La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Une chasse à l’homme saisissante au Théâtre du Nord-Ouest - 04/06/2011

Chaque saison, le Théâtre du Nord-Ouest offre une programmation autour d’un thème précis. Cette fois, il s’intitule : "Camus, Sartre, De Gaulle et la politique". La metteuse en scène, Nicole Gros, y présente une pièce poignante et remarquablement bien jouée : "Scènes de chasse en Bavière" de Martin Sperr. Le sujet a de quoi nous faire réfléchir… Si parfois on a pu s’interroger sur la qualité de...  

Irina Brook et Shakespeare... Comme on aime ! - 03/06/2011

Un joli pari que fait là Irina Brook en créant "En attendant le songe". Adaptation cocasse et drôlissime de "Songe d’une nuit d’été" (de Shakespeare) qui mise avant tout sur le talent de ses comédiens. Cette pièce, qui se veut au plus proche du public, connaît un franc succès depuis 2007. On comprend pourquoi… et c’est largement mérité ! Voilà du théâtre comme on adore ! Trois bouts de ficelle,...  

Les "Amnésiques" au Paradis - 31/05/2011

Un petit bijou drôle et touchant se niche au dernier étage du Lucernaire : "Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable". Ce spectacle nous transporte pour un bref séjour au "Paradis". Attention, le plaisir est court (mais savoureux !)… Il ne dure que cinquante minutes. "À quoi tu penses ?" Dis…"à quoi tu penses ?" Mmm…"à quoi tu penses?" Et là, "à quoi tu penses ?"...  

La SACD au Festival d'Avignon 2011... dans le vif du sujet ! - 30/05/2011

La SACD, grâce à la Copie privée, perçoit une rémunération pour les auteurs. Un quart de cet argent est alloué aux Actions culturelles pour être investi dans la création, la diffusion et la formation. C’est pourquoi, chaque été, la SACD explore, en collaboration avec les plus grands festivals, les formes d’écritures les plus diverses et les plus inventives du spectacle vivant, en créant des...  

"Fin de partie", "l’indévoilable" dévoilé - 28/05/2011

Difficile de parler d’une pièce quand on arrive à un tel niveau de jeu et de scénographie. "Fin de partie" de Samuel Beckett, en ce moment au Théâtre de la Madeleine, est mis en scène par un des plus grands de notre génération : Alain Françon. La distribution est de haute volée, le critique va tenter de faire honneur à ce beau travail. Une chose de sûre, c’est à voir. Absolument ! Comme Godot,...  

Embarquons-nous au Festival Premiers Pas - 20/05/2011

Sous le petit chapiteau du Festival Premiers Pas, ambiance festive et goût d’antan, teintés de notes contemporaines. On se croirait presque revenu chez Mnouchkine il y a quelques décennies, quand la troupe du Soleil avait encore un abri de fortune. L’ordre du jour ? le Collectif du K au rapport avec une jolie création : "La Nef des fous" de Simon Falguières. À vous brigadier, faites résonner...  

"Écrire pour le théâtre" - Mieux comprendre l’activité d’auteur dramatique, favoriser l’écriture dramatique contemporaine - 19/05/2011

Deuxième partie faisant suite à la présentation début mai à la SACD de deux études initiées par cette dernière et par le Ministère de la Culture et de la Communication. Nous vous présentons ici la synthèse de "Écrire pour le théâtre", une étude menée et présentée par Antoine Doré, chercheur à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Qu’est‐ce qu’un auteur dramatique ? Comment...  

Podalydès découpe Jekyll au scalpel - 14/05/2011

Nous ne l’avions pas vu la saison dernière. L’erreur est réparée. Jusqu’au 21 mai au Théâtre National de Chaillot (puis en tournée), "Le Cas Jekyll", joué et co-mis en scène par Denis Podalydès, est du grand, du très grand théâtre. Un seul en scène superbe par un acteur aux multiples visages. Trouble de la personnalité, dédoublement, part sombre de l’humain. Podalydès ne va pas seulement explorer...  

Crystal Lesser "sur le bout de la langue"… - 09/05/2011

Crystal Lesser est une toute jeune comédienne de vingt-deux ans. Elle interprète des textes de Xavier Durringer qu’elle porte (en elle ?) sur la scène du Théâtre Les Feux de la rampe. À la voir arriver, Sylvie, avec sa robe à pois, son rouge à lèvre beaucoup trop rouge et son bandeau de lolita, on comprend ce que Xavier Durringer a voulu dire par "j’ai le type même d’une fille sans type". Sylvie,...  

Les lettres de noblesse de Jorge Lavelli - 07/05/2011

Du dramaturge madrilène Juan Mayorga, c’est la troisième pièce que Jorge Lavelli met en scène au Théâtre de la Tempête. Trois pièces, trois réussites. "Lettres d’amour à Staline" raconte la correspondance entre l’écrivain Mikhaïl Boulgakov et le dictateur. Entre censure et tentatives avortées de se faire aimer du pouvoir, le récit est poignant, le jeu d’une justesse formidable. Boulgakov, le...  






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024