La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Phédre" selon Martinelli... Une partition symphonique jouée par un orchestre dont Phèdre serait le premier violon - 11/12/2013

Phèdre a épousé Thésée, ce héros quasi demi-dieu qui tua le Minotaure et depuis règne tout puissant jusqu’à ce qu’une rumeur le déclare mort prisonnier. Les circonstances la portent à révéler son amour secret pour son beau-fils Hippolyte, beau comme son père, qui meurt en la fuyant. Après "Andromaque", "Bérénice" et "Britannicus", Jean-Louis Martinelli propose, en apothéose d’une tétralogie des...  

Et au lointain, les fragments d'un palimpseste... mémoire d'un acte d’amour tant espéré - 02/12/2013

"Fragments d'un pays lointain" est l’œuvre ultime de Jean-Luc Lagarce par laquelle l’écrivain (qui sait qu’il va mourir) convoque les personnages qui ont accompagné sa vie et les met en scène. Il y a la famille : la mère, le frère, le beau-frère, la sœur. Dépassés par cet écrivain qui a quitté le foyer et ne savent rien de sa vie, qui la supputent en silence. Il y a les amants d’un soir, les...  

"Les Damnés de la Terre"… Poésie de lutte et de dignité - 29/11/2013

Jacques Allaire reprend ce livre culte de l’anticolonialisme dans une mise en scène superbe de sobriété. Les comédiens incarnent avec beaucoup de truculence l’œuvre de Frantz Fanon dans une très belle scénographie. On en avait besoin, vraiment besoin d’entendre cette parole forte, brillante, poétique qui dénonce le colonialisme, qui dénonce la torture, qui dénonce le racisme, cette bêtise étoffée...  

Dans la brume du souvenir... apparaît la figure émouvante de la Mouette de Tchekhov - 26/11/2013

Hors la scène, au mitan de leur vie, un spectre hante la vie des comédiennes. Dorothée Zumstein, avec la complicité active d’Élizabeth Macocco, en dévoile avec beaucoup d’humour et d’efficacité les aspects cauchemardesques. Il est celui de la crainte de la vieillesse et de l’échec. Dans "Opening night(s)" joue la comédienne submergée par la peur. Elle pense à la vie des grands rôles, des vies...  

Berutti ou la figure de Protée - 19/11/2013

Voir le travail de Jean-Claude Berutti est toujours une expérience. Car on ne sait pas à quoi s’attendre. Ni dans le choix du sujet ni dans celui de l’auteur. Il nous attrape au détour d’une œuvre, très souvent contemporaine et parfois peu jouée en France. C’est le cas de cette pièce, Les femmes de...  

La Bonne Âme du Se-Tchouan par Air de lune : Brecht revisité... revitalisé ! - 18/11/2013

C’est un Brecht pris à rebrousse-poil que propose Jean Bellorini dans sa mise en scène de "La Bonne Âme du Se-Tchouan". Et sa compagnie "Air de lune" prend un malin plaisir à revisiter une œuvre dans des dimensions corporelles et musicales de bel acabit rendant la pièce vivante à souhait. Prendre Brecht en décalé à défaut de le prendre à distance, c’est le pari, plutôt réussi, qu’a pris Jean...  

"Besame mucho" Frida - 14/11/2013

En ce moment, au Musée de l’Orangerie, se déroule la très belle exposition "Frida Kahlo/Diego Rivera. L’art en fusion". À cette occasion est jouée, par le Panta-théâtre, ce que les organisateurs nomment une "déambulation théâtrale" autour de la figure de Frida Kahlo. La pièce reprend des extraits de son "Journal" et de sa correspondance traduits par Rauda Jamis. La comédienne Véro Dahuron incarne...  

Pantagruel, prince d'un royaume d'utopie et de liberté joyeuse... le bonheur de l'émerveillement ! - 15/11/2013

Érudits. Argotiques. Savants. Populaires. Farcesques. Les récits des géants Gargantua et Pantagruel sont tout cela à la fois. L’auteur François Rabelais, alias Alcofibras Nasier, à la fois moine, médecin et écrivain, dans une totale liberté d’écriture et de ton, ouvre une voie maitresse de la Littérature qui n’hésite pas à dire, à faire rire, à faire lire... quitte à se mettre en danger....  

"Chiens d’amour"… L’intimité d’un couple mise à nu - 13/11/2013

Ils sont deux, Mel et Marianne, surpris dans leur intimité au détour d’un événement passé qui rejailli entre eux lors d’une discussion. Dans ce pré carré intimiste, la colère contenue de l’un balance avec les explications gênées de l’autre, une passe d’armes entre amoureux pour faire jaillir un trop plein qui n’arrivait pas à dire son nom. Nous sommes plongés dans l’intimité d’un couple dans un...  

Un non-conte de fée russe ou de l'impossibilité de modifier l'ordre des choses - 04/11/2013

"Idiot" qui est présenté sur scène par Laurence Andreini est un condensé du roman de Fédor Dostoïevski dont le héros, le prince Mychkine, est affecté par un syndrome étrange. Il ne sait pas mentir et décrypte les destins des personnes qui croisent sa vie. Il dit ce qu’il voit. C’est apparemment une figure lumineuse qui ne semble connaitre de l’amour que sa dimension oblative. Le prince, éternel...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024