La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"Arto-Totem"... "On baisse le son, on monte le sens" !

Du 8 au 12 décembre, se déroule le festival 84DB "On baisse le son, on monte le sens" au Théâtre de la Reine Blanche. La programmation artistique est de taille car, entre "Les carnets Nijinsky" avec Guillaume de Chassy (pianiste génial) et Marc-Henri Lamande ("Arto-Totem" ce soir, à voir absolument !), il y a plusieurs soirées au théâtre d’Elisabeth Bouchaud à ne pas manquer…



Marc-Henri Lamande dans "Artaud Totem" © DR.
Marc-Henri Lamande dans "Artaud Totem" © DR.
Vous connaissez cet artiste ! Il s’appelle Marc-Henri Lamande et il est un des plus grands comédiens de son temps. Souvenez-vous (Voir interview), il avait joué sept mois au théâtre de la Reine Blanche en alternance "Dieu, qu’ils étaient lourds… !", d’après les entretiens radiophoniques de Louis-Ferdinand Céline, adaptés et mis en scène par Ludovic Longelin, et "La Chair de l’homme", d’après Valère Novarina.

C’était gonflé d’ailleurs de la part de cette toute jeune directrice, Élisabeth Bouchaud, d’inaugurer son théâtre par ces deux spectacles pas très populaires (mais sublimes) pendant aussi longtemps. Culot ? Inconscience ? Ou amour de l’art ? Nous en avions parlé à ce moment-là et c’est aussi pour ça et sa qualité artistique en général que nous aimons ce théâtre.

"Arto-Totem" s’inscrit dans la programmation du festival 84DB "On baisse le son, on monte le sens". C'est à Antoine Campo (metteur en scène, directeur artistique, membre de la société des auteurs) qu'a été confié la responsabilité artistique du festival. C’est ainsi que ce dernier a proposé à Marc-Henri Lamande une soirée sur le thème de son choix.

Le choix d’Artaud s’est imposé à l’acteur de lui-même, pas seulement parce que c’est bientôt le 150e anniversaire de la naissance d’Antonin Artaud, mais bien parce que son œuvre n’a jamais quitté le passeur de mots. La rencontre "spirituelle" et très expérimentale avec l’auteur se produit dans les années quatre-vingt-dix grâce à Andrée Eyrolle qui met en scène Marc-Henri Lamande dans deux créations autour d’Antonin Artaud : "Tutuguri ou le rite du soleil noir" et "Arto-Totem" justement. L’épreuve est à ce moment-là de taille, elle est racontée dans cette interview (mise en lien plus haut) hors du commun par Marc-Henri Lamande.

Ma dette envers ce spectacle, "Arto-Totem", est importante et je suis heureuse qu’il renaisse un peu, même le temps d’une date… J’ai eu la chance d’assister à une de ces représentations dans ces années quatre-vingt-dix à Maisons-Alfort. Le souvenir que j’en ai est celui d’un chant d’images quasi ésotérique, ahurissant de beauté et d’humour. La transfiguration d’un comédien sur scène qui ose pénétrer les mots d’Artaud jusqu’à ce point interdit de l’entre-deux mort. Il fait partie de ces rendez-vous avec le théâtre qu’on n’oublie jamais et qui donne du sens à votre vie et aux chemins que vous prenez.

"Arto-Totem"

© DR.
© DR.
De et avec Marc-Henri Lamande (Interprétation et piano).
Mise en scène et lumières : Antoine Campo.
Film : Sandrine Romet-Lemoine, assistée de Jérôme Javelle.
Chorégraphie : Kathy Mépuis.
Durée : 1 h.

Une représentation ce mercredi 9 décembre 2015 à 21 h.
Dans le cadre du Festival 84DB "On baisse le son, on monte le sens".
Du 8 au 12 décembre 2015.
Théâtre de la Reine Blanche, Paris 18e, 01 42 05 47 31.
>> reineblanche.com

Mercredi 9 Décembre 2015

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024