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Avignon 2018

•Avignon Off 2018• "Rouge"… Comment une jeune adolescente apprend à nager dans le fleuve de trois générations de femmes

"Rouge", Théâtre des Barriques, Avignon

Le temps, parfois, se convulse, se retourne sur lui-même et forme une boucle de laquelle il semble impossible de sortir. Une sorte de nœud inextricable dont il faut pourtant chercher à s'échapper pour continuer d'avancer. Les drames incompréhensibles, les stupéfactions devant l'inattendu et le tragique provoquent ces boucles. Ici, ce sont mère, grand-mère et petite fille qui dénouent, telles des figures mythologiques, cet écheveau.



© Luca Lomazzi.
© Luca Lomazzi.
Les fleuves, les tourbillons, les sables mouvants parcourent l'ensemble de ce texte sensible. Les costumes des interprètes sont également dans ces tonalités : beiges, marrons, vert d'eau, couleurs des eaux boueuses charriant vases et algues sous le ciel torride de l'été… Car tout se passe dans la maison familiale, celle de la grand-mère, près de ce fleuve qui, un été précédent, a emporté dans ses sables mouvant le frère ainé, le petit-fils, celui dont le deuil meurtrit encore chaque jour ce triptyque féminin.

Ainsi filent les histoires à jamais racontables qu'il faut porter malgré la vie qui fait jaillir encore et toujours sa force, son existence inaliénable. Cette force vive, c'est la petite fille qui en est le dépositaire, face à la mère, et la mère de la mère. Elle est en âge où la vie fait basculer les petites filles en femmes. L'âge des premiers vrais amours, l'âge des premières règles aussi… rouge, comme le titre du spectacle.

Le texte de Véronique Boutonnet, qui a également mis en scène et interprète la mère, est construit à la manière de ces tourbillons qui ont emporté le fils dans le fleuve. Des scènes courtes qui basculent entre la vie des trois femmes dans la maison le soir et les aventures de l'adolescente à la recherche d'elle-même et de son frère disparu qui se déroulent la nuit, au bord du fleuve.

© Luca Lomazzi.
© Luca Lomazzi.
Tout se mêle sur le plateau mais l'on suit sans aucune gêne les changements de lieux, de temps, d'atmosphère. Le propos glisse sans heurts, progresse, avance, nous fait découvrir peu à peu les caractères et l'histoire. Il nous fait vivre également le premier émoi pour le jeune voisin, un émoi chargé de mysticisme, de rêve, de magie, comme il se doit, quand la réalité devient trop brûlante.

Cette très belle écriture et cette construction extrêmement fine produisent une mise en scène très fluide, sensible, où la tendresse pour la cruauté de la vie explose et inonde. Les quatre interprètes forment une très belle unité pour faire de cette histoire un presque-opéra avec une occupation du plateau précise, un jeu accompagné par moments de son et de guitare. Et des danses qui sont l'expression de ce corps de jeune fille en plein chamboulement, des danses qui sont l'extase de l'amour naissant, des danses qui sont la chaleur humaine nécessaire de mère à fille.

Il y a ici une harmonie rare entre les voix des trois comédiennes et du comédien qui semblent se répondre comme les instruments d'un orchestre pour donner à ce drame des airs de douce mélodie. Car la sensation principale qui nous touche au final est une sorte d'apaisement, doux et pourtant intense, comme si l'histoire qui nous est racontée était simplement l'histoire du cycle de la vie, de mère en fille, d'amour en rêve, de mort en renaissance, inlassable, éternelle.

Un grand bravo pour le texte, mais aussi pour les interprètes tous très justes, très vivants, très précis. Une pièce qu'on rêve de voir sur un grand plateau où sa force prendrait sans aucun doute une démesure encore plus touchante.

"Rouge"

© Luca Lomazzi.
© Luca Lomazzi.
Texte : Véronique Boutonnet.
Metteur en scène : Véronique Boutonnet.
Avec : Véronique Boutonnet, Noëlle Rech, Victor Duez, Madeline Fortumeau.
Lumière : Richard Arselin.
Création sonore : Franck Etenna.
Production Les âmes libres.
Durée : 1 h 20.

•Avignon Off 2018•
Du 6 au 29 juillet 2018.
Tous les jours à 19 h 30, relâche le mardi.
Théâtre des Barriques,
8, rue Ledru Rollin, Avignon.
Tél. : 04 13 66 36 52.
>> theatredesbarriques.com

Bruno Fougniès
Mardi 17 Juillet 2018

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"Différente" Carolina ou "Cada uno es un mundo (Chacun est un monde)"

Star internationale à la frange rouge, Carolina est de retour en France, après sa tournée mondiale. Heureuse de retrouver son public préféré, elle interprète en live des chansons populaires qui touchent le cœur de toutes les générations.

© Audrey Bären.
Mais qui est donc cette incontournable Carolina ? Ou, plus exactement, qui se cache derrière cette artiste plutôt extravagante, à la folie douce ? De qui est-elle l'extension, au juste ?

L'éternelle question autour de l'acte créatif nous interpelle souvent, et nous amène à nous demander quelles influences l'homme ou la femme ont-ils sur leurs "créatures" fabriquées de toutes pièces ! Quelles inspirations les ont portées ! Autant de questions qui peuvent nous traverser particulièrement l'esprit si tant est que l'on connaisse un peu l'histoire de Miguel-Ange Sarmiento !

Parce que ce n'est pas la première fois que Carolina monte sur scène… Décidément, elle en a des choses à nous dire, à chaque fois. Elle est intarissable. Ce n'est pas Rémi Cotta qui dira le contraire, lui qui l'accompagne depuis déjà dix ans et tire sur les ficelles bien huilées de sa vie bien remplie.

Rémi Cotta, artiste plasticien, graphiste, comédien, chanteur lyrique, ou encore metteur en scène, sait jouer de ses multiples talents artistiques pour confier une parole virevoltante à notre Carolina. Il suffit de se souvenir du très original "Carolina Show", en 2010, première émission de télé sans caméra ayant reçu de nombreux artistes connus ou moins connus ou le "Happy Show de Carolina", ainsi que les spectacles musicaux "Carolina, naissance d'une étoile", "Le Cabaret de Carolina", ou encore " Carolina, L'Intelligence Artificielle".

"Différente" est en réalité la maturation de plusieurs années de cabarets et de spectacles où Carolina chante pourquoi et comment elle est devenue une star internationale tout en traversant sa vie avec sa différence". Miguel-Ange Sarmiento.

Brigitte Corrigou
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Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.

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Gil Chauveau
03/11/2024