La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

François Morel chanté par son double… joliment détriplé au féminin - 19/10/2015

Les chansons de François Morel sont reprises par un trio conduit par Caroline Ferry qui chante et tient le bagou, avec Nolwenn Tanet, au piano et à l'accordéon, et Claire Deligny, à la contrebasse et la guitare. Entre bustier et plume d'aigrette, robe noire pastillée de velours et casquette de marlou, la prestation affirme une formule cabaret à la fois pleinement fidèle à l'œuvre et qui assume...  

"Ivanov"... Un Tchékhov émouvant, entre tristesse, joie et ivresse ! - 15/10/2015

Luc Bondy propose, dans une scénographie aérée composée de larges espaces donnant à la fois un sentiment de plénitude et de perdition, une mise en scène où les comédiens incarnent avec talent des personnages frappés par leur environnement familial et politique. Ivanov, d'un point de vue patronymique, c'est un peu Dupond ou Durand, avec tout le respect que nous avons pour ce patronyme*, chez les...  

Un Harpagon aux bords d'un Accident Vasculaire Cérébral silencieux et fatidique - 13/10/2015

Point de ladrerie ostentatoire, point de vêtements râpés, point de rétrécissement arthrosique du geste. Cet avare-là, qui ne nourrit pas ses chevaux et décide d'épouser la fiancée de son fils, cet Harpagon vu par Jean-Louis Martinelli, et endossé par Jacques Weber, est certes débraillé, sans goût particulier pour son image mais il est puissant et se déploie à la fois en majesté et en violence...  

● AVIGNON OFF 2016 ● Un dîner… entre éléments d'intrigues imposés (par le spectateur) et improvisation maîtrisée - 08/10/2015

Cinq comédiens et un DJ sont réunis pour affronter les hasards d'un Dîner… dont, soir après soir, le public peut mesurer les variations scéniques à l'infini. Un dispositif unique pour un même thème… "Le Dîner", proposé par le Collectif Jacquerie, repose sur le vieux système du canevas et de l'improvisation. Et miracle, le collectif, tout en multipliant à plaisir les contraintes, se joue de tous...  

"La Demande d'emploi"… Employons à employer ! - 05/10/2015

Vinaver nous plonge dans le monde de l'entreprise où la frontière entre vie professionnelle et vie privée est ténue. Les comédiens s'inscrivent tout en vitalité et hardiesse imaginative dans la mise en scène de René Loyon où la scénographie marie le monde domestique et celui de l'entreprise. L'entretien d'embauche, voilà la situation que bon nombre d'entre nous, comme l'auteur de cette critique,...  

"Les voisins"… Ne pas ne pas déranger ! - 28/09/2015

Dans une subtile mise en scène de Marc Paquien où la gestuelle des acteurs rythme le jeu, Vinaver nous invite à explorer les relations de voisinage qui oscillent entre amour, amitié, colère et repli sur soi. Des voisins, sauf à habiter sur une dune ou à jouer le troglodyte dans une caverne fermée à double tour, il est difficile de ne pas faire avec. Côtoyés assurément, aimés parfois, engueulés...  

Le charme discret (et réjouissant) de l'effet marionnettique… à Charleville-Mézières - 25/09/2015

La ville de Charleville-Mézières, tous les deux ans, est un formidable théâtre où se rencontrent les multiples et agiles avatars de Polichinelles et autres marionnettes. Cela est réjouissant, nourrit l'imaginaire. La Revue du Spectacle a vu un petit échantillonnage et peut témoigner qu'un haut degré de création artistique est en œuvre et que l'effet marionnettique n'a rien perdu de son charme ni...  

"Le Réformateur" : Une réflexion terrifiante sur la nature humaine, à la fois drôle et dramatique - 16/09/2015

Reclus du monde qu'il exècre, rivé à son fauteuil Voltaire, dernier refuge devant l'incompréhension qui l'assaille, en danger d'hypocondrie, l'homme qui a rédigé le "traité de réforme du monde", "le réformateur" vit au rythme monotone d'un quotidien toujours identique. Et dans l'usage des heures, il tisse à voix haute comme un filet à remonter à la surface les humiliations qu'il a subies. Il...  

Xavier Gallais, comédien non apprivoisé (2e partie - Fin) - 12/09/2015

Deuxième partie de notre entretien avec Xavier Gallais qui incarne, jusqu’au 25 septembre au Lucernaire, le narrateur-personnage de "Faim", dans un spectacle adapté du roman de Knut Hamsun. Le comédien nous confie son désir d’ouvrir de nouveaux horizons dans sa relation avec le spectateur. Quand je vous ai vu lors de la première, le 26 août, deux mots se sont imposés à moi : intelligence avec le...  

"Les Géants de la montagne" : à la lisière de la réalité et de l'imaginaire, du représentable et de l'indicible - 11/09/2015

C'est une villa perdue dans la montagne dans laquelle de pauvres gens et fragiles… guignards… poissards… quasi-spectres… peuvent voir se réaliser toutes leurs imaginations maladives grâce à la magie, qui règne en ces lieux, dirigée par Cotrone qui sait faire des étincelles et autres coups de théâtre. Attentif, il accompagne ce petit monde en les protégeant des regards. Arrive une troupe de...  
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À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024