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Théâtre

"Lilith", à la manière d’un concept album rock, est une coulée d’énergie

"Lilith", Maison des métallos, Paris

Reprise Damned ! Et Dieu créa Adam… Créature étrange à la fois mâle et femelle, du moins si on suit à la lettre le poème de la Genèse. Ce détail inaugural et essentiel est contredit quelques vers plus loin par l'apparition d’Ève…



© Andréa Vamos.
© Andréa Vamos.
Le lecteur attentif reste étourdi, interloqué, interdit, rêveur de cette contradiction que gomment les traditions (presque toutes) qui ont conclu qu'Adam était homme et que ce dernier avait finalement choisi Ève (qui apparait quelque temps plus tard sous ses côtes) et délaissé sa moitié égale à lui en toute chose, liberté et désir…

Le texte de Hédi de Clermont Tonnerre, fort bien documenté, donne voix (dans sa pièce éponyme) à Lilith. Ainsi se nommerait-elle celle qui, dépitée, aurait préféré se rapprocher de Samaël diaboliquement séduisant, autre personnage lui aussi oublié…

Le texte plein d’humour alterne connaissances et imaginations, commentaires et dialogues. Psalmodié tout autant que chanté et parlé, "Lilith", à la manière d’un concept album rock, est une coulée d’énergie. Julie Recoing comme lave en fusion donne corps à Lilith, à toutes les Lilith qui hantent depuis la genèse les rêves et les existences de ses descendants et descendantes. Faciles à repérer dans leurs avatars historiques de déesses et démones, amoureuses de chair, aux têtes d'anges heureuses.

Le spectateur et sa compagne en sortent tout chose. On l’aime bien Lilith.

Vu en avant-première.

"Lilith"

Texte : Hédi de Tillette de Clermont Tonnerre.
Conception : Julie Recoing.
Interprètes : Étienne Baret, Geoffrey Palisse, Julie Recoing.
Musique : Étienne Baret.
Lumière : Julie Recoing
Son : Nicolas Delbart.
Durée : 55 min.

Avignon Off 2014
Du 5 au 27 juillet 2014.
Tous les jours à 21 h. Relâche le 16 juillet 2014.
Théâtre des Halles, Chapelle Sainte-Claire, Avignon, 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com

Photos : © Andréa Vamos, © Nicolas Dalbart et © Julie Recoing.

Reprise
Du 14 au 16 avril 2015.
Mardi, mercredi, jeudi à 20 h.
Maison des métallos, Paris 11e, 01 47 00 25 20.
>> maisondesmetallos.org

Jean Grapin
Mardi 31 Mars 2015

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

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Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
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© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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13/12/2024