La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Espia a una mujer…", une pièce contemporaine… comme un Tchekhov d'après - 07/11/2016

Le titre de la pièce est en espagnol car l'auteur Daniel Veronese est argentin mais le spectacle, en français, mis en scène par Guy Delamotte, raconte une histoire d'origine russe. Celle d'un écrivain célèbre et souffreteux qui, accompagné de sa belle et bien plus jeune épouse, retourne dans sa maison d'une province reculée et malsaine. Patagonie, Sibérie… Chacun connaît ces "finistères"...  

"Moi et François Mitterrand"… lettre à l'être - 04/11/2016

Hervé le Tellier, auteur et personnage de la pièce, tient une correspondance avec François Mitterrand. Entre rêves, mythomanie et réalité, le personnage nous fait revivre un passé politique où la figure présidentielle tient lieu de compagnon de route. Sacré Hervé Le Tellier, non content d'être mathématicien et de manier les nombres, il joue avec la langue française en fidèle membre de l'Oulipo...  

"La Louve"… François en jeune premier - 28/10/2016

Grâce à Daniel Colas, nous entrons dans l'Histoire de France par ses coulisses où intrigues amoureuses, diplomatiques et sexuelles se lient pour faire d'un Valois, François 1er, un roi par la grâce d'une mère, Louise de Savoie. La pièce traite de François 1er (1494-1547) et de son accession presque manquée au pouvoir. Mais, grâce à sa mère, Louise de Savoie (1476-1531), interprétée par Béatrice...  

"Monsieur Kaïros"… Relier les imaginaires que tout semble séparer - 24/10/2016

Dans "Monsieur Kaïros" de Fabio Alessandrini, le héros est un écrivain qui tâtonne, bute sur la page. Le personnage de son roman en gésine est un médecin militaire qui zigzague dans le désert d'Afghanistan, sauvant les vies, accompagné de sa belle assistante et de ses interprètes lorsque explose une bombe. Par la nécessité du récit, il a survécu secouru par un inconnu. Hébété. L'écrivain a un...  

"Les Enfants du Paradis"… Soutenir la force de l'Art contre les armes - 11/10/2016

Quand les témoignages familiaux, historiettes et anecdotes rejoignent la Grande Histoire et que l'histoire est belle et se finit bien, il est doux de pouvoir dire : "mon grand père, ce héros" et d'en partager le mythe. Dans "Brasseur et Les Enfants du Paradis", Alexandre Brasseur retrace la vie et l'activité de Pierre Brasseur lors du tournage des "Enfants du Paradis". Film célébrissime dont le...  

Les insoumises... entre intimité, récit et chant - 10/10/2016

Trois pièces composent "Les insoumises" dans lesquelles Isabelle Lafon a réuni Lydia Tchoukovskaïa, Virginia Woolf et Monique Wittig autour d'une discussion, d'un journal raconté et d'un texte chanté. C'est l'intimité des mots qui ouvre sa porte à l'expressivité des sentiments. La Colline propose un triptyque théâtral intitulé "Les insoumises" avec trois pièces, "Deux ampoules sur cinq", "Let me...  

Seuls… avec lui-même et avec les autres - 04/10/2016

Le dramaturge Wajdi Mouawad se fait acteur et metteur en scène pour traiter son thème de prédilection qui est celui des origines. Presque seul, le personnage se questionne en esquissant une mise en perspective autour de sa famille et de son histoire. Un lit contre un mur ocre, un téléphone posé par terre, un homme en caleçon qui marche dans la pièce. Il est seul avec ce téléphone qui ne sonne...  

A todo señor todo honor ! - 03/10/2016

Lorsqu'un livre à la main (c'est le "Dom Juan" de Molière) une femme âgée, un homme âgé montent sur la scène et que le rideau s'ouvre... c'est comme un miracle qui s'accomplit. La compagnie ibéro-portugaise Voadora qui vole de ville en ville depuis Saint-Jacques-de-Compostelle réalise à chaque étape de son périple un spectacle sur Dom Juan. Élaborée, par un collectif de volontaires, tous seniors,...  

"Dom Juan" par Sivadier… Une approche de perfection formelle portée par l'excellence des comédiens - 22/09/2016

Jean François Sivadier met en scène "Le Festin de pierre" ("Dom Juan") que Molière créa durant une période de Carnaval. Et à l'évidence, le personnage principal n'est pas celui qu'on croit. Car Don Juan (Nicolas Bouchaud), rejeton d'une grande lignée, qui fait ostentation de méchanceté et d'impiété, est en cavale après qu'il ait enlevé, séduit et abandonné une jeune fille. Il a en face de lui un...  

Rendre sensible le rêve insaisissable d'un bonheur paisible petit bourgeois - 19/09/2016

Le passage du plein air à la salle constitue pour une mise en scène une véritable épreuve de vérité. Assurément le spectacle de Didier Bezace, qui rassemble trois pièces courtes de Feydeau, renforce à l'Aquarium son unité et atteint une puissance renouvelée. Le spectacle stabilise en une fable unique trois histoires qui pointent la guérilla domestique entre époux et qui s'exacerbe à l'arrivée...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024