La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Avignon Off 2012 : Une redécouverte de l'ancien français, jubilatoire et poétique... Un émerveillement quasi exotique - 23/07/2012

À l'heure de l'extrême modernité de nombreuses propositions artistiques, le comédien Philippe Klein prend le pari de nous révéler que nous comprendrons encore le vieux français... Avec "Alfred le Fabuliste", il nous propose un voyage dans le temps, poétique et décalé, à la redécouverte de fables que nous connaissons souvent par cœur... mais en usant de la langue du XIVe siècle... un spectacle...  

Avignon Off 2012 : Entre esquisse de film muet et rêve de cinéma contemporain, l'alexandrin excelle ! - 23/07/2012

Vieux barbon cruel et jaloux, prince dévoyé découvrant la sagesse en devenant empereur sage, bandit d’honneur déchiré et amants et séparés : Point n’est besoin de connaitre l’intrigue de "Hernani", ni son fond historique en partie fantaisiste. Les invraisemblances de cette pièce sont nécessaires au sens qui est celui de l’affirmation glorieuse de la vitalité de la jeunesse. Olé ! Le fond est...  

Avignon Off 2012 : Un "théâtre documentaire" minimaliste et poignant... pour une nouvelle fraternité... - 22/07/2012

Depuis "Le Banquet de la Sainte-Cécile" joué près de mille fois, Jean Pierre Bodin, du rire aux larmes, construit une œuvre, fait entendre l’intimité, l’humanité de personnes discrètes de la vie quotidienne auxquelles il confère le statut de personnages. Œuvre de partage. Il avait engagé un travail sur les ouvriers de sa région natale lorsqu’un fait divers paru dans Libération du 15 avril 2009...  

Avignon Off 2012 : Abstraction, épure, apesanteur pour un rêve aérien... bleue - 22/07/2012

Dans "Blue", Marion Collé, fil de fériste - et avec elle l’équipe qui l’accompagne en régie - conduit une réflexion artistique passionnante. Servie par une scénographie précise et inventive, la proposition scénique raconte la parabole du corps physique de l’actrice oscillant entre la pure corporéité, la pesanteur et sa projection lumineuse, sa légèreté. Concentrée dans le passage et le maintien...  

Avignon In 2012 : Son et lumière à programmation informatisée pour vieilles pierres papales - 21/07/2012

Spectaculaire dans la Cour d’honneur, la proposition de Simon McBurney aura fait coup double en début de festival. Elle aura mis en images théâtrales l’œuvre complexe de Mikhaïl Boulgakov et couvert l’intégralité des murs de la Cour d’honneur d’images rétro-projetées. C’est complètement ouf (en commentaire contemporain) et pourtant, en dépit de son côté spectaculaire (ou peut-être à cause de...  

Avignon Off 2012 : Boucherie royale... Ou comment se payer une tranche de cervelas ubuesque en famille - 18/07/2012

Pas de festival d'Avignon sans un bon "Ubu". Celui-là, conduit par Jean-Louis Crinon, s’appuie sur une grande expérience de jeu de clown pour enfant. Les scènes de ménage entre père et mère Ubu se déroulent dans le laboratoire d’un boucher charcutier. Elles sont truffées de trouvailles. De chapelet de saucisses en rôti de veau farci à la webcam, les commis font démonstration de leur incurie et...  

Avignon Off 2012 : Quand Blanche est battue en Neige... Ou les frères Grimm version culinaire ! - 17/07/2012

Dans "La cuisine de Blanche-Neige", le spectateur assiste à un cours de conte illustré par la cuisine. Animé par une cuisinière (Peggy Semeria) pleine de faconde et de son assistant (Frédéric Chevaux) bien innocent, le spectateur apprend comment désosser le conte de Blanche-Neige et en extraire le suc et la moelle. Irréprochable sous le plan de la démonstration et du jeu, cette proposition est un...  

Avignon Off 2012 : Marsiho, élégiaque et paisible... sous le regard du poète - 16/07/2012

[Reprise] Philippe Caubère, comme un Ulysse ayant conquis la toison, entreprend un voyage du retour aux origines, à son âge d’or, à Marseille (Marsiho en provençal). C’est, barbu, les traits muris comme un Poséidon qu’il retrouve, dans la saveur des mots du grand écrivain trop oublié André Suarès, la complexité des sentiments. Partir, se détacher, revenir. Marseille dans les années trente....  

Avignon Off 2012 : C'est quoi le bonheur ? Une île utopique aux couleurs du temps... - 16/07/2012

Le "Bonheur titre provisoire" renoue avec une tradition féconde au théâtre, celle du dialogue sous sa forme la plus simple et la plus balancée de l'échange philosophique au cours duquel se partagent des arguments censés apporter la solution d’un problème posé. Ainsi de la définition du bonheur. Pauline Méreuze, Paul Camus et Alain Timar, dans les lieux où plane le souvenir de Pétrarque et de...  

Clown blanc sur fil rouge... en fol équilibre entre non-théâtre et cabaret métaphysique - 13/07/2012

De petites démonstrations en questionnements personnels, François Jenny, dans "Ça par exemple !", nous emmène dans un univers onirique et humoristique, celui du clown blanc... de celui qui sait que ce n'est pas lui mais l'Auguste qui fait rire le public. De ce postulat, il tisse une trame en forme de cabaret, décalé mais nourri de ces mille feux qui habillent la piste de cirque tout comme la...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024