La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Black March" Des sujets à vif sur des planches… "un écorché" de l'humanité - 07/03/2023

Projeter sur la scène d'un théâtre la folie "extra-ordinaire" d'un microcosme humain, pour la donner à voir et à entendre dans ses plis et replis, est en soi une folle entreprise. En effet, l'actrice, l'acteur - a priori - ne sont pas plus fous que la moyenne des femmes, des hommes, et si elle, si lui, se contentent de mimer des accès de démence, ils ne rendront pas crédible le dérèglement du...  

"Othello" Iago et Othello… le vice et la vertu, deux maux qui vont très bien ensemble - 03/03/2023

Réécrit dans sa version française par Jean-Michel Déprats, le texte de William Shakespeare devient ici matière contemporaine explorant à l'envi les arcanes des comportements humains. Quant à la mise en jeu proposée par Jean-François Sivadier, elle restitue - "à la lettre" près - l'esprit de cette pièce crépusculaire livrant le Maure de Venise à la perfidie poussée jusqu'à son point...  

"Sans tambour"… ni trompette mais avec poésie et élégance ! - 28/02/2023

Dans une belle mise en scène de Samuel Achache, l'absurde fait quelques irruptions en compagnie de chants lyriques. Violoncelle, clarinette, saxophone et accordéon accompagnent le jeu autant théâtral que mimique avec des morceaux des lieder de Schubert. Lumières encore allumées dans la salle, ils s'avancent vers la scène, sortant presque du public et s'installent, pour les musiciens, sur un banc...  

"Ourika"… Le destin poignant d'une héroïne noire, condamnée à l'exclusion, immortalisée par Claire de Duras - 27/02/2023

Un texte d'une pure beauté au service d'une cause malheureusement toujours d'actualité… À la fin du XVIIIe siècle, une jeune fille sénégalaise prénommée Ourika est arrachée dans l'enfance à l'esclavage de son pays d'origine. Elle sera élevée à Paris en pleine période révolutionnaire, à l'Hôtel de Beauvau, au sein de l'aristocratie française (ce lieu prestigieux car la princesse de Beauvau était...  

Superstitions shakespeariennes et actuelles en jeu de miroir dans "Expérience #1 - En Répétition" au Studio d'Asnières - 17/02/2023

Une jeune metteuse en scène monte "La Tragédie de Macbeth" et l'on suit cette création depuis les auditions jusqu'à la première du spectacle (d'où le titre : "En Répétition"). C'est toute l'aventure d'une création théâtrale qui est contée ici en un peu plus de deux heures. Une gageure, mais le texte de Samuel Gallet se cantonne aux relations qui s'établissent, se tendent et se nouent entre les...  

"Libre arbitre" La jeune femme, la testostérone et ses juges… une fable "olympique" - 16/02/2023

En faisant résonner en nous cette expression à double entrée, le titre à lui seul cristallise les enjeux de cette performance théâtrale menée à la vitesse du 800 mètres "canonique" de 2009, couru à Berlin par Caster Semenya lors des Championnats du Monde… D'abord, du côté de la jeune athlète spoliée de sa médaille, il affirme sa revendication au "libre arbitre", celui d'échapper au déterminisme...  

Sixième et dernier chapitre de l'album de voyage dans notre monde d'une artiste : "MADAM#6" - 14/02/2023

Et donc le sixième spectacle du Manuel d'Auto Défense À Méditer (MADAM) d'Hélène Soulié qui, plus qu'un manuel, est un manifeste créatif, inventif, poétique et politique de la place laissée ou non aux femmes de notre civilisation si avancée. Un projet qu'Hélène Soulié porte depuis bientôt cinq ans : cinq ans de voyage à travers le pays, de rencontres, de témoignages, de collaborations avec des...  

"Flames to dust" du collectif berlinois Henrike Iglesias à Vienne utilise le smartphone pour réfléchir sur la finitude - 14/02/2023

Quel meilleur moyen permet de sonder l'intimité mieux que le smartphone qui nous est constamment proche ? Le spectacle interactif du collectif queer féministe berlinois Henrike Iglesias invite les spectatrices et spectateurs à se confronter à leur mortalité… en regardant les écrans de leurs smartphones. Une soirée originale et intimiste, d'un format captivant. "Why do all good things come to an...  

"3 annonciations" Poétique et politique ! - 13/02/2023

Dans un très beau texte de Pascal Rambert, l'auteur use de poésie pour montrer, au travers de trois archétypes féminins, le monde avec ses mystères et ses évolutions. Se basant sur une picturalité propre à l'époque vénitienne, nos trois protagonistes se situent à différents moments, religieux ou laïcs, où leurs voix se font entendre autant dans leurs tessitures que dans leurs propos politiques....  

"Derrière le hublot se cache parfois du linge" Et si les difficultés dans le fait de vivre en couple étaient aux antipodes de la bien-pensance ! - 10/02/2023

On voudrait mieux s'aimer. Mais comment faire quand les "mandats" se cumulent : le couple hétérosexuel, le couple cohabitant, le couple avec enfant ou celui qui n'en veut pas ? Le tout, bien entendu, submergé par les eaux troubles du patriarcat. Ce petit système hétéro-normé de longue date est bien loin de rimer encore avec égalité et il est pertinent d'en secouer le cocotier. Deux femmes et un...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024