La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Fission"… Fragilité des constructions humaines, inconsistance et puissance de tout rêve - 15/04/2016

Le théâtre de la Reine Blanche fait se rencontrer les mondes scientifiques et artistiques en usant d'un vecteur commun de la représentation théâtrale… Dans "Fission", il est question de l'atome, de l'énergie et de la bombe vue d'un point focal, peu connu de la Grande Histoire… Celui de ces savants allemands qui travaillaient, sous le régime nazi, sur le programme de la bombe atomique et qui,...  

"Orphelins"… Violence en émotion… entre dit et non-dit - 11/04/2016

Dans une pièce de Dennis Kelly, Chloé Dabert dresse une mise en scène où la violence est nourrie par le flux des paroles et le rapport entre les personnages sans que les propos et les corps n’empruntent un autre détour que celui de se contenir. La scénographie laisse apparaître dans une pénombre une table entourée de trois chaises dans un séjour situé dans une infrastructure de bois habillée de...  

Camino Verde "capture" à nouveau le spectacle vivant - 06/04/2016

Nouvelle parution chez la petite mais dynamique maison d'édition Camino Verde avec la parution en livre-cd du spectacle "Comment va le monde ?" par Marie Thomas. L'occasion de "graver" la très belle performance de la comédienne et de rendre hommage à Sol, le clown clochard imaginé et interprété pendant plus de quarante ans par le québécois Marc Favreau (1929-2005). Sol, le clown pétrisseur des...  

"Une trop bruyante solitude"… Manier l'humour comme arme de dérision massive - 25/03/2016

C'est par lui que se réalise l'ultime tâche avant la disparition des mots, des auteurs, des idées, de la beauté. L'ultime étape de la destruction de la valeur symbolique des choses avant le retour à la matière. Une façon de fossoyeur. Pour son malheur, il appartient à ce que l'on appelait encore il...  

Jérôme Pouly, comédien magnétique pour un George Dandin charismatique - 15/03/2016

Grand, débonnaire et porteur d'une remarquable barbe rousse - c'est pour le rôle de "George Dandin" - Jérôme Pouly nous accueille avec la simplicité bienveillante et le panache d'un Aïrolo (1). Quand il entre dans un espace, il en modifie significativement les lignes et les équilibres. C'est ce...  

"Loki", un conte qui, l'air de rien, finit en apothéose wagnérienne - 10/03/2016

C'était durant le long temps d'avant : avant qu'il était une fois. Il n'y avait rien ou plutôt si. Il n'y avait que Niflheim si glacé. Il y avait aussi Muspel tout feu flamme et au milieu un gouffre de néant Ginnungagap. Du choc de leur rencontre, une forme gigantesque Ymir engendra tous les géants… les jotuns, les trolls, les ogres et toutes sortes d’autres… Abbi Patrix et son supplément dame...  

"Les Liaisons dangereuses"… Intrigues et érotisme avant la lettre - 09/03/2016

Christine Letailleur met en scène, autour de Dominique Blanc et Vincent Pérez, le roman épistolier de Choderlos de Laclos dans des situations où la parole prend de court l'écrit, où l'action supplante le verbe et où l'amour n'est qu'un prétexte à l'intrigue. De Choderlos de Laclos, il est resté un chef-d'œuvre, "Les liaisons dangereuses" (1782), composé à une époque où le traité de Paris (1763)...  

"Réparations en cours" : donner une conscience aiguë de la théâtralité de l'homme… et des femmes ! - 25/02/2016

L'action de "Réparations en cours" se situe entre la table et le fauteuil. L'histoire est simple, Un personnage prépare le repas, l'autre un exposé savant pour une grandes cause. C'est drôlissime. Le couple s'agite… La distribution des tâches, la répartition et la hiérarchisation des fonctions, l'attribution des rôles à l'un et à l'autre en fonction des compétences et des goûts sont...  

"Tartuffe"… dévotion ? Tout de travers ! - 12/02/2016

Il y a des classiques que l’on croit connaître sur le bout des répliques et pourtant, quand la mise en scène est faite par un grand metteur en scène comme Luc Bondy, c’est une redécouverte. Tartuffe se dévoile sous un nouvel aspect et une nouvelle allure. Ce n’est pas tartufferie que ce théâtre-là. Le jeu de mots était facile* mais le grand Luc Bondy, qui a malheureusement disparu le 28 novembre...  

Un "Polyeucte" consistant dans une mise en scène éclatante de Brigitte Jacques-Wajeman - 11/02/2016

"Vous voulez donc mourir ? Vous aimez donc à vivre ?" En deux répliques, en un face à face terrible, deux hommes de puissance et de pouvoir, Sévère et Polyeucte, s'affrontent et se défient à mort. Tout est dit. La tragédie est nouée. Le fil est simple : Pauline et Sévère s'aiment. Ils sont sujets de l'empereur et de la religion romaine. Pauline est mariée à Polyeucte, prince allié de Rome....  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024