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Avignon 2022

•Off 2022• "J'ai si peu parlé ma propre langue" Personne ne peut fuir son cœur. C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit*

"J'ai si peu parlé ma propre langue" est une pièce à découvrir à l'Espace Roseau Teinturiers.
Le public entre dans une salle climatisée (c'est une nécessité) et le décor qui nous est proposé dévoile un studio de radio. J'adore l'idée ! Ça se passe à Cannes et l'émission ce jour-là est en direct et en public. Rien que ça.



© Alain Hatat.
© Alain Hatat.
La radio est bien nommée : "amicale du soleil", c'est donc vous dire aussi que le plateau brille. Les comédiennes sont épatantes de vérité. Touchées et emportées.

Jingle : Émission spéciale : hommage à Carmen Sintès, figure du quartier, qui a quitté par obligation "son" Algérie en 1962, alors âgée de 29 ans. Comme des milliers d'autres. Comme sa meilleure amie présente dans le public qui vit là un moment magique. Parler en direct à la radio. La comédienne aux gros potentiels comiques est d'une justesse implacable.

Carmen a mis 50 ans à se livrer.
Carmen, de son vrai prénom Jeannine, a vraiment existé. C'est là que ce très fort et ce joli spectacle prend aux tripes, car le silence ne peut pas rester endormi toute une vie.

Même si elle a été réussie, qu'une famille s'est formée, surmontant au début quelques difficultés et que les enfants sont nés. Parler de ce qui a changé le cours d'une existence est nécessaire et indispensable à une "maman" donnée.

© Alain Hatat.
© Alain Hatat.
Oui ! La metteure en scène et autrice - Agnès Renaud - a recueilli de nombreux témoignages provenant notamment de carnets de poésie appartenant à sa mère. Puis, il y a ce voyage retour à Oran en 2017, accompagnée de ses filles, dans le pays que Jeannine a dû quitter.

De là est né le désir de mettre en lumière le parcours de Jeannine/Carmen qui ressemble à toutes ces fortes et courageuses femmes qui un jour, et encore aujourd'hui, laissent derrière elles un pays qu'elles chérissent.
Libérer la parole, dénouer les mots et raconter pour ne jamais oublier.

Le plateau brille à l'Espace Roseau Teinturiers et je tiens à remercier Agnès Renaud pour "sa mise en lumière de l'Algérie" et la réussite de cette pépite.

* Paulo Coelho.

"J'ai si peu parlé ma propre langue"

Écriture collective.
Mise en scène : Agnès Renaud.
Avec : Marion Duphil-Barché, Pauline Méreuze, Diane Regneault, Flore Taguiev et la voix de Jeannine Renaud.
Scénographie : Claire Gringore.
Création Sonore : Jean De Almeida.
Lumières : Véronique Hemberger.
Costumes : Lou Delville.
Régie : Martin Rumeau et Jean-Marc Sabat.
Production : Compagnie L’Esprit de la Forge.
Théâtre tout public.
Durée : 1 h 10.

•Avignon Off 2022•
Du 7 au 30 juillet 2022.
Tous les jours à 16 h 10, relâche le mardi.
Espace Roseau Teinturiers, 45, rue des Teinturiers, Avignon.
Réservations : 04 90 03 28 75.
>> espaceroseauteinturiers.fr

Isabelle Lauriou
Lundi 18 Juillet 2022

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

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Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
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© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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Bruno Fougniès
13/12/2024