginia Woolf), un corps à soi… Pour dénoncer les violences faites aux femmes, pratiques légitimées à bas bruit par des siècles de domination patriarcale, soixante-dix années plus tard, les Nations Unies ont institué une journée particulière afin que ces crimes ne puissent, encore et toujours, être banalisés par un masculin dominant. Heureux hasard du calendrier, c'est...  

"La leçon"… Décalée et toute en couleur ! - 17/11/2022

Après "Les chaises ?" et "M. & Mme Rêve", le couple Pietragalla-Derouault renoue avec l'œuvre d'Eugène Ionesco. Dans une mise en scène où les chorégraphies alimentent les dialogues théâtraux, le verbe devient dansé et est porté par celles-ci en redessinant la création du dramaturge roumano-français dans un rapport, à l'autre et à l'espace, vif, mais tout en nuances. Voilà une scénographie aux...  

"Tutu"… Les petits pas burlesques de petits rats déjantés ! - 10/11/2022

Chico Mambos revisite la danse classique dans sa gestuelle, ses déplacements et ses figures... Mais par le biais de l'humour, voire du burlesque. Créant un univers original, mais fantasque, six danseurs jouent d'imitations dans différentes chorégraphies, entre dérision et exigence, faisant de la danse classique un art joyeux et pouvant bousculer les codes artistiques. Six danseurs, habillés en...  

"Gloria"… Cocktail artistique explosif ! - 26/10/2022

Le chorégraphe José Montalvo nous emmène, avec une musique allant du baroque au moderne en passant par le jazz manouche, dans un voyage intime où, au travers du flamenco, des danses classique, contemporaine, urbaine et africaine, se mêlent des récits personnels qui alimentent chaque tableau scénique. C'est un spectacle qui s'alimente autant d'art que de confidences, de mots dits que de propos...  

"Piano works Debussy" Debussy et la danse, un couple toujours aussi moderne ! - 20/10/2022

La danse donne rendez-vous à la musique classique où la chorégraphe-danseuse Lisbeth Gruwez et la pianiste Claire Chevallier se retrouvent pour proposer un spectacle où le souffle, la tonicité et le rythme corporel de la première font alliance avec le talent de la seconde, nourri par la créativité du compositeur français qui avait déjà, avec "Prélude à l'après-midi d'un faune" (1892-1894), donné...  

"Oüm"… L'Orient et l'Occident entre danse, chant et poésie - 13/07/2022

C'est une immersion vers un ailleurs d'un Orient où résonne, avant le début du spectacle, la chanteuse égyptienne Oüm Kalthoum reprenant un poème d'Omar Khayyam. Accompagné de percussions, d'oud et de guitare électrique, le chorégraphe Fouad Boussouf avec sa compagnie Massala nous fait revivre ses souvenirs d'enfance au Maroc et les émotions universelles d'amour, de volupté et d'instants...  

Shazam… Le retour éternel ! - 08/07/2022

Dans cette pièce emblématique de la compagnie DCA créée en 1998, Philippe Decouflé marie théâtre, cirque, vidéo et musique dans des tableaux où la perspective joue un malin plaisir avec ce qui est et ce qui est perçu, dans un cadre autant intimiste que représentatif. Cela démarre en fanfare dans la salle avant même que le public s'installe dans les gradins avec des majorettes, essentiellement...  

"Mythologies" Chorégraphies des rêves éveillés des peuples - 05/07/2022

Si, comme Paul Ricœur l'avançait, "Le rêve est à la mythologie privée du dormeur, ce que le mythe est au rêve éveillé des peuples", Angelin Preljocaj n'a de cesse de nous faire rêver, tout éveillés, nous spectateurs de 2022 vibrant intérieurement à l'évocation de ces figures mythiques lovées dans quelque recoin de notre psyché. Pour la première de sa création mondiale donnée à l'Opéra National de...  

"Barbe-Bleue"… Retour d'un grand chef-d'œuvre ! - 28/06/2022

C'est une redécouverte, celle d'un chef-d'œuvre qui avait fait couler beaucoup d'encre lors de sa création en 1977 avec sa conception artistique très originale et, pour métronome, l'opéra de Béla Bartók, où Pina Bausch décrit sans fard les rapports entre les hommes et les femmes. Lumières sur un superbe intérieur. La scénographie de Rolf Borzik est quasiment un personnage. Elle plante une...  

"Corps extrêmes"… Tout en exploit ! - 22/06/2022

Le chorégraphe Rachid Ouramdane convie, dans sa création, récits et vidéos pour mettre en parallèle les mondes du slackline, de la varappe et de la danse. Accompagnés de mélodies musicales, les danseurs investissent une paroi rocheuse au travers d'une gestuelle parfois acrobatique en compagnie d'un funambule de l'extrême. Cela démarre par une vidéo avec Nathan Paulin qui traverse sur un simple...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024