La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

La Botte secrète, c’est sans équivoque la quête du pied qui s’institue ! - 21/12/2011

La Compagnie Les Brigands fête ses dix ans dans la joie et la virtuosité à l’Athénée Louis Jouvet en présentant un opéra bouffe de Claude Terrasse et livret de Franc Nohain, "La Botte secrète". Cet opéra bouffe, créé le 27 janvier 1903, se situe dans l’héritage de Jacques Offenbach, il est aussi à la jointure d’Alphonse Allais et Alfred Jarry (pour l’Ubu duquel Claude Terrasse écrivit la...  

Dessinée à la craie, de case en case, la vie passe... - 19/12/2011

Israël Horovitz, dramaturge américain vivant le plus joué en France, publie "La Marelle" en 1993. En 2009, trois jeunes comédiens sortent de l’École Claude Mathieu et créent la compagnie Les Mille Théâtre. Pour leur première création, ils choisissent ce texte de Horovitz. Après l'avoir joué la saison passée à Paris, la jeune compagnie revient à Levallois nous permettant de retrouver ces jeunes...  

Les enfants de la "balle" ou les garnements de Gilles Bouillon - 17/12/2011

C’est jeune et c’est nerveux. Avec sa troupe du JTRC*, Gilles Bouillon saisit sur le vif ces "Kids" de Fabrice Melquiot. Dix jeunes gens sur scène. Ils sont superbes de générosité et de vérité. C’était à Tours puis à Châtillon. Une tournée s’annonce, mais il faudra attendre la prochaine saison… C’est enfin la paix à Sarajevo. Dix adolescents, tous orphelins, tentent de fêter ce nouvel état. Ils...  

Une comédie de mœurs où le comique purifie le tragique - 15/12/2011

[3e Reprise] Né en 1942, Michel Tremblay est un auteur québécois touche à tout de théâtre, romans, chansons, scénarios, etc. Son premier succès, "Les belles sœurs" en 1968, traduit dans près de cinquante langues, a fait le tour du monde. Il est quelque peu oublié en France depuis. "À toi, pour toujours, ta Marie-Lou", œuvre de jeunesse (écrite en 1971), est présentée pour la première fois en...  

Le vicaire... Vertige, amertume d’une comédie humaine - 09/12/2011

Le pape. Pie XII, bien que représentant du Christ sur terre (vicaire) à la tête d’une religion très bien organisée à l'international, ne condamna pas clairement les nazis pour sauver les juifs, ses frères en bible et en humanité. Créée en pleine guerre froide en 1963, la pièce fleuve de Rolf Hochhut "Le vicaire" pointe et interroge ce comportement étonnant. Mise en scène par Erwin Piscator à...  

Robert Wilson pose l’énigme du regard de l’homme sous le grimage - 06/12/2011

"La Dernière Bande" est une pièce de Samuel Beckett en un acte, écrite en anglais sous le titre de "Krapp’s last tape". La première de la pièce a été donnée le 28 octobre 1958, au Royal Court Theatre de Londres. Krapp est un vieil homme, seul, dans la nuit. Il est tard. Il a soixante-dix ans. Il écoute un enregistrement de sa voix réalisé trente ans auparavant. Il est temps. Krapp est un...  

Péril sur les Molières, premier babil pour les P'tits Molières - 05/12/2011

À l'heure où 29 directeurs de théâtres privés parisiens "déclarent" la cérémonie des Molières "obsolète", les P'tits Molières font leurs premiers gazouillis sous le slogan : "Parce que dans les petites salles, il y a aussi de grands spectacles". Mais tout d'abord, rappel des faits... Premier acte : En début de semaine dernière, les plus importants théâtres privés parisiens (dont le Théâtre...  

Une équipée initiatique... comme une page blanche ouverte à l'imaginaire - 02/12/2011

Lorsque Eva Castro évoque, seule sur scène, le chevalier à la triste figure créé par Cervantès, c’est toute la matière espagnole qui prend son habit de lumière. Un drap blanc comme une plage d’indécision, comme un tréteau au vent, comme une page blanche qui s’ouvre à l’imaginaire : comme le ferait un livre maquette. D’où s’échapperaient tourbillonnant portés par un génie malicieux et gracieux...  

Yvonne, poupée mutique, devient danseuse... Coppélia de chiffon - 29/11/2011

Dans "Yvonne, Princesse de Bourgogne" (pièce écrite en 1935), Witold Gombrowicz, de manière spectaculaire, exploite les ressources dramaturgiques de la farce, révèle les mécanismes d’un pouvoir qui se veut absolu et finit criminel. La démonstration est implacable. Frappée au coin de l’ironie la pièce déroule le rire et le sarcasme. C’est une tragédie en forme comique. C’est une gageure. Elle...  

Fusion des mondes imaginaires pour un renouveau de l’humour à l’italienne - 23/11/2011

"La Fête" et "Bar" de Spiro Scimone sont issu d’un travail du collectif de théâtre contemporain De Quark. C’est un dessert de spectacle en forme de chaud froid délicieux. Il est marqué au coin du quotidien. Celui de la fête d’anniversaire. Familiale. Obligatoire. Le père, la mère, l’enfant sur le bord d’une toile cirée avec... gâteau, cotillons et caméra pour fixer l’événement. Pour le...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024