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Avignon 2023

•Off 2023• "Yoko, la méduse amoureuse d'un sac plastique" Amours écologiques au fond des océans

"Il était une fois, dit ou dira le poisson-lune, dans son bocal (contre son gré, mais pour sa survie), Yoko la méduse, fille de la reine Gélatine II… qui tomba amoureuse d'un prince en plastique…" Ainsi va la vie au fond des océans, pas toujours facile face aux multiples dangers d'origine animale ou végétale… ou humaine, les hommes étant les grands propagateurs de la pollution sur terre et sur mer. "Yoko la méduse" est ainsi un conte écologique nous menant sur un chemin maritime où sont mis aussi en jeu la tolérance, l'amour et l'amitié, la solidarité et la sauvegarde de la planète.



LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
Qui dit méduse… dit océan ! Qui dit sac en plastique… dit objet polluant ! Ici, la rencontre de Yoko la méduse, au moment où elle se retrouve prisonnière de deux anémones de mer, avec Tchip le sac en plastique va bouleverser un petit coin d'océan Pacifique, à proximité de la petite île imaginaire de Koko-Sushi. Ils tombent amoureux. Malheur à eux ! Car, comme Roméo et Juliette, ils appartiennent à deux clans rivaux qui se détestent.

Le conte va être alors le prétexte de différents combats, celui de l'amour bien sûr, mais seront aussi convoqués, à la table des sentiments, des valeurs à défendre, l'amitié, la tolérance, la solidarité, la fraternité entre espèces, la liberté, la désobéissance salvatrice, etc. Et, en fil rouge porteur d'urgence, la préservation écologique des océans, de leurs flores, de leurs faunes, bref comme un cri aquatique pour sauver la planète.

Débute alors, avec toutes les valeurs ci-dessus nommées sous-jacentes, l'aventure extraordinaire de Yoko qui la conduira, par-delà le monde sans lumière au plus profond de la mer, vers l'univers inconnu des abysses, à la recherche de la source de vie, puis elle concoctera avec Tchip et ses amis, un plan pour sauver notre terre bleue, entre autres péripéties.

LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
Cela permettra de faire connaissance, notamment, avec Bernard (l'Hermite) le "créateur" et son centre de conception du vivant, le père de Tchip, une ancienne sandale brésilienne, quelques curieux poissons… et des méduses bien sûr, mi-animal mi-végétal qui, normalement, sont dépourvues de cœur… sauf qu'ici, nous sommes dans une fable !

Et c'est là qu'est la force du texte de Thomas Cannariato qui associe à la perfection, dans la forme classique du conte, les sources fertiles de l'imaginaire et de l'extravagance à la cruelle réalité de la pollution humaine – à laquelle encore aujourd'hui une partie de l'humanité reste sourde – qui fera, selon certaines études scientifiques, qu'en 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans.

Le déroulement du récit est finement séquencé, avec des scènes courtes et des enchaînements rapides, n'altérant pas la compréhension de l'histoire. La mise en scène est fluide, en totale cohérence avec le propos et Madlyn Farjot a fait le choix, en plus de l'interprétation théâtrale, d'apporter à sa mise en scène le chant et la danse. Pour cette dernière expression artistique, Léa Bridarolli (comédienne et danseuse) nous offre avec beaucoup de grâce, tout en simplicité et justesse, quelques moments chorégraphiés très réussis. L'ensemble de la distribution est au diapason quant au jeu, laissant "transpirer" leur enthousiasme à porter, avec différentes émotions, cette histoire marine.

LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
On peut sans aucun problème donner un "satisfécit" à Cécile Kou pour la très belle scénographie qu'elle a imaginée dans laquelle sont utilisés des rubans lumineux LEDs multicolores. Se modifiant en fonction des ambiances à créer, ils structurent l'imaginaire pour des voyages océaniques à rêver – les enfants y seront très sensibles – et, sans tomber dans la facilité, ils sont employés tant pour les décors sous-marins que pour représenter les poissons, crustacés et autres mollusques fluorescents résidant au cœur des profondeurs… du plus bel effet ! Les variations de bleu utilisées sont bluffantes pour créer l'atmosphère des grands fonds marins avec une étonnante représentation "virtuelle" des abysses.

Sans conteste, l'un des spectacles du off parfaitement dédié à la famille et au jeune public à partir de six ans.

"Yoko, la méduse amoureuse d'un sac plastique"

LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
LdD pour "Yoko la méduse" © 2023 Cie Pliez Bagage.
Texte : Thomas Cannariato
Mise en scène et chorégraphie : Madlyn Farjot.
Avec : Léa Bridarolli, François Auger, Julie Manautines et Thomas Cannariato.
Par la Cie Pliez Bagage.
Durée : 1 h.

Sélection officielle Phénix Festival
Vu en juin 2023 au Studio Hébertot, Paris 17e.
>> phenixfestival.com

•Avignon Off 2023•
Du 7 au 29 Juillet 2023.
Tous les jours à 10 h. Relâche le jeudi.
Théâtre La Luna, Salle 2, 1, rue Séverine, Avignon.
Réservations : 04 90 86 96 28.
>> quartier-luna.fr

Gil Chauveau
Lundi 10 Juillet 2023

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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
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Gil Chauveau
26/03/2024