La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Ne pas être pas considérées comme issues des quartiers populaires mais comme appartenant au Peuple

"F(l)ammes", Maison des Métallos, Paris, puis tournée

Reprise Dans "F(l)ammes", Ahmed Madani met en scène les véridiques récits de la vie contemporaine portés par dix jeunes femmes, fruits de l'Histoire des peuplements successifs du territoire français. Autant de témoignages que les bonnes fées du théâtre ont sublimé.



© François-Louis Athénas.
© François-Louis Athénas.
Les comédiennes ont sculpté de vrais personnages contemporains hauts en couleur qu'elles évoquent sans fard et qu'elles expriment avec une grande de joie de vivre et ce, en dépit du contenu des propos d'un quotidien souvent difficile.

Ces jeunes femmes sont typées, à certains égards extravagantes. Elles appartiennent d'évidence à la vitalité de la ville. La parole est dégagée. Elles expliquent comment elles sont dans la nécessité de quitter les rôles attribués par les traditions familiales, qui les enferment dans un filet de violence et de brutalité ; et combien elles sont mises à l'épreuve pour s'inventer, se forger, se libérer des fidélités. Elles émeuvent. Elles racontent avec aisance leur itinéraire qui cherche à se démarquer de leurs mères qui ont attendu, attendu, tricotant, détricotant les jours comme Pénélope en attente d'un Ulysse providentiel.

Et dans la description des difficultés nées de l'opposition multi séculaire qui oppose les barbares et les urbains, elles font rire, non par le sarcasme ou l'autodérision mais par le partage. L'imaginaire est riche. Le verbe et le geste sont au service d'une métamorphose. Sur la scène c'est une forme de courage qui s'exprime : celui de la fuite qui vous sauve. Au risque du déchirement. Sans jamais perdre le sens de la vie et de l'amour. En conservant la dynamique de retrouvailles. Dans la lucidité.

© François-Louis Athénas.
© François-Louis Athénas.
Le spectateur en les voyant sur scène éprouve un grand bonheur, il assiste en direct à sa dissolution des préjugés : le propre du génie de l'art théâtral quand il ne se veut pas voyeur.

La mise en scène d'Ahmed Madani sait interpeller les consciences par la vidéo, magnifier les corps et les expressions par la lumière et exalter les caractères par le jeu des chorégraphies et du chant choral.

Le réalisme est là. La poésie est là. Les personnages sont là, positifs. Et la leçon du spectacle est là. Ces femmes n'ont pas besoin de fraternité, elles ont des sœurs, pas besoin de liberté, elles en trouvent le chemin, elles ont besoin d'égalité. Celle que devrait leur offrir les canons esthétiques et les codes de la société pour qu'elles ne soient pas considérées comme issues des quartiers populaires mais comme appartenant au Peuple.

Elles ont besoin d'auteur. Où sont les Prévert qui compléteront le magnifique travail de restitution des paroles vraies que fait Ahmed Madani et s'intéresseront, avec lui, avec amour, à ces vies trop souvent malmenées par une mauvaise ironie et moquées par les "télé-réalités".

Le spectateur applaudit ce moment de création qui a l'éclat d'une pépite de beauté.

"F(l)ammes"

© François-Louis Athénas.
© François-Louis Athénas.
Textes et mise en scène : Ahmed Madani.
Assistante à la mise en scène : Karima El Kharraze.
Complicité artistique : Mohamed El Khatib.
Avec : Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa Kaki, Haby N’Diaye, Inès Zahoré.
Création vidéo : Nicolas Clauss.
Création lumières et régie générale : Damien Klein.
Conseiller à la scénographie : Raymond Sarti.
Création sonore : Christophe Séchet.
Costumes : Pascale Barré.
Théâtre de la Poudrerie (Sevran).
À partir de 13 ans.
Durée : 1 h 45.

Du 16 novembre au 4 décembre 2016.
Du mercredi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Dimanche 20 et jeudi 24 novembre : séances accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes, programme détaillé disponible en braille et caractères agrandis en partenariat avec Accès Culture.
Maison des Métallos, Paris 11e, 01 47 00 25 20.
>> maisondesmetallos.org

© François-Louis Athénas.
© François-Louis Athénas.
Tournée saison 2016-2017
8 au 10 décembre 2016 : Collectif 12, Mantes-la-Jolie.
12 janvier 2017 : La Renaissance, Mondeville.
17 au 24 janvier 2017 : Le Grand T, Nantes.
26 au 28 janvier 2017 : La Maison des Arts et de la Culture, Créteil.
30 janvier 2017 : Le Safran, Amiens.
1er février 2017 : La Piscine, Châtenay-Malabry.
16 au 18 février 2017 : Tropiques Atrium Martinique.
2 au 3 mars 2017 : L’Atelier à spectacle, Vernouillet.
8 mars 2017 : La Ferme de Bel Ébat, Guyancourt.
10 mars 2017 : Fontenay en scènes, Fontenay-sous-bois.
14 mars 2017 : Forum Jacques Prévert, Carros.
16 au 17 mars 2017 : Théâtre municipal, Grasse.
21 mars 2017 : Théâtre de l’Olivier, Istres.
24 au 26 mars 2017 : La Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, Paris.
30 mars 2017 : L’ECAM, Kremlin-Bicêtre.
21 avril 2017 : La Nacelle, Aubergenville.
25 avril 2017 : Théâtre municipal, Coutances.
27 au 28 avril 2017 : CDN de Normandie-Rouen, Petit-Quevilly.
Juillet 2017 : Théâtre des Halles, Avignon.

Reprise
Du 17 au 29 octobre 2017.
Mardi et mercredi à 20 h, vendredi 20 à 14 h et vendredi 27 à 20 h, jeudi et samedi à 19 h, dimanche à 16 h.
Maison des Métallos, Paris 11e, 01 47 00 25 20.
>> maisondesmetallos.org

Du 16 novembre au 17 décembre 2017.
Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 16 h.
Théâtre de la Tempête, salle Serreau, Paris 12e, 01 43 28 36 36.
>> la-tempete.fr

Tournée saison 2017-2018

© François-Louis Athénas.
© François-Louis Athénas.
7 au 11 novembre 2017 : La Comédie de Genève, Genève (Suisse).
16 novembre au 17 décembre 2017 : Théâtre de la Tempête, Paris (12e).
7 décembre 2017 : Théâtre Jacques Carat, Cachan (94).
12 et 13 janvier 2018 : Le Channel - Scène nationale, Calais (62).
16 et 17 janvier 2018 : Théâtre l’Apostrophe - scène nationale Cergy-Pontoise et Val d’Oise, Cergy (95).
30 janvier 2018 : Salle Jacques Brel, Pantin (93).
2 février 2018 : Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec (93).
6 et 7 février 2018 : Espace Albert Camus, Bron (69).
9 février 2018 : Théâtre le Sillon - scène conventionnée, Clermont-l’Hérault (34).
13 > 16 février 2018 : Théâtre l’Espal, Le Mans (72).
9 mars 2018 : Houdremont - scène conventionnée, La Courneuve (93).
16 mars : Espace Sarah Bernhardt, Goussainville (93).
18 mars 2018 : La Maison du Théâtre et de la Danse, Epinay-sur-Scène (93).
23 mars 2018 : L’Escale, Melun (77).
6 et 7 avril 2018 : Théâtre de Brétigny, Brétigny-sur-Orge (91).
9 au 11 avril : Théâtre de la Commune - Centre dramatique national, Aubervilliers (93).
13 avril 2018 : Salle des fêtes, Montargis (45).

Première publication : mercredi 23 novembre 2016.

Jean Grapin
Dimanche 15 Octobre 2017

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022










À découvrir

"Salle des Fêtes" Des territoires aux terroirs, Baptiste Amann arpente la nature humaine

Après le choc de sa trilogie "Des Territoires", dont les trois volets furent présentés en un seul bloc de sept heures à Avignon lors du Festival In de 2021, le metteur en scène se tourne vers un autre habitat. Abandonnant le pavillon de banlieue où vivait la fratrie de ses créations précédentes, il dirige sa recherche d'humanités dans une salle des fêtes, lieu protéiforme où se retrouvent les habitants d'un village. Toujours convaincu que seul ce qui fait communauté peut servir de viatique à la traversée de l'existence.

© Pierre Planchenault.
Si, dans "La vie mode d'emploi", Georges Perec avait imaginé l'existence des habitants d'un bâtiment haussmannien dont il aurait retiré la façade à un instant T, Baptiste Amann nous immerge dans la réalité auto-fictionnelle d'une communauté villageoise réunie à l'occasion de quatre événements rythmant les quatre saisons d'une année. Au fil de ces rendez-vous, ce sont les aspirations de chacun qui se confrontent à la réalité - la leur et celle des autres - révélant, au sens argentique d'une pellicule que l'on développe, des aspérités insoupçonnées.

Tout commence à l'automne avec l'exaltation d'un couple de jeunes femmes s'établissant à la campagne. Avec le montant de la vente de l'appartement parisien de l'une d'elles, écrivaine - appartement acquis grâce au roman relatant la maladie psychiatrique du frère qui les accompagne dans leur transhumance rurale -, elles viennent de s'installer dans une usine désaffectée flanquée de ses anciennes écluses toujours en service. Organisée par le jeune maire survient la réunion du conseil consultatif concernant la loi engagement et proximité, l'occasion de faire connaissance avec leur nouvelle communauté.

Yves Kafka
17/10/2022
Spectacle à la Une

"Qui a cru Kenneth Arnold ?" Une histoire à dormir… éveillé

Levant la tête vers le ciel, qui pourrait soutenir encore que le monde s'organise autour de la Terre centrale et immobile… depuis que Copernic et Galilée ont renversé magistralement la hiérarchie du système solaire, rejetant notre planète Terre - actrice décatie et déchue - au rang d'accessoire de l'étoile Soleil ? De même qui, de nos jours, pourrait être assez obtus pour affirmer que d'autres formes d'intelligences ne puissent exister dans l'univers… depuis que le GEIPAN (Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés) a été scientifiquement créé pour démêler le vrai des infox entourant ces phénomènes ? Le collectif OS'O, la tête dans les étoiles (cf. "X", sa précédente création), s'empare de ce sujet ultrasensible pour apporter sa contribution… "hautement" artistique.

© Frédéric Desmesure.
Dans l'écrin du Studio de création du TnBA, une table avec, pour arrière-plan, un écran tendu plantent le décor de cette vraie fausse conférence sur les P.A.N. Mobilisant les ressources de la haute technologie - bricolée frénétiquement - un (vrai) acteur (faux) conférencier de haut vol, assisté d'une (vraie) actrice (fausse) scientifique coincée dans ses notes, et accompagné d'un (vrai) acteur complice, (faux) journaliste critique, incrusté dans les rangs du public, le maître ufologue va compiler les témoignages venus d'ici et d'ailleurs.

Sur le ton amusé des confidences, le conférencier introduit la session en livrant son étrange vision d'une nuit d'été où, à l'aube de ses quinze ans, à 23 h 23 précises, il fut témoin d'une apparition fulgurante alors qu'il promenait son chien sur une plage… Et, encore plus étranges, les deux heures qui suivirent et leur absence de souvenirs, comme s'il avait été "ravi à lui-même", enlevé par les passagers des soucoupes orange…

Suivent d'autres témoignages reposant eux sur des archives projetées. Ainsi, dans l'état du New Hampshire, du couple Betty et Barney Hill, témoignant "en gros plan" avoir été enlevé par des extraterrestres dans la nuit du 19 au 20 septembre 1961. Ainsi, au sud du Pérou, des géoglyphes de Nazca, photographies à l'appui montrant un système complexe de lignes géométriques seulement visibles du ciel… et ne pouvant avoir été tracées que par des extraterrestres…

Yves Kafka
09/02/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022