La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Lilith", à la manière d’un concept album rock, est une coulée d’énergie - 31/03/2015

Reprise Damned ! Et Dieu créa Adam… Créature étrange à la fois mâle et femelle, du moins si on suit à la lettre le poème de la Genèse. Ce détail inaugural et essentiel est contredit quelques vers plus loin par l'apparition d’Ève… Le lecteur attentif reste étourdi, interloqué, interdit, rêveur de cette contradiction que gomment les traditions (presque toutes) qui ont conclu qu'Adam était homme et...  

Chasser le spleen des cœurs délaissées pour de nouveaux chants amoureux enchantés - 07/07/2014

Histoires d'hommes vécues par des femmes... écrites par un homme... pour une femme ! En soi, l'idée peut paraître banale mais la précision est importante tant elle dit ici la sensibilité d'un homme au cœur des histoires d'amours des femmes... Une mise en lumière crue mais bien réelle sur l'amour aujourd'hui, sur ses joies, ses peines et sa capacité à toujours renaître tel un Phénix posé sur le...  

Le porteur d’histoire… De belles histoires qui font du beau théâtre - 19/06/2014

Les différentes histoires racontées à différentes époques dans différents lieux par différentes personnes oscillent entre réalité et imaginaire. Le vrai du faux ne se séparent plus dans un moment théâtral de très belle qualité. C’est du théâtre, du vrai théâtre avec des histoires qui s'enchaînent, s'enfilent, s'imbriquent, qui font intervenir des personnages historiques ou inventés, des...  

Mes prix littéraires... Une mise à nu de la vanité des vanités sous les comportements des cérémonieux - 11/06/2014

Dans "Mes prix littéraires", l'écrivain Thomas Bernhard lauréat et récipiendaire de prix littéraires se sent humilié d’être honoré par ceux qu’il méprise (et qui le méprisent). Tout à la fois sûr de lui et de son art. Dominateur et dévoré par des mesquineries. Il a l'égo blessé... Et pour continuer de vivre de son art, Thomas Bernhard accepte la remise des prix littéraires de l’Autriche ou de la...  

Une approche rigoureuse et palpitante des "Caprices" de Francisco de Goya - 06/06/2014

L'homme qui est enfermé dans les ténèbres dort et rêve. C’est Francisco Goya y Lucientes, peintre de cour, amoureux de l’inconstante duchesse d'Albe. Il est assailli d’ombres et de fantômes, de sorcières et de grimaces, épuisé par le travail et le tourment de la surdité, il n’est pas fou et, dans ses éclairs de raison, voit clair en l'homme. Ses noirceurs et ses lumières. Guillaume Dujardin avec...  

Une Flûte Enchantée revisitée dans une version opéra-théâtre dynamique et pleine de surprises - 05/06/2014

Si Mozart avait pu glisser deux mots à l’oreille de Jean-Philippe Daguerre : "Wie Ihre Zauberflöte schön ist! (Comme elle est belle votre Flûte Enchantée)", lui aurait-il dit après avoir assisté à l’une des représentations du spectacle éponyme. Les mises en scène de Jean-Philippe Daguerre, une invitation à traverser les époques de Molière, d’Edmond Rostand... et Mozart de s’inscrire en lettres...  

Résister… ce jour du 27 mai 1943 où la France s’est construite - 03/06/2014

Reprise ! Le 27 mai 1943 se déroulait, au 48 rue du Four à Paris, la première réunion du Conseil National de la Résistance qui allait dessiner le futur visage politique et social de la France de l’après-guerre. "Partisans" relate, avec une truculence qui laisse peu de place aux partis pris, les coulisses de cette réunion. Sur une chanson de Léonard Cohen "The Partisan", trois personnages entrent...  

"Peer Gynt", une matière merveilleuse qu'Ibsen, avec beaucoup d’humour, a concrétisé - 26/05/2014

Malmené par les trolls, ces esprits espiègles de la montagne de Norvège, et secoué par la ruine inexorable de la maison familiale, ce moins que rien de Peer Gynt, ce vaurien, galopin de village qui, après avoir enlevé la jeune mariée, disparut un jour au-delà des montagnes sans laisser d’adresse, est devenu une légende poussée par les rumeurs successives concernant sa vie. L’histoire de "Peer...  

Côtoyer les estats et empires de la lune et du soleil du vrai Cyrano de Bergerac... sans le savoir vraiment - 21/05/2014

L'action vue par Dominique Pitoiset, qui met en scène Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, se déroule dans la salle commune d’un établissement de neurologie et raconte l’histoire d’un gars qui aime la vie. Le protagoniste est un peu caboche, cabossé à force d’aller à la castagne, à la fête à la cocarde. Entier... Fou de poèmes, de beauté et de sincérité, il est prompt à combattre, de près ou de...  

Dans la vallée de l’étonnement, le comédien apporte le réconfort du théâtre à la science - 19/05/2014

21 ans après "L’homme qui" et après avoir ausculté les relations entre Luria et Shereshevsky*, Peter Brook, dans son dernier spectacle "The Valley of Astonishment" (avec la complicité de Marie-Hélène Estienne), propose au spectateur de rencontrer de nouveau des hommes et des femmes remarquables doués de mémoire exceptionnelle. Rien ne les distingue des autres jusqu’au jour où… perçue par un...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024