La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Hermann" ou le roman d'un amour oublié - 13/03/2021

Le récit de Gilles Granouillet est fait de trajectoires que l'on suit, qui se brisent, traversent le temps et se reconstruisent ailleurs, comme si toutes les vies dont il est question ici étaient en trompe-l'œil. Une construction romanesque qui traverse non seulement le temps, mais l'espace, du Nord au Sud et jusqu'à l'Est lointain de l'Europe, que François Rancillac parvient à rendre crédible...  

Festival Off d'Avignon 2021 : Chronique d'un naufrage annoncé - 11/03/2021

Nous, Compagnies et Producteurs•rices indépendants•es de France, d'Outre-Mer et de l'Étranger ; Nous, Théâtres Indépendants d'Avignon ; Nous, Amateurs•rices de spectacle vivant et Spectateurs•rices assidus•es ; Nous, Artistes nationaux et internationaux ; Nous, Auteurs•rices, Compositeurs•rices ; Nous, Techniciens•nes permanents•es et intermittents•es ; Nous, Programmateurs•rices et Diffuseurs ;...  

"Le Papillon et la Lumière" De célestes battements d'ailes, des lumières aveuglantes et le savoir intranquille - 10/03/2021

Dans l'écrin noir de la petite salle du Cerisier, théâtre niché au cœur du quartier populaire de Bacalan, un plateau à hauteur de spectateurs accueille deux réverbères émergeant de la nuit noire. Un gigantesque soubassophone, dont l'impressionnant pavillon domine de deux bonnes têtes le musicien le portant à l'épaule, complète "le décor". Des notes s'échappant du cuivre à la tessiture grave...  

"Les Premiers mots" Creuser le vide pour dire l'absence, l'incomplétude essentielle de ce que parler veut dire - 08/03/2021

Si dans "Pour un oui, pour un non", Nathalie Sarraute mettait aux prises deux hommes, amis de longue date, autour de l'interprétation d'une phrase apparemment anodine prononcée par l'un d'eux, Bernard Noël dans "Les Premiers mots" confronte un homme et une femme liés par la disparition d'un homme qui leur était proche, ami de l'un, amant de l'autre. L'un et l'autre ne se connaissent pas et vont...  

"Les Premiers mots" Creuser le vide pour dire l'absence et l'incomplétude essentielle de ce que parler veut dire - 20/09/2021

Si dans "Pour un oui, pour un non", Nathalie Sarraute mettait aux prises deux hommes, amis de longue date, autour de l'interprétation d'une phrase apparemment anodine prononcée par l'un d'eux, Bernard Noël dans "Les Premiers mots" confronte un homme et une femme liés par la disparition d'un homme qui leur était proche, ami de l'un, amant de l'autre. L'un et l'autre ne se connaissent pas et vont...  

"Un furieux désir de bonheur"… Vœu pieux ! - 04/03/2021

Beaucoup de mots puissants dans le titre de cette pièce, des mots qui rendent compte de la volonté de l'auteur et du metteur en scène de lancer sur le plateau de l'énergie positive, de l'optimisme et de la clarté dans un discours ambiant souvent proche de la déprime. Les vies incarnées par les sept interprètes forment effectivement un patchwork coloré, tressé de bonne humeur où la réalisation des...  

"Scalpel" La chirurgie esthétique exprimée par l'hyper expressivité de la marionnette… entre autres - 01/03/2021

Dans une vision prophétique des dérives de la chirurgie esthétique, "Scalpel" remue le couteau dans la plaie et gratte là où ça fait mal. Pour mettre en scène cet univers, il n'y a rien de plus efficace que les marionnettes qui sont capables de montrer sans effrayer les ravages que cette chirurgie peut provoquer. Celles de "Scalpel" (les deux principales) sont d'une étrangeté fascinante, faites...  

"Simone en aparté" Au cœur de Simone Veil : l'évocation tendre d'une vie fabuleuse - 25/02/2021

Si elle était personnage de fiction, n'importe qui en tomberait amoureux. Pour le moins, le lecteur aurait au moins le souffle court et l'attention totalement prise à suivre la vie inimaginable de Simone Veil qui a réussi à surmonter la révélation de la violence du monde des hommes, pour se battre contre et réussir à y apporter quelques bribes de son humanité. Simone Veil est héroïne de sa propre...  

"Pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon ?" Enquête "l'air de rien" sur notre monde hyperconnecté - 24/02/2021

On le sait, c'est irrémédiable, autant le dire tout de suite, Jessica va quitter Brandon. Mais au-delà de ce constat, les vraies questions ne sont-elles pas : qui est Brandon ? ; qui est Jessica ? ; quelle est la réelle raison de cette rupture ? Est-elle liée à l'univers particulier de Brandon, ancien pilote de drone devenu lanceur d'alerte. C'est, au travers d'une enquête théâtrale décalée, non...  

18e Rencontres de la Forme courte (suite) : plongées dans des profondeurs troublantes - 16/02/2021

Il n'y a de réalité vécue que dans le récit que l'on s'en fait… Si certains - à leur corps défendant - se sont cognés tout récemment contre une cloche de verre les vitrifiant sur place, d'autres, dans un lâcher-prise collectif, se sont laissé porter par la vague du confinement en profitant de cette aubaine pour laisser divaguer leur imaginaire. Arnaud Poujol est de cette trempe. Lors de la...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024