La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2024

•Off 2024• "Des chèvres en Corrèze" Un seul en scène belge époustouflant entre désespoir et optimisme - 07/07/2024

Charles, confiné volontaire depuis bien avant la pandémie, profite de l'incursion du public dans sa grotte pour s'improviser conteur. Il commence alors à retracer son tumultueux parcours de vie qui l'a poussé à fuir les autres et à se fuir lui-même, dans une vaine tentative pour échapper à la violence de la société. Mais entre désespoirs et lueurs d'optimisme, c'est surtout l'espèce humaine que...  

•Off 2024• "Un homme qui dort" Voyage au bout du silence… - 06/07/2024

Quand la voix du dedans se dédouble pour trouver un écho féminin s'adressant – sous le régime du tutoiement – à l'antihéros de cette non-histoire, les pensées erratiques traversant cet homme au bord de la rupture fusent comme une logorrhée intarissable… Un matin apparemment en tous points semblable aux autres, "l'homme qui dort" (il ne sera jamais nommé, ce qui permettra toutes les projections)...  

•In 2024• "Hécube, pas Hécube" L'artiste et son double, une histoire flamboyante de mères douleurs… - 05/07/2024

Quand Tiago Rodrigues s'empare de monuments de la littérature (cf. son "Antoine et Cléopâtre", "Bovary", "La Cerisaie", "By Heart", etc.), c'est dans l'intention de faire résonner leur matière vivante avec notre contemporanéité. En effet, loin d'"adapter" Shakespeare, Flaubert, ou encore Tchekhov, il considère ces histoires mythiques comme la cristallisation dans notre mémoire vive de questions...  

•Off 2024• "Herculine Barbin" Un d(r)ame d'État… civil - 05/07/2024

Exhumer des arcanes des archives médico-légales, un siècle après les faits, le manuscrit d'une jeune femme du XIXe siècle s'étant donné la mort suite à un rectificatif d'état civil la faisant advenir homme, fut l'œuvre de Michel Foucault, analyste de la vie des "monstres" in "L'histoire de la sexualité" à laquelle il consacra un cycle de ses cours au Collège de France. En ce XXIe siècle, traversé...  

•Off 2024• "Ita L. née Goldfeld" Une interprétation magistrale au service d'un texte sans faille qui résonne sourdement… - 04/07/2024

Paris, décembre 1942. La police française quitte à l'instant l'appartement d'Ita Laster. Les policiers viennent de lui laisser une heure pour se préparer avant de les suivre. Une heure entre la vie et la mort. Mais cela, Ita ne le sait pas… Tout ce qu'elle sait, c'est que l'un d'entre eux lui a conseillé "d'en profiter", bien qu’elle soit seule depuis longtemps… Quel choix lui reste-t-il alors...  

•Off 2024• "Le papier peint jaune" Une femme sous influence… - 04/07/2024

Troublant ce sentiment déclenché in vivo par cette saisissante mise en scène et interprétation à l'unisson du roman éponyme de Charlotte Perkins Gilman… Un choc émotif renvoyant de manière fulgurante à deux monuments du cinéma et de la littérature… "Une chambre à soi" (1929) de Virginia Woolf où la romancière disséquait l'empêchement des femmes, privées de lieu à elles, privées de création. "Une...  

•Off 2024• "Naïs" Une version joliment pagnolesque où transpire une certaine fraîcheur de l'amour - 03/07/2024

Adaptée d'une nouvelle de Zola dont un film en 1945 avait été tiré avec un scénario et des dialogues de Marcel Pagnol, la pièce "Naïs" est dans une trame dramaturgique – dont Pagnol s'est nourri pour son diptyque "L'eau des Collines" – dans laquelle Thierry Harcourt propose, dans un espace quasiment nu, une mise en scène simple et efficace. C'est un accent, celui du sud, que l'on entend avant...  

•Off 2024• "Comment j'ai dressé un escargot sur tes seins" Comme un jeu de clés qu'on laisserait à l'amour qu'on pense avoir trouvé - 03/07/2024

Salvatore Caltabiano a troqué sa guitare pour l'escargot. Troqué ses mots "perso" pour ceux de Matéi Visniec, auteur franco-roumain, prolifique et atypique. Oui, car il possède une qualité incroyable : c'est un vrai soutien, régulièrement présent dans les salles pour humer les ondes du public face aux artistes qui s'emparent de son répertoire. Dans le cas présent : Salvatore. Excellent ! Matéi...  

•In 2024• "Dämon, El funeral de Bergman" Merdre de merdre, ça décrotte sec dans la Cour… - 02/07/2024

Ainsi aurait pu jacter le mythique Père Ubu découvrant, ce soir d'inauguration de la 78e édition du Festival mythique, Angelica Liddell mettant en jeu sans retenue aucune son art décapeur. À peine tues les trompettes consensuelles de Maurice Jarre, la performeuse débridée s'emploie à bousculer, sensuellement et avec une jubilation salutaire, la règle de bienséance… au risque parfois de nous...  

•Off 2024• "Les Enfants du Diable" Quand le théâtre honore la mémoire avec délicatesse et balaie l'horreur avec brio - 02/07/2024

Bucarest 2009, vingt ans après la chute de Ceaușescu et la découverte des "orphelinats mouroirs", Niki et Veronica, un frère et une sœur que tout oppose, déchirés par un passé commun, se retrouvent une nouvelle fois unis par un drame. Une nuit, c'est rapide pour réparer une vie, c'est cruel à l'égal du temps qui passe, une nuit pour envisager une vie. Comment une fratrie caractérisée comme...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024