La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Il n’y pas qu’Avignon ! À Paris aussi… "Tout baigne !" - 14/07/2011

Oui, c’est cela, "Tout baigne !". C’est en tout cas le titre d’une comédie en ce moment à l’affiche au Théâtre du Temple. Forte de son succès dans les années 1990, adaptée au cinéma, puis reprise en 2004 dans une mise en scène de Cathy Guillemin, elle revient à l’affiche avec deux nouvelles équipes de comédiens qui jouent en alternance. Sans dire qu’il s’agit d’une pièce absolument...  

Pascal Parsat : pour un théâtre accessible à toutes les singularités - 13/07/2011

Au milieu de l'effervescence avignonnaise, des 1 200 spectacles proposés dans le Off du festival, il faut se pencher pour découvrir la présence de Pascal Parsat, directeur artistique et co-fondateur du Centre Ressource Théâtre Handicap (CRTH). Discret mais opiniâtre, il œuvre pour l'accessibilité des pièces de théâtre à tous les publics. Surtout à l'un des plus marginalisés : les personnes...  

Les Tombées de la Nuit ou l'itinéraire des rêveurs éveillés - 11/07/2011

Brouilleur de frontières, le festival des Tombées de la Nuit nous fait découvrir toutes sortes de créations. À côté de spectacles purement réflexifs gît l'onirique, qui offre un parcours merveilleux. Thomas Chaussebourg et la compagnie Circ'Ombelico y occupent une place de choix. Sur le bitume de la dalle Kennedy, dans une alcôve improvisée du parc du Thabor, bien installé dans une loge de...  

Un Hamlet patchwork et baroque au Château de Grignan - 09/07/2011

Dans le cadre des fêtes nocturnes, Jean-Luc Revol met en scène une des pièces les plus connues du répertoire théâtral : "Hamlet" de Shakespeare. Avec Philippe Torreton dans le rôle titre, Jean-Michel Desprats à la traduction et Xavier Simonin comme assistant à la mise en scène, le cocktail s’est transformé en un étrange nectar, superbement applaudi par le public, et aux saveurs explosives mais...  

Salieri retrouve ses lettres de noblesse sur la scène du Lucernaire. - 04/07/2011

Guère besoin d’être un mélomane averti pour au moins avoir entendu parler du compositeur Salieri. Milos Forman en avait fait (dans son film "Amadeus") l’empoisonneur de Mozart. Ici, Jean Hache, certainement plus proche de la réalité historique, dresse le portrait d’un homme en proie à sa solitude et à son passé. Loin d’en faire un monstre jaloux et assassin, il rend le personnage terriblement...  

N°1 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis - 05/07/2011

Pendant toute la durée du Festival d’Avignon, nous allons suivre les pas de notre cher rédacteur, Mickaël Duplessis, présent les trois semaines du Festival et déjà sur place. Une aventure qui démarre et un rendez-vous à ne pas manquer ! Ca y est ! Dans la nuit du 3 au 4 juillet, respectant l’arrêté préfectoral, la "ville de province" s’est transformée en "ville du festival", se couvrant...  

N°2 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis - 06/07/2011

Suite ! Notre correspondant depuis Avignon ne perd pas de temps. Il continue son périple et nous aimons suivre ses pas... Pour les habitués des rues d’Avignon en juillet, les années se suivent… et se ressemblent un peu. Sans même parler des sempiternelles comédies au goût douteux, accrochées à leur théâtre comme un Harpagon à sa cassette, il est vrai que l’on retrouve de plus en plus les mêmes...  

Hanokh Levin : le duel de l'enfance et du Mal - 28/06/2011

À l'occasion du "Festival des Écoles du théâtre public" à la Cartoucherie, les élèves de l'EDT 91* ont présenté "L'Enfant rêve" de Hanokh Levin. Entre violence et innocence, entre abjection et poésie, cette pièce a permis aux jeunes comédiens d'éprouver toute la complexité du jeu scénique. Une expérience très prometteuse pour le théâtre de demain. Théâtres de l'Aquarium, de l'Epée de bois, de la...  

"Le plus beau lendemain ne nous rend pas la veille" - 21/06/2011

"De beaux lendemains", récit poignant de l’auteur américain Russell Banks porté à la scène si particulière des Bouffes du Nord. L’œuvre avait déjà été adaptée au cinéma par Atom Egoyan. On se souvient peut-être de son énorme succès à Cannes en 1997. Emmanuel Meirieu reprend (pour la deuxième saison consécutive) cette adaptation, mais la distribution est en grande partie changée. On s’accroche aux...  

Le pouvoir est un monstre - 20/06/2011

"Caligula", la célèbre pièce d’Albert Camus dans une mise en scène de Valérie Fruaut est reprise au Petit Saint Martin pour 30 dates exceptionnelles. Un spectacle beau et profond, très réussi ! Le croisement des trois temporalités d’une œuvre théâtrale est toujours intéressant à souligner : l’auteur écrit une pièce dans les années 1940, traitant d’un sujet qui date du premier siècle de notre ère,...  






À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024