La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Cirque & Rue

BIAC 2025 Avec "Passages", la contorsionniste Alice Rende défie la gravitation et l'imaginaire - 03/02/2025

Comme un obélisque haut de quatre mètres, se dresse un cube de plexiglas. Chaque face mesure quelques dizaines de centimètres de large. Largeur d'épaule. Voilà l'espace de jeu avec lequel la circassienne Alice Rende va devoir jouer. Jouer de son corps, de sa souplesse, de l'élasticité de ses articulations pour se glisser à l'intérieur de cet obélisque par une trappe invisible. Elle porte une...  

BIAC 2025 Dans "Rouge Merveille", une circassienne effleure le ciel pour apprendre à nos regards, l'apesanteur et la richesse du temps - 30/01/2025

Chloé Moglia invente une discipline. Elle a été la seule au monde à réaliser cette pratique pendant plusieurs années. Depuis, d'autres circassiennes l'ont rejointe pour travailler la suspension. Dans ce spectacle, ce n'est pas elle qui officie, c'est une autre circassienne, une autre suspensive, et l'inventrice se contente d'être directrice artistique et de veiller au grain. Inutile de chercher...  

"Qui som ?" Non plus "être ou ne pas être", mais recolorer la vie en explosant les disciplines… - 28/01/2025

Comme un ovni venu de quelque planète facétieuse, l'énergie fabuleuse de Baro d'evel, troupe franco-catalane, fait voler en éclats les cadres contraignants des disciplines, de la discipline ! Une cohorte d'artistes aux allures faussement sages, venus indifféremment du cirque, de la danse, de la musique, des arts plastiques et artisanaux pour former communauté artistique, conjuguent à l'envi leurs...  

BIAC 2025 Circus Baobab "Yongoyély" Un cri de corps pour clamer l'insupportable violence encore généralisée en Guinée - 24/01/2025

Ce sont 75 % des femmes guinéennes en 2020 qui sont encore excisées de nos jours. Un rituel de passage de la culture traditionnelle qui continue à être pratiqué sur les petites filles de cinq ans, avec toute la douleur, la stupeur, l'absence d'hygiène que cette mutilation engendre. Un rituel que la société guinéenne continue à considérer comme une norme. Ce seront donc les corps, ces corps...  

Sale temps pour les clowns ! Hommage à Howard Buten - 18/01/2025

Quelques jours à peine après la disparition de Gilles Defacque, c'est Howard Buten qui s'éclipse en ce début d'année 2025. Lui qui en général ne faisait rien comme tout le monde a disparu le 3 janvier, jour que les statisticiens définissent comme étant celui du record annuel du nombre de décès. Il se trouve que c'est Gilles qui avait accueilli, en tant que directeur du Prato, la dernière...  

"Moya" Du cirque coloré, dansé, théâtral, musical et inclusif ! - 15/01/2025

Ils sont d'Afrique du Sud et apportent avec eux leur culture en mariant le cirque avec de la musique, de la danse, des chansons et du théâtre. Dans ce kaléidoscope artistique, Zip Zap Circus délivre aussi, dans son univers de facéties et de joie, un message politique en œuvrant activement depuis plus de trente ans à la cohésion sociale dans leur pays. Ils sont dix et viennent avec un message...  

Bravo ! Le Prato… Hommage à Gilles Defacque - 31/12/2024

Retracer une prodigieuse aventure clownesque, unique et exceptionnelle, qui a marqué de manière indélébile le spectacle vivant et les arts du cirque, c'est le pari fou et réussi de l'ouvrage "Le Prato, un théâtre international de quartier"… Une occasion richement illustrée et documentée de découvrir le parcours singulier de Gilles Defacque (1945 - décembre 2024), mais aussi celui de Patricia...  

"Le Bruit" Oyez la fabuleuse histoire de la grande famille du cirque ! - 07/03/2024

Un chapiteau dressé sur un espace non construit de la rive droite de La Garonne, ses caravanes habitées par les saltimbanques et leur famille en sa périphérie, et, par cette soirée fraîche de fin février, son feu de camp réchauffant les spectateurs attirés par "le bruit" colporté jusqu'à leurs oreilles par le vent complice… Réveillés d'emblée par ce décorum circassien échappé d'un rêve ancien,...  

"A Simple Space" Acrobaties aériennes contre force gravitationnelle - 22/12/2023

Ils sont huit artistes à défier la gravitation qui ancre, entre autres, la plante des pieds des êtres humains sur la surface terrestre, avec des figures acrobatiques en solo ou en groupe, dans une configuration de jeux et de concours entre eux. La création de la compagnie australienne "Gravity & other myths" offre avec "A simple space", un spectacle dans lequel le sourire et la jovialité font...  

"Little Garden" révèle la drôle de faune qui est en nous - 06/07/2023

C'est devant un mur d'arbres, posés sur l'herbe, que l'on nous a dit de nous installer. Confortablement assis sur des petits carrés de moquette pour ne pas subir l'humidité et éviter de nous retrouver, pantalon, jupe ou robe, tachés de vert. Certains assis en tailleurs, d'autres les jambes allongées. Un des spectateurs avait même porté une chaise jusqu'ici pour assister au spectacle, "Little...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024