La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Robert Wilson pose l’énigme du regard de l’homme sous le grimage - 06/12/2011

"La Dernière Bande" est une pièce de Samuel Beckett en un acte, écrite en anglais sous le titre de "Krapp’s last tape". La première de la pièce a été donnée le 28 octobre 1958, au Royal Court Theatre de Londres. Krapp est un vieil homme, seul, dans la nuit. Il est tard. Il a soixante-dix ans. Il écoute un enregistrement de sa voix réalisé trente ans auparavant. Il est temps. Krapp est un...  

Péril sur les Molières, premier babil pour les P'tits Molières - 05/12/2011

À l'heure où 29 directeurs de théâtres privés parisiens "déclarent" la cérémonie des Molières "obsolète", les P'tits Molières font leurs premiers gazouillis sous le slogan : "Parce que dans les petites salles, il y a aussi de grands spectacles". Mais tout d'abord, rappel des faits... Premier acte : En début de semaine dernière, les plus importants théâtres privés parisiens (dont le Théâtre...  

Une équipée initiatique... comme une page blanche ouverte à l'imaginaire - 02/12/2011

Lorsque Eva Castro évoque, seule sur scène, le chevalier à la triste figure créé par Cervantès, c’est toute la matière espagnole qui prend son habit de lumière. Un drap blanc comme une plage d’indécision, comme un tréteau au vent, comme une page blanche qui s’ouvre à l’imaginaire : comme le ferait un livre maquette. D’où s’échapperaient tourbillonnant portés par un génie malicieux et gracieux...  

Yvonne, poupée mutique, devient danseuse... Coppélia de chiffon - 29/11/2011

Dans "Yvonne, Princesse de Bourgogne" (pièce écrite en 1935), Witold Gombrowicz, de manière spectaculaire, exploite les ressources dramaturgiques de la farce, révèle les mécanismes d’un pouvoir qui se veut absolu et finit criminel. La démonstration est implacable. Frappée au coin de l’ironie la pièce déroule le rire et le sarcasme. C’est une tragédie en forme comique. C’est une gageure. Elle...  

Fusion des mondes imaginaires pour un renouveau de l’humour à l’italienne - 23/11/2011

"La Fête" et "Bar" de Spiro Scimone sont issu d’un travail du collectif de théâtre contemporain De Quark. C’est un dessert de spectacle en forme de chaud froid délicieux. Il est marqué au coin du quotidien. Celui de la fête d’anniversaire. Familiale. Obligatoire. Le père, la mère, l’enfant sur le bord d’une toile cirée avec... gâteau, cotillons et caméra pour fixer l’événement. Pour le...  

Variations Intimes, comme un corps fragmenté - 17/11/2011

Jacques David, Dominique Jacquet et leur équipe (Théâtre de l’Erre), qui entrent en résidence à L’étoile du Nord, croient aux vertus du théâtre pour exprimer les parts intimes de l’individu. Et travaillent sur des textes de Lars Norén et Philippe Minyana. La première proposition (Acte I), "Le 20 novembre", est celle de Lars Norén présentée au public jusqu’au 26 nov, avant d'aller dans le milieu...  

Roman d’éducation, épopée picaresque, récit de l’éphémère... pour un théâtre de transmission ! - 14/11/2011

Depuis toujours, depuis qu’il a ouvert en 1976 les premières pages des carnets d’un jeune homme couverts de notes prises au jour le jour, à l’occasion des répétitions des créations et de rencontres, la vie de Philippe Caubère sert de pâte à spectacle à Philippe Caubère. Avec "Urgent Crier !", accompagné du guitariste Jérémy Campagne, Philippe Caubère rend hommage à son mentor et ami André...  

De réfractions en réfractions, avec douceur... Des artifices de Venise aux étoiles du désert - 03/11/2011

Au début de l’histoire de William Shakespeare, il y a une aventure où tout est réussite, Othello et Desdemone sont unis. Et puis il y a cette fatalité qui ouvre un mythe qui hante le théâtre européen. Othello est un grand héros de guerre qui séduit par le récit de sa vie d’avant, avant quand il était esclave avant d’être racheté par Venise. Desdémone est la fille du noble, elle est celle qui...  

L'intemporalité salvatrice d'un esthète de l'ironie féroce et de l'irrévérence... conjuguée au féminin - 30/10/2011

L'une des principales qualités d'une œuvre est son intemporalité. Celle de Pierre Desproges en fait partie et a cela de presque angoissant que ses flèches empoisonnées, contextualisées à une époque, n'ont cruellement pas perdu une once de leur actualité. C'est l'une des principales forces du spectacle "Chroniques d'une haine ordinaire" mise en scène, avec une élégance "Desprogienne", par Michel...  

Un peuple de Robin des bois revisité - 31/10/2011

Dans sa pièce "As you like it" de William Shakespeare, les jeunes gens fuguent devant la méchante autorité du duc et rejoignent par cette fuite d’autres exilés qui survivent dans une forêt primitive et éloignée. Ils forment un peuple de Robin des bois revisité qui se moque des visions de paradis des bergers d’Arcadie. En son sein se discerne une forme de brutalité ainsi que la montée de la sève...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024