La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

● AVIGNON OFF 2016 ● Un art de l'ellipse et du glissando qui transcende les limites de la farce traditionnelle - 26/01/2015

Dans cette petite ville russe aux confins de l'empire, un petit groupe de notables mène une petite vie confortable lorsque survient la nouvelle d'une inspection surprise de la ville par un Révizor venu de Saint-Pétersbourg : la si belle, si éloignée, si intimidante capitale… Eux si à l'abri… Cette présence, d'autant plus inquiétante qu'elle est supposée incognito, les met en ébullition… Ils se...  

"Six personnages en quête d’auteur"... Entre création, grandeur et répétition - 23/01/2015

Deux esquisses de jeu se dessinent entre six personnages en quête d’auteur et des comédiens en pleine répétition. Au milieu se situe un metteur en scène, aussi directif avec les seconds qu’à l’écoute et à la recherche créative avec les premiers, un metteur en scène tout aussi créateur qu’un dramaturge. Sur une large scène, des comédiens sont dispersés par petits groupes. La scène s’allonge vers...  

Trajet d'une tragédie très humaine sur la totale solitude du malade - 21/01/2015

Claquemuré, confiné dans sa chambre d'un blanc clinique, sa maison suréquipée de téléphones d'alerte et de vidéosurveillance, Argan, protagoniste du "Malade Imaginaire" de Molière, n'a plus de vrais contacts avec le monde extérieur. Dans la proposition scénique de Grégoire Tachnakian, le personnage cumule tous les signes contemporains d'une profonde hypocondrie. C'est un beau cas de névrose qui...  

Le Godot de Laurent Vacher : une comédie où vibre le plaisir du temps qui passe - 19/01/2015

Wladimir dit Didi et Estragon dit Gogo, rustres, balourds, sont deux va-nu-pieds, deux vauriens qui, en un lieu de nulle part, parlent et sentent mauvais… Sans domicile connu, ils n'ont rien... Selon les propres mots de Laurent Vacher qui met en scène "En attendant Godot" de Samuel Beckett, ils ne font rien... "Sinon manger, mentir, se battre, discuter, s'oublier, rire, chanter, souffrir,...  

Un vaudeville cauchemardesque où se révèlent la fragilité du vernis social et la noirceur de l'homme - 12/01/2015

Quelle affaire que cette affaire-là ! Un crime crapuleux a eu lieu rue de Lourcine et les probables auteurs s'agitent... Les faits divers stimulent, on le sait, l'imagination. Eugène Labiche avec "L’affaire de la rue de Lourcine" atteint un paroxysme d'exploitation journalistique et, dans l'univers du théâtre, une forme de chef-d'œuvre. La pièce, comme un miroir tendu au public, dénoue en effet...  

"La Belle au bois dormant"... La danse comme grâce de la posture - 07/01/2015

Il était une fois une petite fille heureuse, un peu solitaire. Entre son père majestueux et affectueux et sa gouvernante un peu revêche mais qui accepte tout de bon cœur, la fillette sautille, gambade dans les bosquets. Et danse… Son père attendri, toute posture de gloire et révérences complices, l'accompagne… Et de sa robe de soie aux plis Watteau, elle fait alors toupie. Le monde est long et...  

"Mataora" (2)… Voyage entre Histoire et espoir - 23/12/2014

Le Mataora est ce bateau qui a pu sauver, en décembre 1945, plus de deux cents passagers des heures sombres que vivait la Grèce. Hélène Cinque propose une mise en scène où l'Histoire cohabite avec le Présent et où les personnages se dédoublent entre deux époques. La scène laisse apparaître un espace dans lequel cohabitent deux aires de jeux composées de mobiliers de bureau. Celles-ci deviennent,...  

"Mataora" (1)… Théâtre témoignage, entre passé et présent, où l'on ressent l'amertume grecque - 22/12/2014

Hélène Cinq, avec sa troupe franco-grecque, fait remonter à la surface de la mémoire un épisode oublié de l'Histoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et c'est passionnant. Mataroa ? C'est un bateau au nom de Pacifique sud qui s'est illustré, entre autres faits glorieux*, dans l'évacuation de plus de 180 étudiants grecs mis en en danger par une autre histoire oubliée, celle de la guerre...  

Dans "Nuits blanches", Nathalie Richard fait briller toute la palette de l'imaginaire... avec délicatesse et force - 18/12/2014

Nathalie Richard est l'héroïne de "Sommeil" (nouvelle de Haruki Murakami) qui, par un jour d'insomnie, lit "Anna Karénine" de Léon Tolstoï et fait une expérience singulière, dangereuse et irréversible... Celle de l'existence d'un monde distinct du monde de celui des vivants ordinaires. Un monde d'imaginaire qui, par sa réalité, a des effets bien réels sur le quotidien. Ainsi, le mari qui dort à...  

"Le Collectionneur" : Un huis clos dominant dominée au rythme de thriller palpitant - 12/12/2014

Dans "Le Collectionneur", Frédérick, petit employé fasciné, ravit Miranda, étudiante aux Beaux-arts. Et même si ce ravissement est un rapt en bonne et due forme, son intime conviction de héros est qu’en dépit des apparences, "Sa bien-aimée" tombera amoureuse de lui... Il a décroché le gros lot, du moins le croit-il… Illusion de la fascination… Il la couvre de cadeaux, la photographie, lui montre...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024