La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Avignon Off 2012 : Res Publica : un théâtre civique... une naissance heureuse au sein de la république des lettres - 26/06/2012

"La famille devient tribu, la tribu devient nation. Chacun de ces groupes d’hommes se parque autour d’un centre commun… Le camp fait place à la cité… Cependant les nations commencent à être trop serrées, elles se gênent et se froissent…" "La poésie devient épique…" Victor Hugo, préface de Cromwell. Depuis la naissance de la première République, depuis Valmy et son cri prodigieux de "Vive la...  

Jeanne d'Arc façon Anouilh... un véritable bonbon à savourer en souriant ! - 21/06/2012

Jeanne d’Arc… Un mythe. Une jeune fille innocente et pleine de bon sens, diablement forte et courageuse… La petite bergère, seule, face à la justice des hommes, va revivre son épopée devant les juges. Avec son esprit aiguisé et son sens de l’humour, Jean Anouilh dresse, loin des représentations habituelles de Jeanne, le portrait d’une femme passionnée et éternellement moderne, devenue immortelle...  

Marcel Bozonnet conjugue les contraires comme autant de variations du destin - 12/06/2012

"La Princesse de Clèves" (roman écrit en 1672 par Madame de La Fayette ) déroule, sur le mode d’une chronique à la lucidité étonnante, le spectacle d’une vie de cour. Celle d’Henri II travaillée par les soucis de représentation, à la conjonction des convenances et des sentiments. Prise dans les rets des regards de cette société du spectacle qui la scrute avec avidité et cruauté, Madame de Clèves...  

Des quadruplés à l'état de travestis de music-hall version nanars ! - 07/06/2012

Dans "Les Quatre Jumelles", Copi fait vivre à ses quatre protagonistes atteints de gémellité prodigieuse une fin de cavale en Alaska. De celles qui voient les fugitifs s’entretuer en vivant la fin de leurs rêves qui est aussi celle de leur vie. Héros sordides se volant le pognon pour pas un rond. En multipliant les scènes de crime, en réitérant les morts et les résurrections l’auteur fait...  

Amphitryon... Face au mensonge, la seule vérité est celle de la machine théâtrale - 05/06/2012

"Un partage avec Jupiter/N’a rien du tout qui déshonore" À la faveur de la nuit, le roi des dieux, Jupiter soi-même, remplace Amphitryon dans le lit conjugal… À l’époque des faits, Louis XIV lorgne l’épouse du marquis de Montespan qui, lui, ne se sentira pas du tout mais alors pas du tout honoré… La pièce de Molière, écrite en vers libres, inspirée de Plaute et Rotrou, est habilement courtisane...  

Une balade mortuaire, contemporaine et décapante... au goût amer du sarcasme - 25/05/2012

Aride Mancha, légendaire province espagnole, célèbre pour son don quichottisme... Sa traversée de nuit via l’autoroute par deux minables au volant d’un coupé Mercedes blanc convoyant le cadavre du maghrébin qu’ils ont assassiné donne l’occasion d’observer une tranche de vie contemporaine plus que décapante. L’adaptation de la balade des noyés (roman de Carlos Eugenio Lopez) par Eva Vallejo et...  

Questionnement de l'Art dans sa relation au témoignage... Comme un hommage aux artistes de l’Art Brut - 21/05/2012

La troupe O.p.U.S., qui rassemble art théâtral et arts plastiques, procure de bien beaux ébahissements familiaux. Derrière l’Office des phabricants d’Univers Singuliers se cachent de formidables saltimbanques illusionnistes aux allures de gardiens des traditions… Avec son génie du bricolage qui investit l’objet artisanal tout autant que la forme de la conférence et la manière des légendes...  

Un objet esthétique qui interroge sur l’état de l’Art, sur la grâce... - 16/05/2012

Un patron tyrannique qui agglomère de façon chaotique les activités voudrait être glorifié par son personnel et pour cela fait une bonne œuvre en lui léguant alors qu’il se sait mourant ses établissements (magasins, cimenteries, bars de nuit, etc.). Les employés déculturés par le mode de management qui ménage si peu les hommes et les femmes échouent dans l’entreprise au risque du ridicule ou de...  

Avignon Off 2012 : Management par une terreur froide... Ou le diktat de la productivité et du marketing - 30/04/2012

Dans l’entreprise familiale décrite par Michel Vinaver dans "Les Travaux et les Jours", le service après-vente n’a pas beaucoup d’activité car le produit phare, le moulin à café, est simple fiable et de qualité. Le petit service après-vente dans son quotidien parait donc un peu désœuvré… C’est un microcosme humain à dominante féminine vivant sur lui-même, installé dans la très longue durée et...  

Pouic-Pouic, le gallinacé au beau costume... mais pas forcément bien ajusté ! - 27/04/2012

Léonard Monestier, homme d’affaires avisé, cherche à se débarrasser d’une concession pétrolière sans valeur que son épouse, Jacqueline, a achetée à un escroc. Il jette alors son dévolu sur Antoine Brévin, un milliardaire courtisant sa fille Patricia, qui pourrait être le parfait pigeon… Eh bien, je suis sorti plutôt circonspect des Bouffes Parisiens avec, à l’esprit, plus de négatif que de...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024