La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

La fabrique de la domination, sujet de "Grand ReporTERRE #7" au Théâtre du Point de Jour de Lyon - 08/05/2023

Voilà le septième volet de cette série de "mise en pièces de l'actualité" imaginée par Angélique Clairand et Éric Massé, les deux codirecteurs du Théâtre du Point du Jour. Depuis 2020, à raison de deux créations par saison, ce rendez-vous est proposé au public lyonnais, avant de tourner en France et à l'étranger. Le principe est toujours le même. Les deux directeurs proposent à une artiste de...  

"Fragments" d'Hannah Arendt, l'œuvre en mouvement : penser la vie, vivre la pensée - 02/05/2023

Faire théâtre d'une pensée singulière échappant à tout courant identifié et à tout dogme établi s'annonce comme une épreuve bornée d'écueils. En effet, comment naviguer, qui plus est sur un plateau de théâtre, au gré des bouillonnements d'une réflexion éminemment "étrangère" aux systèmes de pensées reconnus, sans s'y perdre ? Comment extraire de cette œuvre complexe un corpus fluide éclairant ce...  

"T. I. N. A." Un cocktail d'humour explosif qu'on boit jusqu'à l'ivresse - 03/02/2024

Un titre énigmatique pour un spectacle hors normes construit comme un fantastique mécano où s'assemblent les éléments épars de l'humour, de la volonté de réveiller les consciences et d'un discours politique et social d'autant plus intense qu'il n'impose rien. Tout cela grâce à un subterfuge de mise en scène des plus efficaces : l'art du clown venu intercéder pour nous raconter notre histoire et...  

"Journal d'un corps" Mémoires d'outre-corps, là où l'homme prend racine… - 25/04/2023

Alors qu'une litanie de dates, scandant les âges de l'existence d'un homme passé le plus naturellement du monde de vie à trépas, s'affichent sur un panneau médian, l'acteur - Jean-Marie Broucaret, lui au mieux de sa forme - parcourt avec envie ce marathon à haute intensité romanesque. Adapter à la scène l'œuvre éponyme de Daniel Pennac (quelque quatre cents pages) n'est en effet pas mince...  

"Les indigènes de Maria Blut" à Vienne : un spectacle "grotesque" d'un village religieux devenu terrain propice du nazisme - 23/04/2023

Lucia Bihler revient à Vienne avec une adaptation théâtrale du roman oublié de Maria Lazar, "Les indigènes de Maria Blut". La simplicité significative s'unit au jeu de masques pour montrer la transformation d'un petit village religieux qui mélange progressivement la foi et le nazisme. Les membres de la troupe du Burgtheater, Stefanie Dvorak, Lili Winderlich, Philipp Hauss, Jonas Hackmann et...  

"MADAM, l'Intégrale" Carnet de voyage en six épisodes d'une artiste - 21/04/2023

"MADAM (Manuel d'Auto-Défense À Méditer)" est un vaste projet qu'Hélène Soulié réalise depuis plus de cinq ans. Un projet qui lui a demandé de parcourir la France et au-delà pour rechercher des témoignages, interroger les mal-êtres et les revendications, découvrir des portraits étonnants. Aujourd'hui, ce sont six spectacles pour lesquels elle a convoqué des castings prestigieux. À commencer par...  

"Théorème/Je me sens un cœur à aimer toute la terre", d'après Pasolini et Molière - 20/04/2023

"Théorème/Je me sens un cœur à aimer toute la terre" s'inspire profondément du film et du roman que Pasolini produisit dans les années soixante et, anecdotiquement, du Dom Juan de Molière. Ce sont deux œuvres de référence qui, chacune à leur époque, ont suscité scandale, indignation, condamnation de la morale, de la société bien-pensante, et surtout du clergé. Elles ont en commun une mise en...  

"Katharsis” de Dead Centre à Vienne dissèque le racisme en passant par l'anatomie et Antigone - 14/04/2023

Le duo Dead Centre revient avec leur troisième mise en scène à Vienne, cette fois-ci d'après un fragment du recueil "Les pérégrins" d'Olga Tokarczuk sur Joséphine Soliman (Safira Robens) qui se bat pour enterrer son père Angelo Soliman. L'enquête sur le cadavre du premier homme noir devenu un réputé dans la cour des Liechtenstein et de la franc-maçonnerie à Vienne s'ouvre à de nouvelles...  

"La Part des Anges" Ressasser : palindrome obsédant à la recherche du temps perdu… - 12/04/2023

Que reste-t-il en nous de notre passé lorsque nos vies minuscules s'emploient à la recherche du temps perdu dont nous sommes héritiers ? Traces mnésiques aussi vivaces que recomposées par un présent en quête de vérités, bribes de ce qui n'est plus, n'a peut-être jamais été, s'invitent pour trouer le présent de la représentation. Ainsi prend naissance un fantastique dialogue in vivo porté par des...  

"L'Avare" L'approche "fraîche" et moderne d'un classique très codifié par Olivier Lopez - 11/04/2023

"L'Avare" est ce grand classique français que Molière a écrit pour dénoncer l'un des vices de l'humain : l'avarice. Un vice qui devient, sous l'œil aigu de la comédie, un état obsessionnel, une monomanie totale, un excès démesuré que développe le comique du personnage phare de la pièce : Harpagon. Mais cette folie est également subie par tout l'entourage du personnage et tous ceux qui sont en son...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024