Le Marius, incarné par Michel Galera, c'est son histoire qui est racontée ici. Pourtant, Marius est ailleurs, hors de sa vie, une vie sans espoir, sevré de désirs. Une ombre dans l'ombre de son père César, le bien-nommé, empereur du domaine de la boulangerie, de l'appartement au-dessus, du peuple des quelques clients fidèles et de son fils.
Même si l'on connaît les films de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, le vide statique de l'ouverture de scène crée un appel d'air qui mobilise et provoque une attention extrême pour ce qui va se passer, comme si tout souvenir des fameux films s'effaçait d'un coup pour assister non pas à une adaptation, mais à une nouvelle histoire.
Joël Pommerat réussit ce tour de force. Ce Marius est autre chose que celui de Pagnol. Contemporain, dégraissé des caricatures marseillaises tout à fait amicales et réussies que Raimu, entre autres, avait balancées dans l'imaginaire collectif et, surtout, centré autour de deux sujets opposés : les amours (et les désirs) et l'argent.
Même si l'on connaît les films de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, le vide statique de l'ouverture de scène crée un appel d'air qui mobilise et provoque une attention extrême pour ce qui va se passer, comme si tout souvenir des fameux films s'effaçait d'un coup pour assister non pas à une adaptation, mais à une nouvelle histoire.
Joël Pommerat réussit ce tour de force. Ce Marius est autre chose que celui de Pagnol. Contemporain, dégraissé des caricatures marseillaises tout à fait amicales et réussies que Raimu, entre autres, avait balancées dans l'imaginaire collectif et, surtout, centré autour de deux sujets opposés : les amours (et les désirs) et l'argent.
Les amours sont nombreuses, diverses, diaphanes parfois. Amour paternel, amour filial, amour tout court, et puis désir charnel, et puis désir de fuir ce lieu mort et ce destin figé qui attend Marius, ce désir de l'horizon sans fin de la mer et des enrôlements sur des navires en partance dans le port juste à côté, la liberté. Et l'argent, fruit du travail ou de lui-même, qui manque d'un côté et qui prospère chez un des clients habitués, Panisse, celui qui tente de transformer le pouvoir de sa richesse en possession de celle qu'il désire, celle qui aime Marius en secret depuis toujours.
Dans cette ambiance lourde où le silence semble peser à chaque seconde plus implacablement, les corps et les esprits semblent aux aguets, méfiants, en attente, malgré l'apparence bon enfant des saillies échangées qui brillent comme la surface d'un miroir à jamais opaque. De l'âme du sud, le franc-parler, les répliques adroites et hilarantes, et les colères homériques et définitives, la pièce en regorge. Et de ce qu'on cache, par pudeur, par culture, par méfiance du "qu'en dira-t-on", l'intrigue nous y amène avec tranquillité.
La mise en scène de Joël Pommerat est ainsi comme un métronome qui invente un temps fait en alternance de mots, de silences, de regards. Dans l'univers très réaliste de la boulangerie de César, les personnages sont, eux aussi, campés très réalistement, dans une interprétation très retenue, sobre, pleine, qui donne à leurs caractères autant de force et de présence que de fragilité. Ils agissent comme si le temps présent pouvait à loisir s'étendre ou se contracter au rythme des échanges et des sentiments.
Dans cette ambiance lourde où le silence semble peser à chaque seconde plus implacablement, les corps et les esprits semblent aux aguets, méfiants, en attente, malgré l'apparence bon enfant des saillies échangées qui brillent comme la surface d'un miroir à jamais opaque. De l'âme du sud, le franc-parler, les répliques adroites et hilarantes, et les colères homériques et définitives, la pièce en regorge. Et de ce qu'on cache, par pudeur, par culture, par méfiance du "qu'en dira-t-on", l'intrigue nous y amène avec tranquillité.
La mise en scène de Joël Pommerat est ainsi comme un métronome qui invente un temps fait en alternance de mots, de silences, de regards. Dans l'univers très réaliste de la boulangerie de César, les personnages sont, eux aussi, campés très réalistement, dans une interprétation très retenue, sobre, pleine, qui donne à leurs caractères autant de force et de présence que de fragilité. Ils agissent comme si le temps présent pouvait à loisir s'étendre ou se contracter au rythme des échanges et des sentiments.
Cette distribution est un mélange entre anciens détenus devenus comédiens et comédiens professionnels de la compagnie Louis Brouillard. De 2014 à 2022, Joël Pommerat a travaillé avec des prisonniers de la Maison Centrale d'Arles avec lesquels il a construit, entre autres, ce projet de Marius adapté de Pagnol. De ces ateliers est né ce texte, mêlant les personnages et l'intrigue de la pièce de Pagnol aux expériences et aux préoccupations des incarcérés. Ces anciens détenus, intégrés aux comédiens et à la comédienne de la compagnie, créent tous des personnages plantés là sur le plateau du Rond-Point, comme s'ils y avaient toujours été. Puissants, vrais, efficaces.
Joël Pommerat réussit à créer un équilibre dans le jeu de ses différents interprètes. Ils parviennent à rendre, en écho au décor, un sublime réalisme, fait de douceur et d'éclats, de répliques bravaches et de sincérité à cœur ouvert. Le sensible émeut, les fulgurances verbales et les emportements passionnels provoquent les rires. Rien de machinal, rien de convenu dans le jeu de ces comédiens qui donnent à toute la pièce une fraîcheur captivante.
Et l'on se prend d'avoir envie de rester vivre encore un peu dans cette boulange pour s'imprégner encore un peu de ce temps qui semble densifier l'air entre les regards, les mots, les gestes pour leur rendre l'importance sensible qu'ils mériteraient.
◙ Bruno Fougniès
Joël Pommerat réussit à créer un équilibre dans le jeu de ses différents interprètes. Ils parviennent à rendre, en écho au décor, un sublime réalisme, fait de douceur et d'éclats, de répliques bravaches et de sincérité à cœur ouvert. Le sensible émeut, les fulgurances verbales et les emportements passionnels provoquent les rires. Rien de machinal, rien de convenu dans le jeu de ces comédiens qui donnent à toute la pièce une fraîcheur captivante.
Et l'on se prend d'avoir envie de rester vivre encore un peu dans cette boulange pour s'imprégner encore un peu de ce temps qui semble densifier l'air entre les regards, les mots, les gestes pour leur rendre l'importance sensible qu'ils mériteraient.
◙ Bruno Fougniès
"Marius"
Création théâtrale de Joël Pommerat.
Librement inspirée de la pièce de Marcel Pagnol.
En collaboration avec Caroline Guiela Nguyen et Jean Ruimi.
Assistants à la mise en scène : Lucia Trotta et Guillaume Lambert.
Avec : Damien Baudry, Élise Douyère, Michel Galera, Ange Melenyk, Olivier Molino ou Redwane Rajel (en alternance), Jean Ruimi, Bernard Traversa, Ludovic Velon.
Scénographie et lumière : Éric Soyer.
Direction technique : Emmanuel Abate.
Direction technique adjointe : Thaïs Morel.
Costumes : Isabelle Deffin.
Création sonore : Philippe Perrin et François Leymarie.
Renfort assistant : David Charier.
Régie son : Fany Schweitzer et Philippe Perrin.
Régie lumière : Julien Chatenet et Jean-Pierre Michel.
Régie plateau : Ludovic Velon.
Construction décors : Thomas Ramon – Artom.
Accessoires : Frédérique Bertrand.
Production Compagnie Louis Brouillard.
Durée : 1 h 20.
Du 18 au 28 septembre 2025 .
Mardi au vendredi à 20 h 30, samedi à 19 h 30 et dimanche à 15 h.
Relâche lundi 22 septembre.
Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e.
Téléphone : 01 44 95 98 00.
>> Billetterie en ligne
>> theatredurondpoint.fr
Tournée
22 et 23 octobre 2025 : Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse).
25 au 28 novembre 2025 : Théâtre de Cornouaille, Quimper (29).
2 au 4 décembre 2025 : Le Grand R, La-Roche-sur-Yon (85).
9 au 11 décembre 2025 : La Passerelle, Saint-Brieuc (22).
6 au 23 janvier 2026 : Théâtre National de Bretagne, Rennes (35).
29 et 30 janvier 2026 : Le Canal - Théâtre du Pays de Redon, Redon (35).
5 au 7 février 2026 : L'Empreinte, Brive-la-Gaillarde (19).
21 et 22 mars 2026 : Théâtre de l'Olivier, Istres (13).
31 mars au 2 avril 2026 : anthéa, Antipolis - Théâtre d'Antibes, Antibes (06).
28 et 29 avril 2026 : Théâtre du Beauvaisis, Beauvais (60).
5 et 6 mai 2026 : Les Quinconces et L'Espal, Le Mans (72).
27 mai au 6 juin 2026 : Les Célestins, Lyon (69).
Librement inspirée de la pièce de Marcel Pagnol.
En collaboration avec Caroline Guiela Nguyen et Jean Ruimi.
Assistants à la mise en scène : Lucia Trotta et Guillaume Lambert.
Avec : Damien Baudry, Élise Douyère, Michel Galera, Ange Melenyk, Olivier Molino ou Redwane Rajel (en alternance), Jean Ruimi, Bernard Traversa, Ludovic Velon.
Scénographie et lumière : Éric Soyer.
Direction technique : Emmanuel Abate.
Direction technique adjointe : Thaïs Morel.
Costumes : Isabelle Deffin.
Création sonore : Philippe Perrin et François Leymarie.
Renfort assistant : David Charier.
Régie son : Fany Schweitzer et Philippe Perrin.
Régie lumière : Julien Chatenet et Jean-Pierre Michel.
Régie plateau : Ludovic Velon.
Construction décors : Thomas Ramon – Artom.
Accessoires : Frédérique Bertrand.
Production Compagnie Louis Brouillard.
Durée : 1 h 20.
Du 18 au 28 septembre 2025 .
Mardi au vendredi à 20 h 30, samedi à 19 h 30 et dimanche à 15 h.
Relâche lundi 22 septembre.
Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e.
Téléphone : 01 44 95 98 00.
>> Billetterie en ligne
>> theatredurondpoint.fr
Tournée
22 et 23 octobre 2025 : Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse).
25 au 28 novembre 2025 : Théâtre de Cornouaille, Quimper (29).
2 au 4 décembre 2025 : Le Grand R, La-Roche-sur-Yon (85).
9 au 11 décembre 2025 : La Passerelle, Saint-Brieuc (22).
6 au 23 janvier 2026 : Théâtre National de Bretagne, Rennes (35).
29 et 30 janvier 2026 : Le Canal - Théâtre du Pays de Redon, Redon (35).
5 au 7 février 2026 : L'Empreinte, Brive-la-Gaillarde (19).
21 et 22 mars 2026 : Théâtre de l'Olivier, Istres (13).
31 mars au 2 avril 2026 : anthéa, Antipolis - Théâtre d'Antibes, Antibes (06).
28 et 29 avril 2026 : Théâtre du Beauvaisis, Beauvais (60).
5 et 6 mai 2026 : Les Quinconces et L'Espal, Le Mans (72).
27 mai au 6 juin 2026 : Les Célestins, Lyon (69).