La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Monkey Money", réinventer un monde libre sans le poids de la toute-puissance de l'argent - 16/09/2016

Avec "Monkey Money", Carole Thibaut écrit une histoire contemporaine. Celle d'un homme pauvre qui se sent tellement exclu, tellement à charge, qu'il confie sa fille en danger de dérive à la fille du banquier qui l'a ruiné. Avant de disparaître. Simple et lumineux comme un fabliau avec son sens du réalisme et du merveilleux. Les effets de cet acte d'oblation sont inouïs et étonnants. La vie de...  

"Don Quichotte"… Merveilleux et trivial dans un chaos étincelant d'illusion et de réalité - 14/09/2016

Jérémie Le Louët met en scène "Don Quichotte". D'entrée tout est visible. La régie est à jardin. La présence de rails de travelling, d'une caméra girafe, d'un micro-perche, un bric-à-brac de décors en carton-pâte et à roulettes, les portants de vêtements... Tout est à vue. Le spectateur ne peut ignorer qu'il se trouve dans une mise en scène contemporaine, plus précisément sur un plateau de...  

Quand le diable s'en mêle, Feydeau devient délicieusement jouissif et méphistophélique - 12/09/2016

De trappes en farces, de chausse-trappes en péripéties douces-amères, la judicieuse association de trois pièces de Feydeau par Didier Bezace nous offre une plongée hilarante dans la vie conjugale, dans une forme de description ethnologique où des animaux appelés humains seraient en tentative improbable de résolution d'une guerre des sexes sans fin. Créé en juillet 2015, dans le cadre des Fêtes...  

"La reine de beauté de Leenane"… Comme un antidote à toutes les vicissitudes de l'acidité des jours - 07/09/2016

C'est dans ce Conamara* lointain, là où la tourbe rejoint l'océan que vivent isolées Mag et Maureen, la mère et la fille. L'histoire est irlandaise et sombre. Elle offre pourtant matière et manière à comédie dramatique réussie. Certes dans "La reine de beauté de Leenane", l'auteur Martin McDonagh durcit le trait quand il décrit la montée en haine de deux femmes soudées par un quotidien de...  

Don Quichotte… Quand la fable devient réalité ! - 18/02/2018

Reprise C’est un Don Quichotte totalement revisité qui se prête au jeu de sa célébrité et endosse le rôle d’interviewé dans une mise en scène où le roman de Cervantès est bousculé pour montrer les contours humains de ce personnage qui a traversé les siècles. Assis et micro à la bouche, Don Quichotte (Sylvain Mossot) répond tel un personnage réel aux questions d’une journaliste (Barbara Castin)...  

Seconds coups de cœur Avignon 2016 - 25/07/2016

Le Festival d'Avignon vient de refermer les lourdes portes du Palais des Papes et d'éteindre les projecteurs de sa 70e édition alors que le Off, lui, poursuit son pléthorique programme jusqu'au samedi 30 juillet. Voici donc notre deuxième sélection de coups de cœur… Sélection de spectacles ô combien injuste compte tenu du nombre présenté mais qui, à notre sens, sont le résultat du choix d'un...  

J'aimerais tant voir Stavanger... En écoutant chanter les étoiles - 25/01/2017

Répondre à ces questions reviendrait à dévoiler une histoire qui repose sur un mystère construit notamment sur les réponses à ces interrogations. Le texte d'Olivier Sourisse est le type même de ceux dont on ne peut pas parler, au risque de glisser vers la fin et dévoiler la "surprise" finale…...  

● Avignon Off 2016 ● "Touchée par les fées", tout à la fois en simplicité et sophistication - 16/07/2016

Quand Ariane Ascaride arrive sur scène, elle est rigolote. Avé son assent et sa cotte d'ouvrier. Mais quand elle salue, à la fin du spectacle "Touchée par les fées", elle est Belle… C'est qu'elle a des raisons de l'être. Sur scène, la comédienne se montre sûre de son métier et rigoureuse dans ses effets. Attentive. Généreuse. Elle est une comédienne qui montre qu'elle aime son métier et son...  

● Avignon Off 2016 ● 

Faire revivre à rebours les derniers instants de celui qui est déjà une ombre - 13/07/2016

Au sol, il y a la trace. Contour de craie, énigmatique. De ces traits au sol qui viennent troubler la banalité et le calme d'un lieu. Car ce contour est celui d'un corps convulsé. Car ce contour est celui d'une scène de crime qui recherche accusation et coupable. L'histoire pourrait se réduire au banal article d'un fait divers lu au comptoir. Rémi De Vos, dans "Toute ma vie, j'ai fait des choses...  

● Avignon OFF 2016 ● La parole de Pier Paolo Pasolini résonne comme une nécessité, une vitalité désespérée - 08/07/2016

"Sono come un gatto bruciato vivo, 
Pestato dal copertone di un autotreno,
 Impiccato da ragazzi a un fico…" "Je suis comme un chat brûlé vif, 
écrasé sous la roue d’un semi-remorque, pendu par des garçons à un figuier", écrivait Pier Paolo Pasolini dans son poème prémonitoire au début des années soixante. Una disperata vitalità. Dans "Une vitalité désespérée", Christophe Perton s'appuie sur la...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024