La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Comme un éternel féminin… Emma, une femme qui se faisait son cinéma - 16/09/2017

Sur scène Cendre Chassanne est radieuse. Toute à son émoi depuis qu'elle a lu Emma Bovary et que, dans l'enthousiasme, elle en entreprend, à la table de travail, une adaptation filmique. Exaltée, concentrée, mais aussi coléreuse au fur et à mesure que son intimité entre en résonance avec celle d'Emma, elle parle à son public (lui bien réel), à François Truffaut (son idole), à Gustave Flaubert...  

"Les Noces de Betìa"… la Renaissance dans son essence - 15/09/2017

René Loyon nous fait redécouvrir le théâtre de l'époque de Léonard de Vinci (1452-1519) et de Michel-Ange (1475-1564). Dans le texte de Ruzante, l'amour est vu au travers de propos et de gestes autant audacieux que maladivement timides, avec des personnages en proie à une liberté des sens enchaînée par des pulsions débridées. La Renaissance (~1300-~1650), époque riche de créations artistiques où...  

Les amours de Simone de Beauvoir ou raconter la femme à travers les femmes : un exercice périlleux… - 14/09/2017

Simone de Beauvoir est une des plus grandes figures féminines françaises. On la connaît essentiellement en tant que romancière et philosophe. C'est également une femme qui a beaucoup milité pour ce en quoi elle croyait. Féministe, elle défend la liberté et les droits de la femme. Elle partage sa vie avec le réputé philosophe et écrivain qu'est Jean-Paul Sartre. Tous deux ont un accord : leur...  

"à2pas2laporte", une invitation à la métaphore du voyage immobile - 13/09/2017

C'est au fil des jours qui passent, protégé par un long mur et sa fenêtre, calme et serein, un homme en son logis. Les saisons, la pluie, le soleil, la guerre, la joie se perdent dans un infini. Celui de la rêverie. De sa rêverie. Et, de proche en proche, l'éveil d'une conscience qui comme qui dirait s'émerveillerait et pourtant serait plongée dans une intranquillité de l'être et tâtonnerait...  

Quand l'insolence devient une bouffée d'oxygène, d'intelligence et d'esprit - 12/09/2017

Le verbe haut, la verve, le langage comme arraché de la terre même avec sa poésie, sa rugosité, son franc-parler, mêlant dialectes vénitiens, idiomes padouans, expressions populaires et citations en latin tirées des évangiles ou d'Aristote, voilà la matière d'un auteur de la renaissance italienne, Ruzante, avec laquelle René Loyon découpe une fenêtre sur un monde oublié. Un monde fleuri, pimpant,...  

Novecento… un solo théâtral et jazzy talentueux ! - 11/09/2017

Dans une magnifique interprétation, André Dussollier fait revivre la vie d'un jeune prodige pianiste qui a enchanté les mers et les océans. Il prend la double casquette du metteur en scène et du comédien pour nous conter cette histoire. Novecento est ce pianiste qui jouait sur un bateau, et dont la réputation l'avait suivi jusqu'à Jelly Roll Morton (1890-1941), inventeur autoproclamé du jazz, qui...  

Gauthier Fourcade charge à la Don Quichotte le réalisme, le déterminisme et la logique d'un monde idiot comme un moulin à vent - 30/08/2017

Voilà la question. Liberté ! Au singulier et avec un point d'exclamation. Et avant tout, la liberté de choisir. C'est ce qui vient immédiatement à l'esprit face aux propositions de nos sociétés surconsommatrice, et pas seulement consommatrices en denrées, en produits manufacturés mais aussi en pensées, en pensées prêt-à-porter, en gens, en relations. En humains. Alors voilà le personnage...  

"Fausse Note"… Face à face entre passé et présent, entre bourreau et victime - 09/09/2017

Didier Caron signe ici un délicat face à face sur un sujet glissant qui aurait pu tomber dans le pathétisme ou le dogmatisme mais qui évite soigneusement ces écueils. L'ombre du passé visite un ancien nazi pour que soit révélée la vérité. Un sujet grave pour une pièce qui parvient à rester sur le fil de la comédie grâce à une structure narrative flirtant avec l'enquête policière. C'est la...  

"Les femmes savantes"… toujours aussi corrosif ! - 29/08/2017

La compagnie du Mystère Bouffe rempile pour une nouvelle édition son festival des tréteaux nomades autour de Tirso de Molina, Molière, William Shakespeare et Aimé Césaire. Le brassage des histoires et des époques montre un théâtre toujours en proie à l'amour et au Pouvoir. Le festival en est à sa dix-huitième édition. La programmation est composée de "Don Juan" (1630) de Tirso de Molina (1580...  

"La Cantatrice chauve"… Une merveilleuse et brève histoire du temps* - 25/08/2017

En réponse à la Seconde Guerre mondiale, un nouveau courant littéraire émerge : celui de l'absurde. Des dramaturges, tels Ionesco et Beckett pour ne citer que les plus connus, s'interrogent sur le non-sens de la vie qui conduit inéluctablement à la mort. "La Cantatrice chauve" est la première pièce se réclamant de ce genre. Ionesco la définit même comme une "anti-pièce", c'est de l'"antithéâtre"....  
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À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
Spectacle à la Une

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023