La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Nous aimerons-nous ?", des combinaisons d'éléments infinies… pour une histoire qui s'improvise - 31/10/2017

Reprise C’est dans un lit cage qu’ils se réveillent. Ils ont manifestement partagé un instant de fusion et de confusion amoureuse et se retrouvent évidemment dans de beaux draps. Partenaires d’un instant, l'homme et la femme redescendent sur terre, retrouvent le sens des réalités. Ils décident en temps réel de leur présent et de leur avenir tout juste encore indicible. Vont-ils tourner en rond ?...  

Les aveux d'Augustin… Dans une forme d'humilité supérieure, une mise au présent du Monde - 17/02/2017

Une barre d'appui propice aux effets oratoires, une table accueillante pour le lecteur ou le conteur, une estrade lieu d'un trône favorable. Quelques sièges pour des spectateurs. Et puis un livre posé, manié. Dominique Touzé met en scène et interprète les confessions de Saint Augustin. Le dispositif choisi favorise l'intimité de l'écoute et du regard. Le comédien se montre avec jubilation et...  

"Les Fourberies de Scapin"… En un élan créatif et impertinent, une version chaleureuse et revigorante - 10/02/2017

Jeunesse amoureuse, frondeuse et insoumise. Amour acté et signé sans consentement de leurs géniteurs et, en secours rusé mais généreux, l'homme Scapin au pedigree de valet futé donne la cadence de la danse. Dans un pur esprit de troupe, Emmanuel Besnault et une ribambelle de comédiens musiciens chanteurs nous prouvent, avec impétuosité et fraîcheur, l'intemporalité du texte de Molière. Le...  

Amour enfoui, amour enfui. Ne reste que le goût des "Cendres de cailloux" - 02/02/2017

Tout fou, tout feu, tout flamme. Dans "Cendres de cailloux" de Daniel Danis (auteur québécois), une bande de copains un peu tocards, un peu toqués, soudés à un coin de campagne par des pactes d’enfance, la monotonie des jours et des boissons ingurgitées, brûlent la vie comme ils peuvent. Entre farces et virées nocturnes. Le rire est quelquefois chargé, la vitalité reste indéniable. Et puis en...  

Un conte porteur de la force de la vie… une île en attente d'un arc-en-ciel - 01/02/2017

Avec "L'Ombre de la baleine", le spectateur découvre un étonnant et passionnant travail théâtral usant de la forme marionnettique… Très librement inspiré de "Moby Dick" d’Herman Melville. Avec l'appui d'une marionnette qui est son sosie à taille réduite, Mikael Chirinian, l'auteur, anime le personnage d'un petit garçon dont la vie est marquée par la stupeur d'être né. Sa famille du côté du père,...  

"Shock Corridor"… Ou comment il est fou parfois de n'être pas fou - 24/01/2017

Avec "Shock Corridor", Mathieu Bauer propose une adaptation théâtrale du film éponyme de Samuel Füller qui révèle l'envers du décor américain et les dessous du glamour. Une american way of life de la violence. Et particulièrement celle de l'institution psychiatrique. Par les moyens du théâtre, le spectateur est invité à suivre les pistes du film dans une forme de labyrinthe scénographique et...  

"Urfaust", mise en couple instable et dynamique s'arrêtant au point de brisure où l'a laissé Goethe - 20/01/2017

Point de pacte avec le diable, ni de cavalcade à travers le monde dans cette première version de Faust que Goethe écrit dans sa jeunesse. Dans ce Faust originel, ce Faust primitif pris à la source médiéval (ce "Ur Faust "en allemand), l'auteur met en place un dialogue érudit et plutôt condensé par personnages interposés. Dans ce Faust il est question de l’État de la Connaissance, Connaissance de...  

"Hôtel Feydeau" a le parfum discret, le flaconnage joyeux… d'un rêve de vaudeville - 17/01/2017

"Hôtel Feydeau" est une fantaisie théâtrale que Georges Lavaudant élabore en faisant se miroiter des petites pièces de Georges Feydeau : auteur qu’il connaît bien. Dans cette proposition de spectacle, les clients d’un hôtel sont joués, mimés, moqués par les serviteurs. Comme saisis sur le vif. La pièce réunit des extraits de "Feu la mère de madame", "On purge bébé !", "Léonie est en avance",...  

"Les Émigrés" L'espoir caché d'un possible ailleurs - 31/08/2019

Émigrés. Pas encore immigrés. La pièce de Slawomir Mrozek a été créée en 1975 dans un monde coupé par un implacable "rideau de fer", un monde absurde. Un monde de dissidents. Elle réunit deux "émigrés", deux réfugiés, l'un politique, l'autre économique. Le dialogue fait apparaître les différences culturelles et les préjugés de l'un par rapport à l'autre. Repris en 2016 et porté par deux comédiens...  

•Molières 2018• "Une chambre en Inde"… contre tous les intégrismes ! - 03/12/2017

Reprise Ariane Mnouchkine traite de la place du théâtre dans un monde marqué par les guerres, le terrorisme et un populisme d'exclusion qui rend service à celui-ci. Et elle y répond avec humour et passion. Cornélia (Hélène Cinque) fait partie d'une troupe dont le directeur, M. Lear, a été appréhendé par la police indienne après être monté, nu, sur la statue du Mahatma Gandhi et avoir crié...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024