La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2022

•Off 2022• "Famadine Van Gogh" Réanimer Van Gogh : de mots en tableaux renaît son esprit et, sur scène, un talent surgit - 17/07/2022

Est-ce un heureux hasard d'assister à ce conte théâtral autour du peintre Vincent Van Gogh aux Lila's ? Est-ce possible que l'artiste peintre ait envoyé à Laurent Lafuma, talentueux interprète, un poil de pinceau de l'au-delà ? Dans ce lieu fort agréable, il se pourrait qu'il y ait comme un fantôme qui rôde. Mieux, comme un esprit savoureux qui se pose une heure quinze sur votre épaule. Ce...  

•In 2022• "Milk" Tableau de femmes au visage tragique, une affaire d'État… - 17/07/2022

Sur un sol de dalles grises, des femmes vêtues de combinaisons anciennes émergent de la nuit du plateau. Elles portent dans leurs bras des mannequins inertes et leur visage semble refléter la gravité de celles dont on assassine les enfants. Lentement, pas à pas, elles s'avancent vers le front de scène, le bercement se fait de plus en plus rapide et les bruits associés, plus haletants. Pour un...  

•Off 2022• "Britannicus Tragic Circus" Une tragédie revisitée d'où surgit monstres et monstruosités d'une inquiétante modernité - 17/07/2022

Dans une forme de narration chamarrée, joyeusement déjantée et tonitruante, les Épis Noirs nous offrent un Britannicus revisité en une tragédie féroce et jubilatoire fondée sur l'art des saltimbanques, circassiens et autres bateleurs. De cette création aux accents désespérément tragiques sont révélés monstres et monstruosités. Et si l'âme romaine voulut par Racine est préservée, se fait jour...  

•Off 2022• "Qui sait ce que voit l'autruche dans le sable" Des marionnettes beckettiennes… joyaux d'une grande poésie - 16/07/2022

À notre avis, nul besoin de savoir que ce spectacle de marionnettes est très largement inspiré par l'œuvre de Samuel Beckett dont la comédienne Isabelle Martinez est passionnée depuis toujours. Car une grâce poétique s'en dégage d'emblée qui se suffit à elle-même. Mais il est vrai que l'apport tout en finesse de la dimension littéraire de Beckett apporte au spectacle une tout autre dimension. Les...  

•In 2022• "One Song" Beaucoup de bruit pour (presque) rien… - 16/07/2022

Après Angelica Liddell l'an dernier et son flamboyant "Liebestod" où l'artiste madrilène éclairait les origines de son théâtre en convoquant sur une musique de Wagner la figure d'un toréro andalou révolutionnaire, l'artiste flamande Miet Warlop, invitée de la 76e édition, s'y essaye. Poursuivant l'écriture de l'"Histoire(s) du Théâtre" afin d'y ajouter un quatrième volet, le sien, elle présente...  

•Off 2022• "L'Odeur de la guerre" La vie qui brûle dedans et le corps qui éclate soudainement - 15/07/2022

Julie Duval, seule sur le plateau de la petite salle de La Scala nous tend les bras. Indirectement car, pendant que le public, nombreux ce soir-là, s'installe paisiblement, la comédienne s'échauffe comme une boxeuse avant de monter sur le ring. Justement ! Julie Duval est également boxeuse et sa tenue le souligne. Dans cette pièce, "L'odeur de la guerre", tel un uppercut émotionnel, Julie se...  

•In 2022• "Ma jeunesse exaltée" Déferlante d'arlequinades gorgées d'impétuosité tragico-comique - 15/07/2022

Dix heures (entractes compris…) d'un tsunami à la gloire d'un théâtre prométhéen libéré de ses chaînes, pour boucler la boucle. Ainsi Olivier Py, avant de passer le témoin à Tiago Rodrigues, entend-il célébrer ses dix années à la tête du prestigieux festival en renouant, dans le même lieu, avec l'épopée de "La Servante" présentée ici même lors de ses débuts avignonnais, vingt-sept ans auparavant....  

•Off 2022• "Leurs enfants après eux" Portrait doux-amer d'une génération à réenchanter - 14/07/2022

Porter au plateau l'univers tissé de nuances subtiles de Nicolas Mathieu (prix Goncourt 2018 pour son roman éponyme) apparaissait "sur le papier" de l'ordre de la pure gageure. Sous l'impulsion d'un jeune metteur en scène audacieux, sept jeunes filles et garçons débordant d'envie de relever le défi "livrent" là une version époustouflante de vérité, exhalant l'essence de l'écrit original pour en...  

•Off 2022• "Décrocheurs de lune" Arts et Transformation sociale - Un spectacle Classe départ - 14/07/2022

On voit toujours les étoiles, c'est ça qui brille, c'est ça qui éblouit. Pourtant la vie, ce sont des petits souffles, des petites âmes nées de la poussière d'étoiles. Des fragments minuscules, invisibles, soi-disant sans importance. Et nous sommes ces poussières qui scintillent, fragiles, comme les bougies des rampes. Nous, nous ne mettons pas le feu, nous, on ne crame rien. Nous, on réchauffe,...  

•In 2022• "Dans ce jardin qu'on aimait" Sois bénie, ô ma douleur… Entre deuil, solitude et ouverture, la danse nuptiale du chant du monde… - 13/07/2022

Il est des correspondances troublantes… Ce soir, entre les deux platanes monumentaux de la scène à ciel ouvert du Cloître des Célestins - écho d'un jardin de presbytère -, la magie de "La Rive dans le noir", présentée en 2016 par les mêmes Pascal Quignard et Marie Vialle, se rappelle à nous… Si de vrais oiseaux dressés, un grand-duc et un échassier noir, étaient alors conviés sur l'autre scène,...  
1 2 3 4 5 » ... 7






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024