Dans ce postulat d'avenir, la planète en est à son troisième effondrement, suite à des catastrophes sociales, systémiques et climatologiques qui détruisent tout, mais suite surtout à une catastrophe économique, causée essentiellement par la chute des républiques et le règne du grand capital synonyme du formatage des âmes, un peu dans l'esprit de 1984 d'Orwell. Voici pour la situation dans laquelle va se dérouler "La Distance".
Distance spatiale et distance générationnelle. Tiago Rodrigues interroge le temps où nous vivons. Il s'interroge sur la vision de la jeunesse d'aujourd'hui, sur les certitudes que les générations précédentes se transmettaient, sur les mises en doutes que les jeunes émettent dorénavant un peu partout dans le monde sur ces certitudes. Il pose la question du dépassement : ce temps où le monde est à tel point détruit qu'il vaut mieux tirer un trait sur celui-ci et le passé qui l'a mené là, une bonne fois pour toutes. Abolir le passé pour créer du neuf à partir de rien… Question que toutes les nouvelles générations sont en droit de se poser, en particulier celle qui vient de prendre conscience des réalités de notre époque. Et de la destruction ininterrompue des ressources de la planète.
Distance spatiale et distance générationnelle. Tiago Rodrigues interroge le temps où nous vivons. Il s'interroge sur la vision de la jeunesse d'aujourd'hui, sur les certitudes que les générations précédentes se transmettaient, sur les mises en doutes que les jeunes émettent dorénavant un peu partout dans le monde sur ces certitudes. Il pose la question du dépassement : ce temps où le monde est à tel point détruit qu'il vaut mieux tirer un trait sur celui-ci et le passé qui l'a mené là, une bonne fois pour toutes. Abolir le passé pour créer du neuf à partir de rien… Question que toutes les nouvelles générations sont en droit de se poser, en particulier celle qui vient de prendre conscience des réalités de notre époque. Et de la destruction ininterrompue des ressources de la planète.
En contraste avec le chaos que porte la pièce, tout est harmonieux sur scène. Un cercle rond comme la circonférence d'une planète, des lumières chaudes, un cercle capable de tourner, tel un objet du cosmos, pour être alternativement la Terre (l'espace du père, symbolisé par ces troncs morts, des livres, une platine vinyle) soit Mars (l'espace de la fille, un grand bloc de roche rouge, une cloche de végétation sous oxygène artificiel). Si proches, si lointains…
Les deux concepts, proches et lointains, sont sans cesse en friction ici. Ce qui tient en haleine celui qui regarde, ce ne sont pas des questions kilométriques, mais l'éloignement progressif du père et de son enfant et, à la fin, sa perte définitive. Des messages distillés dans le texte à coups de messages vocaux envoyés entre la Terre et l'Espace, entre l'ancien et le futur monde. Le monde de cette jeunesse décidée à oublier définitivement le passé. Car elle a vu que connaître l'histoire pour éviter les erreurs du passé ne sert pas à grand-chose, l'actualité leur donne raison presque tous les jours.
Un des éléments forts de ce spectacle consiste dans la distribution choisie par Tiago Rodrigues. Les deux interprètes collent étonnamment à leurs rôles respectifs. Non seulement en raison de leurs âges, mais aussi en raison de leurs manières de jouer. Deux styles de jeu, deux manières d'appréhender leurs personnages et de les rendre. Adama Diop, formidable diseur capable de plonger dans l'âme de son caractère et d'en sortir en un éclair, Alison Dechamps, avec un jeu en adéquation avec la jeunesse de son personnage et la nouvelle génération d'actrices : frontale, volontaire, elle épouse son personnage avec un investissement radical, presque sans distance. Et pourtant tous deux parviennent à harmoniser leurs interprétations tout en suggérant, quasiment invisiblement, les différences qui sous-tendent l'éloignement de leur relation.
Les deux concepts, proches et lointains, sont sans cesse en friction ici. Ce qui tient en haleine celui qui regarde, ce ne sont pas des questions kilométriques, mais l'éloignement progressif du père et de son enfant et, à la fin, sa perte définitive. Des messages distillés dans le texte à coups de messages vocaux envoyés entre la Terre et l'Espace, entre l'ancien et le futur monde. Le monde de cette jeunesse décidée à oublier définitivement le passé. Car elle a vu que connaître l'histoire pour éviter les erreurs du passé ne sert pas à grand-chose, l'actualité leur donne raison presque tous les jours.
Un des éléments forts de ce spectacle consiste dans la distribution choisie par Tiago Rodrigues. Les deux interprètes collent étonnamment à leurs rôles respectifs. Non seulement en raison de leurs âges, mais aussi en raison de leurs manières de jouer. Deux styles de jeu, deux manières d'appréhender leurs personnages et de les rendre. Adama Diop, formidable diseur capable de plonger dans l'âme de son caractère et d'en sortir en un éclair, Alison Dechamps, avec un jeu en adéquation avec la jeunesse de son personnage et la nouvelle génération d'actrices : frontale, volontaire, elle épouse son personnage avec un investissement radical, presque sans distance. Et pourtant tous deux parviennent à harmoniser leurs interprétations tout en suggérant, quasiment invisiblement, les différences qui sous-tendent l'éloignement de leur relation.
L'écriture et la mise en scène de Tiago Rodrigues, ainsi que l'ingénieux dispositif scénique constitué d'un immense plateau tournant qui rythme tout le spectacle avec ses ralentissements et ses accélérations, symboles de la course du temps et de la rotation des planètes, créent un système quasi cosmique, emportant les personnages dans un manège qui leur impose sa cadence. N'était une volonté de détailler le récit du voyage et de l'habitabilité de Mars, qui sert peu la profondeur de la pièce, la thématique de la distance croissante entre générations, entre ce père aimant et cette fille aimée, entre ce garant de la mémoire et cette "oubliante" volontaire pour recréer la vie à partir de rien, cette thématique est passionnante et reste longtemps comme une ombre inquiétante dans l'esprit.
Et puis comment oublier le morceau formidable de Caetano Veloso qui revient à plusieurs reprises, "Sonhos", et ses mélodies brésiliennes toujours porteuses de rêves, d'espoir et de nostalgie ?
◙ Bruno Fougniès
Et puis comment oublier le morceau formidable de Caetano Veloso qui revient à plusieurs reprises, "Sonhos", et ses mélodies brésiliennes toujours porteuses de rêves, d'espoir et de nostalgie ?
◙ Bruno Fougniès
"La Distance"
Texte : Tiago Rodrigues.
Mise en scène : Tiago Rodrigues.
Assistant à la mise en scène : André Pato.
Stagiaire à la mise en scène : Thomas Medioni.
Traduction : Thomas Resendes, Daniel Hahn (anglais).
Avec : Alison Dechamps, Adama Diop.
Collaboration artistique Sophie Bricaire.
Scénographie : Fernando Ribeiro.
Costumes : José António Tenente.
Lumière : Rui Monteiro.
Musique : Pedro Costa.
Dramaturgie : Sophie Bricaire.
Durée : 1 h 25.
Tournée
10 et 11 octobre 2025 : De Singel, Anvers (Belgique).
15 et 17 octobre 2025 : Maillon Théâtre de Strasbourg - Scène européenne, Strasbourg (67)
22 au 24 octobre 2025 : Teatro stabile di Napoli, Naples (Italie).
5 au 7 novembre 2025 : La Comédie - Scène nationale, Clermont-Ferrand (63).
13 - 23 novembre 2025 : Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (Suisse).
26 – 27 novembre 2025 : MC2, Grenoble (38).
1er décembre 2025 : Équinoxe - Scène nationale, Châteauroux (36).
15 au 18 janvier 2026 : Centro Dramatico Nacional, Madrid (Espagne).
21 au 25 janvier 2026 : Teatre Lliure, Barcelona (Espagne).
29 et 30 Janvier 2026 : Le Bateau Feu – Scène Nationale, Dunkerque (59).
3 et 4 février 2026 : Le Volcan Scène nationale, Le Havre (76).
7 au 10 mai 2026 : Onassis Steg, Athènes (Grèce).
15 et 16 mai 2026 : Piccolo Teatro di Milano – Teatro d'Europa, Milan (Italie)
21 et 22 mai 2026 : Théâtre de Grasse - Scène conventionnée d'intérêt national Art et Création, Grasse (06).
27 et 28 mai 2026 : Scènes et Cinés - Scène conventionnée d'intérêt national Art en territoire, Istres (13).
2 et 3 juin 2026 : Théâtre du Bois de l'Aune, Aix-en-Provence (13).
Mise en scène : Tiago Rodrigues.
Assistant à la mise en scène : André Pato.
Stagiaire à la mise en scène : Thomas Medioni.
Traduction : Thomas Resendes, Daniel Hahn (anglais).
Avec : Alison Dechamps, Adama Diop.
Collaboration artistique Sophie Bricaire.
Scénographie : Fernando Ribeiro.
Costumes : José António Tenente.
Lumière : Rui Monteiro.
Musique : Pedro Costa.
Dramaturgie : Sophie Bricaire.
Durée : 1 h 25.
Tournée
10 et 11 octobre 2025 : De Singel, Anvers (Belgique).
15 et 17 octobre 2025 : Maillon Théâtre de Strasbourg - Scène européenne, Strasbourg (67)
22 au 24 octobre 2025 : Teatro stabile di Napoli, Naples (Italie).
5 au 7 novembre 2025 : La Comédie - Scène nationale, Clermont-Ferrand (63).
13 - 23 novembre 2025 : Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (Suisse).
26 – 27 novembre 2025 : MC2, Grenoble (38).
1er décembre 2025 : Équinoxe - Scène nationale, Châteauroux (36).
15 au 18 janvier 2026 : Centro Dramatico Nacional, Madrid (Espagne).
21 au 25 janvier 2026 : Teatre Lliure, Barcelona (Espagne).
29 et 30 Janvier 2026 : Le Bateau Feu – Scène Nationale, Dunkerque (59).
3 et 4 février 2026 : Le Volcan Scène nationale, Le Havre (76).
7 au 10 mai 2026 : Onassis Steg, Athènes (Grèce).
15 et 16 mai 2026 : Piccolo Teatro di Milano – Teatro d'Europa, Milan (Italie)
21 et 22 mai 2026 : Théâtre de Grasse - Scène conventionnée d'intérêt national Art et Création, Grasse (06).
27 et 28 mai 2026 : Scènes et Cinés - Scène conventionnée d'intérêt national Art en territoire, Istres (13).
2 et 3 juin 2026 : Théâtre du Bois de l'Aune, Aix-en-Provence (13).