La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2022

•In 2022• "Jogging" Être femmes au Liban, des Médées contemporaines - 24/07/2022

Comédienne, autrice et activiste culturel - ainsi se présente-t-elle -, Hanane Hajj Ali est l'un des porte-visages de ces Mères Courage contemporaines, femmes et mères jusqu'au bout de leurs douleurs, qu'aucun pouvoir, si corrompu soit-il, ne semble en mesure de faire dévier. À la faveur d'un jogging dans Beyrouth, fascinée par la figure mythique de Médée - Éros et Thanatos, deux faces du même...  

•Off 2022• "Le contrat des attachements" Un joyau d'écriture aux allures beckettiennes où le langage est roi - 23/07/2022

Un homme et une femme s'aiment d'un amour fusionnel. Mais cet amour dérape un beau matin, sans raison apparente, par le biais d'une nouvelle à la radio. La vision du monde de la femme change, la folie l'envahit pendant une minute, le temps de "mettre le feu à la demeure" pour hurler sa révolte, son soudain dégoût du monde. Un "tiers-ami" invite ces deux êtres à s'enfermer dans une sorte de huis...  

•In 2022• "La Tempesta" Le monde de Shakespeare selon Alessandro Serra, une ode sculpturale saisissante de beauté - 22/07/2022

Comment ne pas être sous le charme de cette succession de tableaux à haute prégnance esthétique, comme si ces personnages hauts en couleurs se détachaient de leur cadre pour venir devant nous jouer la comédie de ce naufrage "génial"… Des "Tempêtes", on en a vu souffler, et pas des moindres, la dernière étant celle de Peter Brook. Mais celle imaginée par le metteur en scène italien semble receler...  

•Off 2022• "Le Chevreuil et Dalida" Faire le choix du grotesque et de l'excès pour masquer le tragique - 21/07/2022

Inspirée de la vie de Iolanda Gigliotti, alias Dalida, artiste iconique des années soixante, cette création, naviguant entre réalité et fiction, revisite la vie de la chanteuse mythique et propose une fable tragi-comique contemporaine, drolatique à souhait. Dalida nous reçoit à Porto-Vecchio où l'ambiance est légère et où on fait la fête. Le temps d'une interview, elle revient sur ses tubes, ses...  

•Off 2022• "Détours et autres digressions" Le théâtre et sa doublure… drôle, sensible, subtile - 21/07/2022

Faire théâtre du théâtre en train de se faire, en y associant le public complice de cette gestation hautement artistique devant accoucher d'un méga spectacle outre-Atlantique est un exercice de funambule. En maîtres des chimères, Ève Bonfanti et Yves Hunstad nous convient à participer à leur workshop pour faire avancer leur work in progress (idiomes anglais branchés, en référence au parler de...  

•Off 2022• "Danny and the Deep blue sea" Une passion dévorante en quête du bonheur - 20/07/2022

"Danny and the deep blue sea" est la première œuvre du dramaturge américain John Patrick Shanley publiée en 1983. Depuis, la pièce est devenue un classique du théâtre contemporain américain, montée partout dans le monde. Cette année, elle est représentée pour la deuxième fois au festival d'Avignon par la Compagnie Onom, fondée en 2015 par le metteur en scène et comédien de la pièce. Danny, un...  

•Off 2022• "Ici, la nuit" Deux petits garçons face à un questionnement plus grand qu'eux… - 20/07/2022

Et si un petit mensonge, un tout petit mensonge de rien du tout, se transformait soudain en peur panique d'être "découvert" ? Et si les pensées du soir transportaient avec elles l'immensité de l'Univers et de ses improbables limites propres à nous engloutir ? Ces interrogations à hauteur d'enfant, le dramaturge norvégien Jon Fosse les a traduites dans deux courtes pièces - "Si lentement" et...  

•Off 2022• "Je ne suis pas un héros" Une performance fragile doué d'une étonnante sensibilité - 19/07/2022

Et si Orphée s'appelait Harry. Et si Orphée qui s'appelle Harry était un chanteur de rock. Et si Orphée qui s'appelle Harry, qui est chanteur de rock, qui est le plus grand fan de Daniel Balavoine, décidait de descendre aux enfers chercher Louie, son amant, le jour de son enterrement afin de lui dire tout ce qu'il n'a jamais pu lui dire, pour un ultime concert de rock, une incarnation pour tenter...  

•In 2022• "En Transit" Les bégaiements (ir)résistibles de l'Histoire - 19/07/2022

2018, le dramaturge iranien Amir Reza Koohestani est retenu dans l'espace Schengen de l'aéroport de Munich, plaque tournante entre le Moyen Orient et les Amériques. Pour cause de visa expiré de quelques jours, son escale devra se prolonger… Son projet de porter au plateau le roman d'Anna Seghers, "Transit", traitant de la situation de migrants de 1943 parqués à Marseille, en attente eux aussi du...  

•Off 2022• "J'ai si peu parlé ma propre langue" Personne ne peut fuir son cœur. C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit* - 18/07/2022

"J'ai si peu parlé ma propre langue" est une pièce à découvrir à l'Espace Roseau Teinturiers. Le public entre dans une salle climatisée (c'est une nécessité) et le décor qui nous est proposé dévoile un studio de radio. J'adore l'idée ! Ça se passe à Cannes et l'émission ce jour-là est en direct et en public. Rien que ça. La radio est bien nommée : "amicale du soleil", c'est donc vous dire aussi...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024