La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"Les Enfants du Paradis"… Soutenir la force de l'Art contre les armes

"Brasseur et Les Enfants du Paradis", Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris

Quand les témoignages familiaux, historiettes et anecdotes rejoignent la Grande Histoire et que l'histoire est belle et se finit bien, il est doux de pouvoir dire : "mon grand père, ce héros" et d'en partager le mythe.



© Juliette Brass.
© Juliette Brass.
Dans "Brasseur et Les Enfants du Paradis", Alexandre Brasseur retrace la vie et l'activité de Pierre Brasseur lors du tournage des "Enfants du Paradis". Film célébrissime dont le tournage dura plus de deux ans, du débarquement de Sicile, Stalingrad, Jean Moulin, la Gestapo jusqu'à sa sortie le 9 mars 1945. Et pour ce qui concerne Pierre Brasseur, personnage haut en couleurs, jouisseur, hâbleur, plein de faconde, et pourtant plein de sagesse. Le comédien ressent en effet profondément l’ambiguïté de vivre et de survivre en ces temps de fer qui sont ceux de sa jeunesse.

C'est avec beaucoup de tact et de force qu'Alexandre Brasseur inscrit sa personnalité dans les traits et gestes de son ancêtre ; et c'est avec émotion que le spectateur partage les petits moments de funambulisme volés par les artistes à l'Occupation, et alors reliés à un avenir qui n'existe pas encore. Au risque de la collaboration , au risque de l'incarcération.

Il ressent comment la joie de vivre et la foi en l'Art sont une force, installent un courage paradoxal et tenace, une forme d'héroïsme du quotidien victorieux jeté à la face de la censure et de l'occupant.

© Juliette Brass.
© Juliette Brass.
C'est Marcel Carné qui sut cacher Alexander Trauner et Joseph Kosma au nez et à la barbe de la police française et de la Gestapo, qui sut faire attendre avec entêtement ses commanditaires, retarder les échéances, pour que son film, ce film soit celui de la Libération et des foules en liesse. C'est Trauner et Kosma échappant à la mort. C'est Arletty amoureuse d'un officier allemand. C'est Pierre Brasseur jaloux. Et jouissant de sa notoriété.

L'histoire de Pierre Brasseur et des "Enfants du Paradis" est portée par son petit fils dont le visage et le corps présentent un phénomène troublant de filiation. Qui pourtant reste distancié. Alexandre Brasseur, dans ce dialogue délicat avec le public et ses fantômes familiaux, dépasse l'anecdote et donne en partage une image glorieuse et familière, réunit tous les imaginaires. Les siens, ceux du public. Ceux de Jacques Prévert qui tout au long de l'aventure du tournage soutint la force de l'Art contre les armes.

Et chacun à l'issue du spectacle éprouve la force de l'amour, de la liberté, de l'espoir. A les yeux de Frederick Lemaître pour Garance, de Pierre Brasseur pour Arletty.

"Brasseur et Les Enfants du Paradis"

© Juliette Brass.
© Juliette Brass.
Écriture et mise en scène : Daniel Colas.
D’après une idée de Alexandre Brasseur.
Avec : Alexandre Brasseur et Cléo Sénia.
Assistante à la mise en scène : Stéphanie Froeliger.
Décors : Jean Haas.
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz.
Lumières : Kévin Daufresne.
Musique : Stéphane Green.
Vidéo : Olivier Bemer.

À partir du 15 septembre 2016.
Du mardi au samedi à 19 h ou 21 h en alternance.
Samedi à 17 h en alternance.
Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris 10e, 01 42 08 00 32.
>> petitstmartin.com

Jean Grapin
Mardi 11 Octobre 2016


1.Posté par SOPHIE HEMIN le 01/02/2021 19:40
J aimerai bien faire partie de votre association

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024