La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Loki", un conte qui, l'air de rien, finit en apothéose wagnérienne - 10/03/2016

C'était durant le long temps d'avant : avant qu'il était une fois. Il n'y avait rien ou plutôt si. Il n'y avait que Niflheim si glacé. Il y avait aussi Muspel tout feu flamme et au milieu un gouffre de néant Ginnungagap. Du choc de leur rencontre, une forme gigantesque Ymir engendra tous les géants… les jotuns, les trolls, les ogres et toutes sortes d’autres… Abbi Patrix et son supplément dame...  

"Les Liaisons dangereuses"… Intrigues et érotisme avant la lettre - 09/03/2016

Christine Letailleur met en scène, autour de Dominique Blanc et Vincent Pérez, le roman épistolier de Choderlos de Laclos dans des situations où la parole prend de court l'écrit, où l'action supplante le verbe et où l'amour n'est qu'un prétexte à l'intrigue. De Choderlos de Laclos, il est resté un chef-d'œuvre, "Les liaisons dangereuses" (1782), composé à une époque où le traité de Paris (1763)...  

"Réparations en cours" : donner une conscience aiguë de la théâtralité de l'homme… et des femmes ! - 25/02/2016

L'action de "Réparations en cours" se situe entre la table et le fauteuil. L'histoire est simple, Un personnage prépare le repas, l'autre un exposé savant pour une grandes cause. C'est drôlissime. Le couple s'agite… La distribution des tâches, la répartition et la hiérarchisation des fonctions, l'attribution des rôles à l'un et à l'autre en fonction des compétences et des goûts sont...  

"Tartuffe"… dévotion ? Tout de travers ! - 12/02/2016

Il y a des classiques que l’on croit connaître sur le bout des répliques et pourtant, quand la mise en scène est faite par un grand metteur en scène comme Luc Bondy, c’est une redécouverte. Tartuffe se dévoile sous un nouvel aspect et une nouvelle allure. Ce n’est pas tartufferie que ce théâtre-là. Le jeu de mots était facile* mais le grand Luc Bondy, qui a malheureusement disparu le 28 novembre...  

Un "Polyeucte" consistant dans une mise en scène éclatante de Brigitte Jacques-Wajeman - 11/02/2016

"Vous voulez donc mourir ? Vous aimez donc à vivre ?" En deux répliques, en un face à face terrible, deux hommes de puissance et de pouvoir, Sévère et Polyeucte, s'affrontent et se défient à mort. Tout est dit. La tragédie est nouée. Le fil est simple : Pauline et Sévère s'aiment. Ils sont sujets de l'empereur et de la religion romaine. Pauline est mariée à Polyeucte, prince allié de Rome....  

"Dialogues d'exilés" par Mellor : une version en expansion de bonheur dans le malheur des temps - 10/02/2016

L'un est physicien, l'autre est ouvrier. Ziffel et Kalle. Dans la proposition d'Olivier Mellor pour "Dialogues d'exilés" de Bertolt Brecht, l'un est grand et puissant, l'autre gringalet et un tantinet hargneux. Leur attelage épouse les contours de duos comiques. L'action se déroule dans une arrière-salle, lieu de nulle part où trois musiciens, trois caboches de balochards (joyeux drilles au...  

Un coup de griffe théâtral salvateur par un jeune collectif félin aux ambitions mordantes - 18/10/2016

Reprise ! Un tout jeune collectif de comédiens, "M.I.A.O.U." (1), pétris de louables intentions et portant haut leurs revendications théâtrales, présente sa deuxième création (2), "Il faut parfois se servir d'un poignard pour se frayer un chemin", au Théâtre de Belleville. Il faut sans tarder aller les voir et les entendre car ils sont bourrés d'un talent prometteur et ils y sont pour très peu de...  

"Dorothy Parker"… Elle n'excuse rien ! - 30/04/2016

Autour d'un beau texte de Jean-Luc Seigle, Natalia Dontcheva incarne avec vérité et de façon poignante Dorothy Parker. Femme de conviction, la poétesse américaine avait porté le combat contre la discrimination, l'intolérance et l'extrémisme politique. Un corps renversé sur un sofa laisse apparaître des jambes. Le téléphone sonne, une voix se fait entendre, forte, presque débraillée, tirant sur...  

Envisager, espérer une humanité réconciliée avec elle-même et sa représentation - 03/02/2016

"Cette guerre (à) nous imposée devra continuer même après la paix..." "Les spartiates expédiaient leurs crétins au sommet du Taygète, nous, nous les plaçons au sommet de l'État, où ils sont irresponsables..." Écrite entre 1915 et 1919, "Les Derniers Jours de l'humanité " suit au fil des jours la guerre vue du côté autrichien. L'auteur Karl Kraus, écrivain et journaliste viennois, compile,...  

Entre tragédie et farce s'affirme la transmission de l'humour et de l'amour - 28/01/2016

Reprise ! De la danse, elle a le désir de perfection et l'expérience de la souffrance physique. Sublimation et intimité. Du théâtre elle a le sens de la farce et de la caricature. Rire et incarnation. En présentant la vie d'Odette qui rêvait d'être danseuse étoile, Andréa Bescond présente au public, pour son plus grand plaisir, les vicissitudes d'une petite fille, poupée entre les mains des...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024