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Théâtre

Seconds coups de cœur Avignon 2016 - 25/07/2016

Le Festival d'Avignon vient de refermer les lourdes portes du Palais des Papes et d'éteindre les projecteurs de sa 70e édition alors que le Off, lui, poursuit son pléthorique programme jusqu'au samedi 30 juillet. Voici donc notre deuxième sélection de coups de cœur… Sélection de spectacles ô combien injuste compte tenu du nombre présenté mais qui, à notre sens, sont le résultat du choix d'un...  

J'aimerais tant voir Stavanger... En écoutant chanter les étoiles - 25/01/2017

Répondre à ces questions reviendrait à dévoiler une histoire qui repose sur un mystère construit notamment sur les réponses à ces interrogations. Le texte d'Olivier Sourisse est le type même de ceux dont on ne peut pas parler, au risque de glisser vers la fin et dévoiler la "surprise" finale…...  

● Avignon Off 2016 ● "Touchée par les fées", tout à la fois en simplicité et sophistication - 16/07/2016

Quand Ariane Ascaride arrive sur scène, elle est rigolote. Avé son assent et sa cotte d'ouvrier. Mais quand elle salue, à la fin du spectacle "Touchée par les fées", elle est Belle… C'est qu'elle a des raisons de l'être. Sur scène, la comédienne se montre sûre de son métier et rigoureuse dans ses effets. Attentive. Généreuse. Elle est une comédienne qui montre qu'elle aime son métier et son...  

● Avignon Off 2016 ● 

Faire revivre à rebours les derniers instants de celui qui est déjà une ombre - 13/07/2016

Au sol, il y a la trace. Contour de craie, énigmatique. De ces traits au sol qui viennent troubler la banalité et le calme d'un lieu. Car ce contour est celui d'un corps convulsé. Car ce contour est celui d'une scène de crime qui recherche accusation et coupable. L'histoire pourrait se réduire au banal article d'un fait divers lu au comptoir. Rémi De Vos, dans "Toute ma vie, j'ai fait des choses...  

● Avignon OFF 2016 ● La parole de Pier Paolo Pasolini résonne comme une nécessité, une vitalité désespérée - 08/07/2016

"Sono come un gatto bruciato vivo, 
Pestato dal copertone di un autotreno,
 Impiccato da ragazzi a un fico…" "Je suis comme un chat brûlé vif, 
écrasé sous la roue d’un semi-remorque, pendu par des garçons à un figuier", écrivait Pier Paolo Pasolini dans son poème prémonitoire au début des années soixante. Una disperata vitalità. Dans "Une vitalité désespérée", Christophe Perton s'appuie sur la...  

● Avignon Off 2016 ● Dans le chaos de la guerre, fille de mère courage… Vérité d'un mythe… - 07/07/2016

Été 1914. En toute innocence, Ninette et Armand se jurent fidélité pour le meilleur et pour le pire. L'époque n'est pas tendre, le pire ils vont découvrir. Quand l'un quitte les champs pour la patrie et ses champs d'honneur, et bientôt champs de l'horreur, l'autre suit sans réfléchir ses obligations du mariage. Un serment de fidélité, c'est un serment de fidélité. Ninette se déguise en garçon et...  

● Avignon Off 2016 ● Rendre hommage au Théâtre, nimbé de bien de mystères… et attractif comme un songe - 30/06/2016

Dans "Festi-Mal", il est question d'une tranche de vie nécessaire à tout festival qui se respecte. Celle de la conférence de presse consacrée aux metteurs en scène et dont Évelyne Sellés-Fischer lève avec malice une partie du voile. Seule en scène, elle installe sur la table ses petits chevalets. Jouant tous les rôles, posant de la journaliste les questions sur l'art théâtral et des autres...  

"Gelsomina", l'insondable étrangeté de l'être - 29/09/2016

Reprise ! "Gelsomina, Gelsomina, Gelsomina…", prénom surgissant du lointain, jeté par une fratrie juvénile et ouvrant, sur fond de mer Adriatique, "La Strada", le film que Federico Fellini réalisa en 1954. Il est attaché à une ingénue lunaire, personnage principal de ce long métrage fondateur du cinéaste italien et en même temps son fil rouge, rouge comme le nez du clown qu'elle sera quelque...  

Le comte de Monte-Cristo… Un régal frugal ! - 23/06/2016

Reprise ! Le chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas est incarné sur scène par trois comédiens. La mise en scène de Véronique Boutonnet offre une dramaturgie intelligemment ramassée où la quintessence de l'œuvre du romancier garde toute sa saveur. C'est un tour de magie, de passe-passe comme il en existe encore trop peu sur les scènes théâtrales. Faire d'un roman une pièce, de Dumas un bon Shakespeare,...  

Feydeau fait une farce à ses personnages et le public est complice - 20/06/2016

Il est député, se rêve en futur ministre. Elle est à l'aise. Nature. Tellement à l'aise dans son appartement qu'elle se promène en nuisette. Tout'nue ! Le couple vivrait bourgeoisement et douillettement si l'appartement n'était entretenu par un serviteur abruti et n'avait pour voisin, en vis à vis, le pire ennemi du député : Clemenceau lui-même… Imaginé, vécu, en prédateur goulu. Comme aimantés...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024