La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

San Francisco Ballet… Retour aux Étés de la Danse - 22/07/2014

Pour son dixième anniversaire, les "Étés de la Danse" renouent avec le San Francisco Ballet qui était au rendez-vous de la première édition du festival en 2005. Gardienne de la danse classique, le San Francisco Ballet propose de revisiter les différents jalons qui ont marqué son histoire. Le spectacle présente trois chorégraphies qui s’étendent sur une période allant de "Agon" (1957) à "Caprice"...  

"La peau d’Élisa" ou La sensible et inquiète solitude d'une femme à fleur de peau - 16/07/2014

L'art du seul en scène est un art difficile et si le texte se doit d'être à la hauteur, l'interprétation, elle, ne peut souffrir la médiocrité. Laurence Pollet-Villard relève avec brio le défi en interprétant admirablement, et avec une intensité peu commune, "La Peau d’Élisa" le surprenant texte doux-amer de Carole Fréchette. Elle est seule... Élisa, seule à une table de café, peut-être, ou une...  

Questionnement et délire à deux... entre humour et non-sens - 15/07/2014

À quoi tu penses ? Le questionnement est récurrent avec des réponses données sous le prisme de l’humour, de la dérision et de la légèreté. Comme une partie de ping-pong qui se joue face à un mur, Étienne Coquereau plonge dans ses pensées pour en extraire toute une force et un délire. Vue sur une baignoire, disposée en milieu de scène, remplie de mousse. Un homme (Étienne Coquereau) est à...  

Dans une forme de sotie moderne, "Little Boy" désamorce l'atome... - 09/07/2014

Avec tout le talent comique que le public lui connaît, Christophe Alévêque tient dans "Little boy", de Régis Vlakos et mis en scène par Christophe Luthringer, un rôle dramatique et militant. Joué avec intensité et un sens aigu de la complicité avec le spectateur, le comédien est dans l’intimité d’un personnage qui a vraiment existé : Claude Eatherly... Claude Eatherly est l’homme qui a obéi et...  

Avignon Off 2014 : Le mot, mon héros... Les vers… mes héros - 07/07/2014

Des mots qui se baladent sur un plateau. De bouche en bouche. Chantés ou murmurés. Des mots connus et d’autres oubliés. Des mots qui nous séduisent, qui nous touchent, qui nous amusent. Des mots joués comme de vrais personnages, travail méticuleux que l’on doit à un sympathique trio d’artistes appliqués. Un texte poétique de Matei Visniec et un spectacle dans lequel on retrouve, entre autres,...  

"Lilith", à la manière d’un concept album rock, est une coulée d’énergie - 31/03/2015

Reprise Damned ! Et Dieu créa Adam… Créature étrange à la fois mâle et femelle, du moins si on suit à la lettre le poème de la Genèse. Ce détail inaugural et essentiel est contredit quelques vers plus loin par l'apparition d’Ève… Le lecteur attentif reste étourdi, interloqué, interdit, rêveur de cette contradiction que gomment les traditions (presque toutes) qui ont conclu qu'Adam était homme et...  

Chasser le spleen des cœurs délaissées pour de nouveaux chants amoureux enchantés - 07/07/2014

Histoires d'hommes vécues par des femmes... écrites par un homme... pour une femme ! En soi, l'idée peut paraître banale mais la précision est importante tant elle dit ici la sensibilité d'un homme au cœur des histoires d'amours des femmes... Une mise en lumière crue mais bien réelle sur l'amour aujourd'hui, sur ses joies, ses peines et sa capacité à toujours renaître tel un Phénix posé sur le...  

Le porteur d’histoire… De belles histoires qui font du beau théâtre - 19/06/2014

Les différentes histoires racontées à différentes époques dans différents lieux par différentes personnes oscillent entre réalité et imaginaire. Le vrai du faux ne se séparent plus dans un moment théâtral de très belle qualité. C’est du théâtre, du vrai théâtre avec des histoires qui s'enchaînent, s'enfilent, s'imbriquent, qui font intervenir des personnages historiques ou inventés, des...  

Mes prix littéraires... Une mise à nu de la vanité des vanités sous les comportements des cérémonieux - 11/06/2014

Dans "Mes prix littéraires", l'écrivain Thomas Bernhard lauréat et récipiendaire de prix littéraires se sent humilié d’être honoré par ceux qu’il méprise (et qui le méprisent). Tout à la fois sûr de lui et de son art. Dominateur et dévoré par des mesquineries. Il a l'égo blessé... Et pour continuer de vivre de son art, Thomas Bernhard accepte la remise des prix littéraires de l’Autriche ou de la...  

Une approche rigoureuse et palpitante des "Caprices" de Francisco de Goya - 06/06/2014

L'homme qui est enfermé dans les ténèbres dort et rêve. C’est Francisco Goya y Lucientes, peintre de cour, amoureux de l’inconstante duchesse d'Albe. Il est assailli d’ombres et de fantômes, de sorcières et de grimaces, épuisé par le travail et le tourment de la surdité, il n’est pas fou et, dans ses éclairs de raison, voit clair en l'homme. Ses noirceurs et ses lumières. Guillaume Dujardin avec...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024