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Théâtre

La Réunification des deux Corées : Le roman des évitements amoureux

"La Réunification des deux Corées", Odéon Ateliers Berthier, Paris

[Reprise] C’est par un long corridor que vont et viennent les personnages de la dernière pièce de Pommerat, "La Réunification des deux Corées", qu’en tant qu’artiste associé il présente au théâtre de l’Odéon salle Berthier. Pommerat avec une forme de cruauté égrène les tableaux des destins contrariés et des hasards farceurs de tragédie.



© Élisabeth Carecchio.
© Élisabeth Carecchio.
Passants, hommes et femmes, ils sont de ceux et celles que l’on rencontre tous les jours. Anodins, quotidiens, à la recherche, banalement, d’une stabilité amoureuse. Retrouvés séparés. Un tiers malin réel ou imaginaire les empêche de fusionner leurs mondes opposés. Chacun y retrouve ses petits.

Un petit rien de retour du passé, un mot déplacé font s’échapper le rêve qui se cristallisait, occasionnent drames et ruptures. Mariage brisé juste avant la présentation au maire, scène primitive des amours de fête foraine sur les autos tamponnantes, cancans des uns et des autres, foire aux vérités pas bonnes à dire. Solitudes sordides des enfants de baloche fascinés par les sosies rock-pop ou des bourgeois délirants mangés par le maintien de leur réputation.

Les duos amoureux achoppent au quotidien et dégénèrent en duels coriaces et acharnés qu’aucun effort diplomatique ne peut empêcher. Un échange de prisonnier à la frontière coréenne semble, en effet, plus facile à réaliser que l’échange des sentiments en occident…

© Élisabeth Carecchio.
© Élisabeth Carecchio.
Très ingénieux dans leur grand talent à détruire leurs rêves à l’instant même où ils se réalisent, les héros de Pommerat, dans une pauvreté apparente de moyens, voient s’échapper sans cesse ce qu’ils acquièrent.

Le dispositif en bi-frontal, plongé dans une ombre nocturne, dessine un "no man’s land", tout à la fois pont d’une fuite éperdue vers la liberté, podium de gloire ou fosse aux lions, ou… galerie de genre d’un musée des beaux-arts.

Les épisodes alternent sans autre lien apparent que de se situer dans ce point de passage.

Toutes les scènes sont des instantanés, des tranches de vie. Prises sur le vif. Au hasard semble-t-il. Et très précisément orchestrées.

© Élisabeth Carecchio.
© Élisabeth Carecchio.
Pleins de vie, à la fois pittoresques et minutieux, que ce soit dans le registre de la langue ou de la représentation de l’apparence sociale, les portraits sont frappés au coin de l’ironie.
Pourtant, à l’opposé de toute moquerie ou sarcasme, le croquis, le miroir tendu au public de manière étrange prennent les voies d’un irrésistible comique.

Dans le rythme tendu de son spectacle, dans la chaleur d’un noir et d’un blanc, d’un clair obscur qui atteint des niveaux de perfection, l’auteur (et metteur en scène) installe son spectateur en observateur impliqué. Le public applaudit devant la justesse des mots qui font mouche, des images qui font tilt, pleinement complice d’une forme d’humour dévastateur qui installe sur scène l’homme se prenant les pieds dans le tapis de sa propre ruse.
À la manière de Guardi, la lorgnette est pointée à ce point de tension qui donne à chacun son instant et son instinct de beauté.

Et comme ce galopin d’Éros, éternel enfant errant sans domicile fixe qui tient de sa mère le sens de l’indigence et de son père une habileté ardente, Joël Pommerat propose une comédie. Sitôt apparu, sitôt disparu, l’effet théâtre joue en effet à plein.

"La Réunification des deux Corées"

Une création de Joël Pommerat.
Mise en scène : Joël Pommerat.
Scénographie et lumière : Éric Soyer.
Avec : Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Yannick Choirat, Philippe Frécon, Ruth Olaizola, Marie Piemontese, Anne Rotger, David Sighicelli, Maxime Tshibangu.
Costumes : Isabelle Deffin.
Son : François Leymarie.
Vidéo : Renaud Rubiano.
Musique originale : Antonin Leymarie.
Durée : 1 h 50.

Du 17 janvier au 3 mars 2013.
Mardi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Odéon Ateliers Berthier, Paris 17e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu
Puis tournée...

Reprise
Du 10 décembre 2014 au 31 janvier 2015.
Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 15 h.
Le mercredi 24 décembre à 19 h 30. Relâche exceptionnelle le jeudi 25 décembre.
Mercredi 31 décembre à 20 h : avec coupe de champagne.
Représentations avec audiodescription :
18 janvier à 15 h et mardi 20 janvier à 20 h.
Odéon Théâtre de l'Europe, Ateliers Berthier, Paris 17e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu

Jean Grapin
Lundi 4 Février 2013

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Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.

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