La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Danse

L'insoutenable légèreté du "Fardeau" chorégraphié, immersion in vivo - 02/07/2019

Lorsque Auguste Ouédraogo "a rencontré" (sic) la sculpture "Le fardeau" de Jean-Philippe Rosemplatt - Festival d'Ici Danse 2018 et son dispositif artistique Au-delà des frontières -, "ce fut comme une apparition"… Happé par la force qui se dégageait de ce corps statufié d'un migrant, prototype des errances migratoires et de leur cortège d'épreuves, il en ressentit une telle émotion qu'il eut la...  

"Cion"… Un génial Boléro ! - 18/06/2019

Autour de cinquante-cinq représentations, vingt-huit propositions artistiques et trois semaines de danse, de théâtre, de performances, de cinéma et de musique, le festival de Marseille, pour sa vingt-quatrième édition, démarre très fort avec un Boléro de Ravel revisité par le chorégraphe Grégory Maqoma dans une trame prônant un art total autour du théâtre, de la danse, de la chanson, de la...  

"June events"… Pour rendre la réalité… artistique ! - 11/06/2019

"June events" est à sa treizième édition et se déroule jusqu'au 15 juin. Basé essentiellement à l'Atelier de Paris, mais aussi dans des quartiers de Paris et à Vincennes, le festival est un kaléidoscope où se mêlent des danses de pays et de continents différents pour essayer de rendre la réalité aussi malléable qu'une utopie. Ils sont deux, éloignés l'un de l'autre côtés cour et jardin. Comme...  

"Solo"… Intime et irréel - 04/06/2019

Decouflé, seul en scène, propose un morceau d'intimité tant artistique que personnel où l'artiste montre des portraits de sa vie et investit les contours corporels, souvent cachés, de la danse par le biais de mimes et de musique. Cela commence par une projection d'ombres chinoises. Puis cela s'enchaîne avec une chorégraphie d'orteils et de doigts, les mains sautant, en appui léger et aérien,...  

"Le Lac des Cygnes"… Signe du grand art ! - 03/04/2019

Le printemps de la danse arabe, créé à l'initiative de l'Institut du monde arabe, a pour objectif de montrer un visage autre, particulier, de l'actualité chorégraphique avec le monde arabe. Autour de sept lieux différents à Paris, nous nous arrêtons aujourd'hui à Chaillot avec une œuvre majeure revisitée par le chorégraphe d'origine tunisienne Radhouane El Meddeb. Créé le 4 mars 1877 au théâtre...  

"May B"… sans doute un chef d'œuvre ! - 05/03/2019

Devenu un classique, Maguy Marin avec "May B" a réussi à faire, avec ce théâtre dansé, une des revendications de ses idéaux autant artistiques que politiques. Dans un univers aussi gris que souterrain, cinq femmes et cinq hommes se vivent et se racontent corporellement. La rencontre entre Maguy Marin et Samuel Beckett a lieu en 1981. Il avait 75 ans, elle en avait 30. En amoureuse de l'œuvre de...  

"Botéro en Orient"… tout en rondeur ! - 28/02/2019

C'est un voyage où le physique et l'esthétisme ont une place prépondérante et dans laquelle les rondeurs sont revendiquées et montrées. Autour d'une création picturale qui l'a guidé, Taoufiq Izeddiou place l'identité au centre de sa création. Le titre du spectacle est dû au fait que Taoufiq Izeddiou a été inspiré par l'œuvre autour d'Abou Ghraïb (Irak) de Fernando Botero, peintre et sculpteur...  

"Che Malambo"… Torses bombés avec le bombo ! - 19/02/2019

Le Malambo, cousin du flamenco, investit Bobino. C'est l'autre danse de l'Argentine, plus folklorique et musicale que le Tango, autour d'une représentation où la théâtralité de la virilité est incarnée autant par les instruments que le corps. Ils arrivent tel un régiment fier, armé de leurs bombos. Les baguettes tapent de façon synchronisée sur ceux-ci. Les danseurs démarrent avec une...  

"Face à terre"… Black is black - 26/11/2018

Le danseur et chorégraphe Bouziane Bouteldja et la danseuse et créatrice Ana Pi font une incursion dans le royaume de Thanatos. Au travers d'un spectacle où le chant tient les premières loges, la mort est présentée dans le ressenti et l'expérience personnelle des interprètes. C'est l'histoire de deux rencontres, celle de la mort avec ses fantômes et celles d'éléments vocaux et corporels. "Face à...  

Gatomaquia… tout un cirque… pour une bataille de chats ! - 19/09/2018

Galván bouscule à nouveau le flamenco dans l'univers circassien. Autour de danses tziganes, le spectacle s'immisce dans l'arrière-cour du cirque Romanès pour nous dévoiler la compagnie de ses chats. Le chorégraphe renverse une nouvelle fois les codes des traditions flamencas dans l'essence de sa représentation. Israel Galván surprenant ? Ce n'est presque plus une surprise. Surprenant dans son...  
1 ... « 9 10 11 12 13 14 15 » ... 17






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024