La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Une étrangère d’origine... Govori beulgarski !*

"Les Tribulations d'une étrangère d'origine", Théâtre Ouvert, Paris

Élizabeth Mazev qui fait du théâtre depuis le cours élémentaire avec Olivier Py qui accompagna Jean-Luc Lagarce, joue avec la complicité de François Berreur "Les Tribulations d’une étrangère d’origine". Dans cette pièce écrite par elle, Élizabeth Mazev parle de sa Bulgarie et d’elle-même.



© Christian Berthelot.
© Christian Berthelot.
Elle assume avec cran sa biographie. Et le récit de ses trois voyages en Bulgarie avec son père, avec son mari Olivier, seule, dépasse de très loin le simple témoignage personnel. En trois époques se dévoilent le changement des regards dans l’avant et l’après de la chute du rideau de fer. De l’enfant à l’après de son enfance aussi.

La comédienne raconte avec une distance amusée l’éveil de la conscience de la femme qu’elle devient et restitue avec beaucoup de chaleur les manières fraternelles et pittoresques des personnes qu'elle a croisées dans sa vie de par de-ci et par-delà la Maritza.

La Bulgarie ? C’est le pays du père et de la mère. Exilés en France. Trop longtemps interdite.

© Christian Berthelot.
© Christian Berthelot.
La Bulgarie ? Tout juste connue, par la saveur des colis reçus, par cet accent d’Europe de l’Est qu’ont les parents, par les récits familiaux embellis pour oublier l’exil.

La Bulgarie ? C’est là que roulent les R, où les hommes font des pinçons, là où sont des espions, là où il y a les cousines, les moustiques, etc. C’est toujours dans ce récit très vivant par un détail concret que se dénouent les illusions et que se crée l’attachement.

Avec ce matériau, Élizabeth Mazev développe le goût de l’épopée et dévoile celui de l’intime et sa pudeur. Elle donne à voir et entendre l’éternel voyage de ces comédiens, étourdis d’humour par leurs propres ressorts comiques, qui partent à la rencontre de leurs personnages que nourrissent le pittoresque d’une fripe, un fichu imprimé, une valise.

Tout dans ce spectacle prend la saveur de la juste mesure. Celle de l’accommodation des sensations et de la conscience. Peut-être que le spectateur peut se demander à l’unisson du personnage si elle n’a jamais vraiment existé cette Bulgarie.

© Christian Berthelot.
© Christian Berthelot.
Force du mythe et du talent : elle est, à l’évidence, bien là, sur le plateau, revêtue de l’épaisseur du temps qui passe et la persistance de l’enfance. Car la comédienne la parle tellement bien.

Dans ces tribulations se mettent en place les conditions de la construction de la mémoire et de l’identité partagées. Celles de l'incarnation.

* Parle bulgare !

"Les Tribulations d'une étrangère d'origine"

© Christian Berthelot.
© Christian Berthelot.
Texte : Élizabeth Mazev.
Mise en scène, scénographie : François Berreur.
Avec : Élizabeth Mazev.
Lumières : François Berreur, Bernard Guyollot.
Costumes : Nathy Polak.
Musique : Christian Girardot, d'après la chanson populaire "Mon pays, ma Bulgarie".
Assistante à la mise en scène : Marie Delaby.
Durée : 1 h 20.

Du 12 février au 2 mars 2013.
Mardi à 19 h, du mercredi au samedi à 20 h, matinée le samedi à 16 h (relâches exceptionnelles : vendredi 15 février à 20 h et samedi 2 mars à 16 h).
Théâtre Ouvert, Paris 18e, 01 42 55 55 50.
>> theatre-ouvert.net

Jean Grapin
Mardi 12 Février 2013

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"Différente" Carolina ou "Cada uno es un mundo (Chacun est un monde)"

Star internationale à la frange rouge, Carolina est de retour en France, après sa tournée mondiale. Heureuse de retrouver son public préféré, elle interprète en live des chansons populaires qui touchent le cœur de toutes les générations.

© Audrey Bären.
Mais qui est donc cette incontournable Carolina ? Ou, plus exactement, qui se cache derrière cette artiste plutôt extravagante, à la folie douce ? De qui est-elle l'extension, au juste ?

L'éternelle question autour de l'acte créatif nous interpelle souvent, et nous amène à nous demander quelles influences l'homme ou la femme ont-ils sur leurs "créatures" fabriquées de toutes pièces ! Quelles inspirations les ont portées ! Autant de questions qui peuvent nous traverser particulièrement l'esprit si tant est que l'on connaisse un peu l'histoire de Miguel-Ange Sarmiento !

Parce que ce n'est pas la première fois que Carolina monte sur scène… Décidément, elle en a des choses à nous dire, à chaque fois. Elle est intarissable. Ce n'est pas Rémi Cotta qui dira le contraire, lui qui l'accompagne depuis déjà dix ans et tire sur les ficelles bien huilées de sa vie bien remplie.

Rémi Cotta, artiste plasticien, graphiste, comédien, chanteur lyrique, ou encore metteur en scène, sait jouer de ses multiples talents artistiques pour confier une parole virevoltante à notre Carolina. Il suffit de se souvenir du très original "Carolina Show", en 2010, première émission de télé sans caméra ayant reçu de nombreux artistes connus ou moins connus ou le "Happy Show de Carolina", ainsi que les spectacles musicaux "Carolina, naissance d'une étoile", "Le Cabaret de Carolina", ou encore " Carolina, L'Intelligence Artificielle".

"Différente" est en réalité la maturation de plusieurs années de cabarets et de spectacles où Carolina chante pourquoi et comment elle est devenue une star internationale tout en traversant sa vie avec sa différence". Miguel-Ange Sarmiento.

Brigitte Corrigou
08/11/2024
Spectacle à la Une

"Tout va très bien !" Le Grand Orchestre du Splendid, bon pied bon œil, revient avec de la musique sur tous les fronts

Voir les choses en grand tout en restant léger ! Prendre du plaisir et, surtout, en donner ! Voilà la philosophie du Grand orchestre du Splendid qui régale le public depuis 1977. Bientôt 50 ans… Bientôt le jubilé. "De la musique avant toute chose" et vivre, vivre, vivre…

© Aurélie Courteille.
En 1977, quelques amis musiciens professionnels se retrouvent entre eux et décident de s'amuser en réinterprétant des classiques tels que ceux de Ray Ventura ou de Duke Ellington. Ce qui ne devait être qu'un plaisir entre copains devient vite un succès immédiat qui dure depuis presque 50 ans. Mais quel est donc le secret de cette longévité entre rythmes endiablés, joyeuses cadences et show totalement désopilants ?

Ne le leur demandez pas ! Ils ne vous en diront rien… Si tant est qu'ils le sachent eux-mêmes, tant cette énergie semble ancrée en eux depuis toutes ces années, indéfectible, salvatrice et impérissable.

Entre swing, jazz, salsa, reggae – quatre de leurs principales influences –, ou encore fiesta et mises en scène délirantes, les quatorze chanteuses et musiciens de l'Orchestre mythique enchantent le public, sur la scène du Café de la Gare, depuis le 11 novembre. Comme à leurs premières heures, et en échappant pourtant aux codes et impératifs de la mode, ils nous donnent irrésistiblement envie de monter sur scène pour danser à leurs côtés sur le plateau, frétiller, sautiller, et tout oublier l'espace de quelques instants. Leur énergie communicative est sans failles, et gagne sans commune mesure toutes les générations. Les cuivres étincellent. Les voix brillent de mille feux sonores.

Brigitte Corrigou
13/11/2024
Spectacle à la Une

"Jacques et Chirac" Un "Magouille blues"* décapant et burlesque n'occultant pas le mythe du président sympa et séducteur

Une comédie satirique enjouée sur le pouvoir, le mensonge et la Cinquième République portée par une distribution tonitruante et enthousiaste, dégustant avec gourmandise le texte de Régis Vlachos pour en offrir la clownesque et didactique substantifique moelle aux spectateurs. Cela est rendu aussi possible grâce à l'art sensible et maîtrisé de l'écriture de l'auteur qui mêle recherche documentaire affinée, humour décapant et bouffonnerie chamarrée pour dévoiler les tours et contours d'un Jacques sans qui Chirac ne serait rien.

© Fabienne Rappeneau.
Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.

La diversité des personnalités importantes qui marquèrent le début de son chemin politique joue tout autant la complexité : Michel Rocard, André Malraux et, bien sûr, Georges Pompidou comme modèle, Marie-France Garaud, Pierre Juillet… et Dassault comme portefeuille ! Le tout agrémenté de nombre de symboles forts et de cafouillages désastreux : le bruit et l'odeur, la pomme, le cul des vaches, les vacances à l'île Maurice, les amitiés avec les despotes infréquentables, l'affaire ELF, etc.

Gil Chauveau
03/11/2024