La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Danse

¡ Fandango ! Du grand, du beau, de l'art ! - 05/02/2020

À Chaillot se déroule actuellement la quatrième biennale d'art flamenco. Avec "¡ Fandango !", c'est un grand coup d'éclat talentueux qui est donné, le temps d'un spectacle, à cet art avec son allure presque d'opéra, sa théâtralité qui s'associent avec gourmandise à une musique à la fois moderne et classique. C'est une fable, un conte qui se déroule sous nos yeux, dans une lumière au contour...  

"On n'a jamais vu une danseuse étoile noire à l'Opéra de Paris" Les non-danseurs au champ d'honneur - 19/12/2019

L'inclassable Faizal Zeghoudi crée un objet échappant à toute catégorisation tant vidéo d'archives, chant, musique, théâtre… et danse, s'entremêlent au service d'une volonté déflagrante : bombarder les clichés du racisme pour mieux les faire exploser en plein vol. Maniant sans compter la liberté langagière et corporelle porteuse de dérision assumée, il nous immerge dans un univers électrique...  

"À mon bel amour"… Urbain, classique, éclectique et artistique - 10/12/2019

C'est sous le prisme des danses urbaines, contemporaine et classique que la chorégraphe Anne Nguyen interroge les identités au travers du corps et de son rapport à l'espace où le waacking, le popping, le voguing, le locking et le krump portent leurs signatures au détour de pointes, de balancés, de lock et de bounce. Noir sur scène, puis un groupe se détache dans une lumière tamisée qui vient...  

"Ligne de crête" Relier deux versants d'une même aliénation : travailler et consommer jusqu'à n'en plus pouvoir - 29/11/2019

Immergé une heure durant avec les sept interprètes dans un open space aux cloisons de plexiglas, dans le bruit amplifié et incessant d'une machine à photocopier les documents - et à dupliquer les employés - tournant à plein régime et fatiguant les tympans, le spectateur fait l'expérience sensible de l'insupportable. Ce qui jusque-là pouvait lui apparaître comme un simple avatar de la modernité en...  

Anarchy… Du hip-hop très créatif ! - 15/11/2019

Au travers du cinéma et de la musique, les chorégraphes Annabelle Loiseau et Pierre Bolo nous font découvrir un monde qui se déconstruit et qui, par le biais du hip-hop, opère une renaissance. C'est une belle scène pour un beau spectacle par une belle troupe. Ce qui frappe est d'abord la succession des différents tableaux qui composent cette création. Entre musique, cinéma et danse, le témoin...  

"Ballroom" Donner à voir des "corps-égraphiés"… Un cri libertaire et salutaire - 13/11/2019

Arthur Perole, personnalité déliée des prescriptions de genres, prend date pour figurer parmi les plus turbulents chorégraphes contemporains, tant il ose oser (sic), emporté par une authenticité et une générosité que rien ni personne ne semble pouvoir endiguer. Six danseurs grimés à l'envi, peints à vue et travestis avec l'aide des spectateurs conviés, se livrent à des transes convulsives...  

"El Baile"… Identité et art en version argentine - 11/09/2019

De la pièce sans parole de Jean-Claude Penchenat, "Le Bal", qu'il créa en 1981, devenu - deux plus tard - un film d'Ettore Scola, Mathilde Monnier signe avec Alan Pons un spectacle où la danse est vue sous un prisme dans lequel les histoires façonnent la gestuelle d'artistes devenant les interprètes de ce qu'ils sont et de leur vécu. Cela démarre tout doucement. Cinq danseurs sont assis de chaque...  

Carmen… Classique toujours très moderne ! - 15/07/2019

C'est la quinzième édition des "Étés de la Danse" au théâtre Mogador avec le ballet "Carmen" proposé par la Compañia Nacional de Danza de España. Le spectacle garde malheureusement toute sa modernité quant à ses thématiques (amour, trahisons, crime passionnel, etc.) mais présenté ici dans une création qui mêle avec bonheur théâtre, musique et danse. Un enfant avec son ballon ouvre le bal. C'est à...  

Memento Mori et Faun… L'au-delà du Classique - 07/07/2019

À la grande Halle de la Villette, Sidi Larbi Cherkaoui, accompagné du ballet royal de Flandre, a présenté deux de ses créations qui sont le prolongement l'une de l'autre dans une même thématique, celui du compagnonnage de la vie et de la mort. C'est un diptyque, autour de deux créations de Sidi Larbi Cherkaoui avec "Memento Mori" (2017) et "Faun" (2009). Autant la première est enrobée de...  

L'insoutenable légèreté du "Fardeau" chorégraphié, immersion in vivo - 02/07/2019

Lorsque Auguste Ouédraogo "a rencontré" (sic) la sculpture "Le fardeau" de Jean-Philippe Rosemplatt - Festival d'Ici Danse 2018 et son dispositif artistique Au-delà des frontières -, "ce fut comme une apparition"… Happé par la force qui se dégageait de ce corps statufié d'un migrant, prototype des errances migratoires et de leur cortège d'épreuves, il en ressentit une telle émotion qu'il eut la...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024